Violences faites aux femmes, ça suffit !

jeudi 10 novembre 2011.
 

Au pays des droits de l’Homme, où sont les droits des Femmes ? Qu’elles soient sexuelles, physiques, verbales ou psychologiques, les violences font partie du quotidien de nombreuses femmes. Chaque année, ce sont environ 48 000 femmes qui sont victimes de viol alors que seulement 10 000 plaintes sont déposées. Rien qu’en 2010, 146 femmes seront mortes sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint.

Pour dénoncer cette situation dramatique, plusieurs milliers de militants et militantes féministes ont manifesté samedi 5 novembre à Paris. Les récentes affaires concernant différents responsables politiques (DSK, Tron, Mahéas) étaient évidemment dans toutes les têtes des manifestants et aussi sur de nombreuses pancartes. Un des moments marquants de la manifestation auront été les trois minutes de silence observées à 16h30 pour rendre hommage aux victimes des violences conjugales. Et soudain le silence : effet garanti !

En tête de la manifestation puis au sein du cortège Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon est venu témoigner de sa solidarité avec les luttes féministes. Un engagement de longue date qu’il a pu réaffirmer ces derniers mois lors de l’affaire DSK alors que de nombreuses personnalités dites "responsables" semblaient vouloir minimiser l’événement en le qualifiant par exemple de simple histoire de troussage de domestique.

Défendre le droit des femmes est une des priorités essentielles pour le Parti de Gauche. La députée et co-présidente du Parti, Martine Billard a ainsi participé activement à l’élaboration de la loi contre les violences faites aux femmes, adoptée en juin 2010. Il reste désormais à poursuivre les mobilisations pour donner les moyens aux tribunaux et aux commissariats d’appliquer réellement cette loi. Le Parti de Gauche réclame également avec les organisations féministes la mise en place d’une loi-cadre afin de répondre de manière globale à toutes les formes de violence, qu’elles soient domestiques, au travail ou dans la société. Comme il était écrit sur la grande banderole en tête du défilé : « violences faites aux femmes, ça suffit ! ».

MAXIME PRIETO, PG

3) Plusieurs milliers de femmes battent le pavé pour dire non à la violence

Plusieurs milliers de féministes soutenues par des personnalités politiques et des victimes d’agression comme Tristane Banon sont descendues samedi dans la rue pour dénoncer les violences faites aux femmes et réclamer davantage de moyens, à six mois de la présidentielle.

Rassemblés place de la Bastille, les manifestants - 6.000 selon les organisateurs, 2.700 selon la police
- ont défilé jusqu’à la rue du Bac (VIIe arr.) à proximité de Matignon, à l’appel du Collectif national pour le droit des femmes qui regroupe associations féministes, syndicats et partis de gauche.

"La violence faite aux femmes, ça suffit", était-il écrit sur une grande banderole brandie en tête de cortège derrière laquelle défilaient des personnalités comme Eva Joly et Cécile Duflot (EELV), Martine Billard (députée du Front de gauche), Bernadette Groison (secrétaire générale de la FSU).

"La honte doit changer de camp", "pour un Grenelle des femmes", lisait-on sur les nombreuses banderoles et pancartes tandis qu’une sono répétait : "le corps des femmes n’est pas une marchandise, ni à vendre, ni à prendre".

Défilant en tête de cortège, Tristane Banon, qui a accusé Dominique Strauss-Kahn de "tentative de viol", a demandé l’adoption "à l’unanimité" par le Parlement d’une proposition de loi, déposée par la députée PCF Marie-George Buffet, portant à dix ans -contre trois actuellement- le délai de prescription pour les délits d’agression sexuelle.

"Il faut une mobilisation avant la présidentielle" pour l’obtenir, a-t-elle réclamé, alors que le Parquet de Paris a classé sans suite sa plainte tout en reconnaissant des faits d’agression sexuelle prescrits.

Pour Clémentine Autain, figure de la gauche radicale, elle-même victime d’un viol, le défilé samedi "est un succès énorme, on n’avait pas vu cela depuis des années". "Cela montre la volonté qu’on ne remette pas le couvercle après l’affaire DSK. La violence faite aux femmes est un sujet majeur de la présidentielle", a-t-elle dit à l’AFP.

Depuis le début de l’affaire DSK en mai les féministes ont multiplié rassemblements et initiatives pour dénoncer l’agression contre les femmes, "seul crime pour lequel les victimes sont culpabilisées".

Les affaires de DSK et Tron ont eu un double impact, résume Suzy Rojtman, cofondatrice du collectif : "elles ont libéré un sexisme décomplexé qui nous a sidérés et en, même temps, les féministes ont réagi avec des rassemblements, des textes, des livres, et la parole des femmes s’est libérée".

