Le PPP (programme populaire partagé du Front de Gauche), vous connaissez ?

lundi 16 novembre 2020.
 

Le texte étendard du Front de gauche ne flotte pas encore malgré la tempête financière.

Le PPP, vous connaissez ?

L’importance d’un programme politique.

Sur quelles base rationnelles un citoyen adhère-t- il à un parti politique ? À partir de quelles données un citoyen raisonnable décide de voter pour tel ou tel représentant politique ? À partir de quels éléments les alliances entre partis voisins et différents sont- elles négociées et possibles ?

Dans tous les cas, c’est sur un programme politique de gouvernement comprenant des orientations générales ainsi que des mesures précises et concrètes.

Pour éviter la perte de crédibilité des programmes, il appartient aux citoyens de faire un bilan en fin de législature et de comparer ce qui a été réalisé en regard des promesses ayant permis l’élection. Faute de ce travail critique, le citoyen passif sera alors fatalement conduit à conclure : "Les programmes, ça ne sert à rien, ils ne les respectent pas ! C’est du bla-bla !"

Et alors, la voie est libre pour la personnalisation à outrance et la dépolitisation des esprits.

Les hommes politiques qui ne tiennent pas leurs promesses programmatiques sont donc des fossoyeurs de la démocratie.

Mais , heureusement, une majorité de citoyens ont compris la nécessité de l’existence des programmes politiques pour éviter le n’importe quoi.

Ceci étant, il est vrai qu’un certain nombre de personnes adhèrent à un parti sur des critères beaucoup plus subjectifs et lorsqu’ils y sont, se sentant appartenir à une famille ou à un groupe fort d’une légitimité historique, ils n’éprouvent pas le besoin de lire et relire les programmes ou les plates-formes de congrès de leur parti. Mais on ne peut pas prendre ce genre d’attitude comme référence en raison de sa fragilité, de sa vulnérabilité.

Plus particulièrement, qu’est-ce qui fonde l’identité du Front de gauche ? Qu’est ce qui donne sens à la candidature de Jean-Luc Mélenchon ? Quoi donc peut donner un débouché politique aux revendications du mouvement social et peut combattre la souffrance sociale ? C’est le programme populaire partagé.(PPP)

Certes, il ne constitue pas une bible ou un bloc de tungstène intransformable mais c’est un texte de référence donnant sens à l’action politique du Parti de gauche et de ses alliés.

Ainsi, compte tenu de l’extrême importance de ce texte, j’ai examiné si ce caractère fondamental, vital, apparaissait sur les sites et les blogs du Parti de gauche.

Le PPP sur le Web du PG : présence fantomatique.

Il apparaît sur le site national, ce qui n’a pas toujours été le cas en raison d’un problème de compatibilité avec les navigateurs Internet. Ainsi, pendant une période, la jaquette du livre-programme apparaissait avec Mozilla mais pas avec Internet Explorer. Je l’avais signalé au site national.

J’ai examiné les 91 sites départementaux disponibles du Parti de gauche. Méthode utilisée : j’ai parcouru la page d’accueil et la page de la rubrique actualités de chaque site.

Une publicité pour le programme populaire partagé apparaît sur 40 sites, ce qui représente environ 44 % du total. Ainsi, 56 % des sites ne le font pas apparaître.

Certains sites départementaux sont assez bien documentés mais le PPP n’apparaît pas, et inversement, certains sites sont très légers mais le programme apparaît. Plusieurs comités départementaux qui ne semblent pas avoir les moyens d’entretenir un site mais ont néanmoins eu la bonne idée de faire apparaître la page d’accueil du site national ce qui est mieux que de laisser une page quasi vide ou ancienne de plusieurs mois.

Les sites de Charente-Maritime et de Corrèze, par exemple, font apparaître le programme et le livre de Jacques Généreux : "Nous, on peut !" et ils sont bien documentés.

D’une manière générale, des progrès considérables restent à faire pour que ces sites, qui ont le mérite d’exister, puissent devenir plus attractifs pour les citoyens qui ne sont pas forcément des sympathisants du Parti de gauche ou du Front de gauche .

Je pense que le PG aurait tout intérêt à créer une commission nationale d’étude pour aider et rendre plus performants les sites locaux.

Voici par exemple trois pistes : aide des élus locaux aux militants pour maintenir leur site ; mise en réseau horizontal des sites départementaux appartenant à une même région pour harmoniser et mutualiser les moyens limités des militants de bonne volonté. Mettre en valeurs l’identité départementale en apportant des informations géographiques, économiques, culturelles, sociales sur le département et ne pas se contenter uniquement d’un compte rendu des actions militantes locales (dont je ne nie évidemment pas l’importance). Les élus du conseil général ou régional peuvent apporter leur concours.

Il faut diversifier les raisons qui peuvent pousser un citoyen de la région ou d’une autre région à consulter un site départemental du Parti de gauche.

Le site du PG le plus actif et le plus riche de France est, vous l’avez deviné, le site de Midi-Pyrénées. Ses lecteurs sont vraiment des veinards !

Certains sites sont assoupis, d’autres sont actifs, celui-ci est hyperactif !