Selon les féministes, la loi de juillet 2010 contre la violence faite aux femmes, obtenue de haute lutte, reste insuffisamment appliquée et bute sur l’absence de moyens. "Cette loi est appliquée de façon disparate et inégale", il y a "une absence de sensibilisation, beaucoup de de gens ne savent pas que la loi existe", regrette Mme Rojtman.

"Il faut donner des moyens aux tribunaux et aux commissariats" pour pouvoir appliquer réellement la loi de 2010, insiste la députée du Front de gauche, Martine Billard.

L’une des solutions, selon les féministes, réside dans la création de tribunaux spécifiques, à l’instar de tribunaux pour mineurs, avec une "formation spécifique et obligatoire" pour les juges et les personnels.

Au-delà de la loi de 2010, les féministes réclament une loi cadre qui permette de répondre de manière globale à toutes les formes de violence contre les femmes, qu’elles soient domestiques, au travail ou dans la société.

Par Elahe MEREL, AFP

2) Le féminisme demeure notre combat : liberté, autonomie, solidarité, laïcité (texte national du Parti de Gauche)

1) Manifestation nationale contre les violences faites aux femmes le 5 novembre 2011 à Paris

La domination masculine imprègne l’ensemble des rapports sociaux entre les sexes. Elle distribue le pouvoir et les places de façon complètement inégalitaire entre les femmes et les hommes : au travail, dans la représentation politique, à la maison, dans le sport, les médias, les arts et la culture. Partout les femmes doivent se battre pour l’égalité.

Les affaires récentes impliquant des hommes politiques ont mis en évidence un déni profond des violences faites aux femmes. Les insultes sexistes, les propos méprisants ont fusé et occupé écrans et colonnes de journaux. A l’heure actuelle, la confusion est grande entre libertinage et violence sexuelle, entre drague et harcèlement sexuel, entre relation sexuelle et viol.

Ces affaires sont médiatisées uniquement en raison de la célébrité des hommes concernés.

Les violences envers les femmes sont quotidiennes et universelles sur l’ensemble de la planète. Elles sont l’expression des rapports de domination exercés par les hommes sur les femmes dans le système patriarcal.

Les violences, toutes les femmes connaissent : elles peuvent aller crescendo, de l’insulte au meurtre, en passant par le viol, du sexisme ordinaire au crime…

c’est la main aux fesses dans le métro et les sifflets méprisants dans la rue

c’est la fille obligée de s’habiller en jogging pour avoir la paix

c’est la femme menacée d’un mariage forcé

c’est la femme qui rentre à 2 heures du matin et regarde sans cesse derrière elle pour voir si personne ne la suit

ce sont les coups, injures, insultes, menaces, humiliations, viols par le conjoint

c’est la copine, au travail, harcelée constamment par son chef qui veut la faire « passer à la casserole »

c’est la lesbienne qui est violée pour lui apprendre ce qu’est « un homme, un vrai »

c’est la voisine qu’on entend crier et pour laquelle on hésite encore à appeler les flics c’est la femme qui n’a jamais pu dire que son père l’a violée dans sa jeunesse etque cela a fichu sa vie en l’air

c’est la femme immigrée qui ne peut rien dire contre les violences de son mari quand son titre de séjour dépend de lui

c’est la femme violée dans un conflit armé qui réclame l’asile en France

c’est la mère de 3 enfants qui vit seule et est contrainte de se prostituer pour boucler les fins de mois

c’est la fille violée par plusieurs garçons, que ce soit dans une cave, un salon ou lors d’un bizutage

c’est la femme qui meurt sous les coups d’un conjoint ou d’un ex conjoint…

Nous féministes individuelles, associations féministes, syndicats et partis politiques, tenons à réaffirmer que la lutte contre les violences faites aux femmes est une lutte première pour atteindre l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, et que nous continuerons à la mener envers et contre tout. Nous réaffirmons que les violences sexuelles ne sont pas du domaine du privé, du domaine de la drague et de la séduction. Elles sont du domaine public car elles tombent sous le coup de la loi.

NOS REVENDICATIONS

Pour lutter contre les violences, pour signifier l’interdit, il faut des lois à la fois ambitieuses et pleinement mises en oeuvre. Il faut donc avoir la ferme volonté politique de voter des lois efficaces et de les appliquer en se fixant comme tout premier objectif d’informer, de sensibiliser, de convaincre. Ce n’est pas le cas de la énième loi contre les violences votée, grâce à nos mobilisations, en juillet 2010.

Malgré des avancées, elle est en effet incomplète parce que de nombreuses revendications ont été laissées de côté lors des débats législatifs. En outre, les premières remontées sur son application semblent pour le moins « contrastées »… CA SUFFIT !

Parce que les violences ne doivent pas être une fatalité pour les femmes, nous exigeons, comme en Espagne, une loi cadre contre les violences faites aux femmes.

Tout de suite nous exigeons :

des campagnes d’information et de sensibilisation pérennes auprès de tous les publics et la mise en place d’une véritable éducation non sexiste à tous les niveaux de l’éducation nationale

une formation spécifique et obligatoire en matière de prévention et de prise en charge des violences faites aux femmes pour tou-te-s les professionnel-le-s concerné-e-s

la possibilité que toutes les femmes en danger de violences soient protégées, de par la loi, et non seulement celles victimes de violences conjugales ou menacées de mariage forcé.

le changement dans le code pénal et le code du travail de la définition du harcèlement sexuel. Le harcèlement sexuel c’est, comme le dit l’Union Européenne, un « comportement non désiré à connotation sexuelle »

la délivrance ou le renouvellement dans les plus brefs délais du titre de séjour pour les femmes étrangères victimes de violences conjugales.

le statut de réfugié pour toute femme demandant l’asile parce victime de violences sexistes, sexuelles ou lesbophobes

l’abrogation du délit de racolage et la mise en œuvre d’une politique de pénalisation du client de la prostitution.

une réelle politique de logements prioritaires pour les femmes en danger.

la mise en place d’un Observatoire national des violences qui étudie, impulse, évalue les politiques menées

Nous exigeons aussi que des moyens soient dégagés pour permettre un contrôle de l’application des lois sur les violences faites aux femmes. Nous exigeons qu’une commission de contrôle multipartite soit mise en place où siègeraient les pouvoirs publics, des parlementaires et des associations de défense des droits des femmes.

Enfin nous exigeons que les associations féministes conservent les missions de service public auprès des victimes qui leur sont conférées, ce qui implique non seulement le maintien des moyens financiers qui leur étaient accordés mais aussi leur augmentation. Il est hors de question que l’État se désengage ! Si des missions de service public sont transférées aux collectivités territoriales, le budget doit suivre ! MANIFESTATION NATIONALE

RENDEZ-VOUS SAMEDI 5 NOVEMBRE À 14H30 PLACE DE LA BASTILLE À PARIS

Signataires : Collectif national pour les Droits des Femmes, Actit-Union des Femmes Socialistes, Agir contre le chômage, les Alternatifs,Alternative Libertaire, ANEF, Apel-Egalité, Association des communistes unitaires, Association Contre le Bizutage, Association Groupe Cadre de Vie, Association pour les Droits des Femmes du 20è, Association v.ideaux/teledebout.org, Atalante vidéo, Attac, CADAC, , Centre LGBT Paris Ile de France, CGT, Les Chiennes de garde, Collectif féministe Handicap, Sexualité, Dignité, Collectif féministe contre le Viol, Collectif Féministe « Ruptures » et Réseau Féministe « Ruptures », Collectif féminin masculin de Vitry, Collectif mixité CGT des Bouches du Rhône, Collectif région parisienne pour les Droits des Femmes, Comité de vigilance et de suivi pour l’application de la loi du 9 juillet 2010, Coordination lesbienne de France, DECIL : Démocratie et Citoyenneté Locale (Mantes la Jolie), Du Côté Des Femmes ( Cergy), FASTI, Elu-e-s contre les Violences faites aux Femmes, Europe Ecologie Les Verts, « Femmes libres » Radio Libertaire, Fédération nationale Solidarité femmes, Féminisme-enjeux Théâtre de l’Opprimé, Femmes solidaires, FIT, une femme, un toit, FSU, Garçes (groupe d’action et de réflexion contre l’environnement sexiste, Sciences po Paris), Gauche unitaire, Initiative des Femmes Kurdes en France, Initiative Féministe Européenne France, Inter LGBT, Intersyndicale CFDT-CGT SDFE, Lesbiennes of Color, Ligue des Droits de l’Homme, Ligue des Femmes Iraniennes pour la Démocratie, Maison des Femmes de Montreuil, Marche mondiale des Femmes, MJCF, Mouvement Jeunes Femmes, NPA, Osez le féminisme,Paroles de femmes, Parti Communiste Français, Parti de Gauche, Parti socialiste, Planning Familial, RAJFIRE, Socialisme et féminisme, SOS sexisme, Stop Précarité, UNEF, Union syndicale Solidaires.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message