Et ils sont d’autant plus chanceux, ces lecteurs, qu’ ils peuvent lire, depuis longtemps maintenant, sur ce site le contenu du programme populaire partagé à l’adresse :

http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Puis, nous avons consulté 22 blogs de responsables et d’élus du Parti de gauche (dont tous les membres du secrétariat national) dont voici la liste : Martine Billard, Jean-Luc Mélenchon, Jacques Généreux, Eric Coquerel, François Delapierre, Alexis Corbière, Marc Dolez, Frédéric Alliot, Gabriel Amard Ugo Bernalicis, Corinne Morel Darleux , Danielle Simonnet , Rene Balme, Pierre Carassus, René Revol , Joseph Rossignol, Michèle Valladon, Claude Debons Hayat Dhalfa, Pascale Leneouannic, Pupunat Ypepad,, Corinne Morel Darleux

Quel est le nombre de blogs où apparaît en premier plan le programme populaire partagé : au moins la photo de la jaquette du livre publié chez Librio ou un encadré de quelques lignes indiquant l’importance centrale de ce programme qui fonde l’identité du Front de gauche.

La réponse est : zéro ! Je répète, vous avez bien lu, il n’y a pas d’erreur de frappe : zéro, c’est-à-dire aucun.

Je n’ai pas recopié ici toutes les adresses pour ne pas alourdir le texte, mais il vous suffit de faire un copié-collé de chaque nom sur la barre de recherche de Google pour constater par vous-même. Vous constaterez aussi, que certains blogs font de la publicité pour quelques livres (ce qui est normal) mais pas pour le PPP, appelé aussi "l’Humain d’abord !".

Alors constatons ce fait :"l’humain d’abord" ne figure pas au premier abord !

Nous avons aussi relevé un autre record d’absence : le livre de Martine Billard :" Le Medef l’a imaginé, Sarkozy l’a fait". Il n’apparaît sur aucun site ! Alors qu’il s’agit rappelons-le d’un bilan de toutes les attaques de l’équipe Sarkozy contre le droit social français et qui concerne donc au premier plan les conditions de travail des salariés !

En résumé, plus d’un site départemental sur deux n’a pas pensé ou n’a pas jugé utile de faire la promotion du PPP et, encore plus étonnant, aucun blog des responsables nationaux du PG ne fait figurer ce texte comme emblème introductif à leur site, témoignant ainsi de leur unité et de leur cohérence au-delà de leur personnalité propre.

Pour éviter toute ambiguïté concernant ma contribution, je signale que j’ai commencé une étude analogue concernant le PCF avec ses 70 sites des fédérations départementales.

Les premières observations vont dans le même sens que celles constatées pour les sites du Parti gauche. Je signale aussi, au passage, que le blog de Pierre-Laurent et de Clémentine Autain ne font pas apparaître non plus le PPP en premier plan.

En conclusion.

Il y a évidemment plusieurs explications ou interprétations possibles (d’ordre technique, culturel, ou autres) à une telle situation.

Je vais en donner deux, qui évidemment ne sont pas les miennes, mais qu’il convient tout de même de signaler dans un contexte d’absentéisme croissant du corps électoral.

Il y en a évidemment une qui peut venir à l’esprit : " À quoi bon faire de la publicité pour ce programme, de perdre son temps avec cela, puisque Jean-Luc Mélenchon ne sera pas élu et qu’ il n’y a aucune chance pour que ce programme soit appliqué un jour ! "

C’est en quelque sorte, la réaction inverse "Nous, on ne peut pas !" de celle préconisée par Jacques Généreux : "Nous, on peut !"

Une interprétation, encore plus désabusée, d’un citoyen qui ne croit plus du tout aux convictions des hommes politiques et qui les considère comme des gens qui font de la politique leur gagne-pain et une rente de situation, peut être la suivante : " Le programme populaire partagé ? Un alibi ! Ils n’y croient pas eux-mêmes ! Ce n’est qu’un moyen pour obtenir des voix et gagner ainsi des sièges permettant d’avoir de bonnes indemnités et du prestige !". Indiquons, au passage, que la crise de crédibilité qui frappe actuellement le monde politique rend cette interprétation plausible pour de nombreux citoyens.

Quoi qu’il en soit, il est difficile de demander à des militants de passer du temps à faire du porte-à-porte, ou d’organiser des actions de distribution du PPP à la sortie de différents établissements privés ou publics, si l’ensemble des membres responsables de l’organisation ne font pas eux-mêmes la promotion du programme par un moyen en l’occurrence fort simple : celui d’Internet.

Je me garderai bien de donner des explications définitives à cette situation paradoxale car je ne connais ni tous les paramètres qui ont conditionné l’élaboration du PPP, ni les paramètres tactiques et stratégiques en jeu. En tout cas ceux qui peuvent apporter une réponse, ce sont précisément ceux qui n’ont pas mis en premier plan sur leur site "l’humain d’abord !".

Mais on pourra toujours me répondre : " pourquoi toutes ces histoires ? vous vous rendez sur le site du Front de gauche :" http://www.placeaupeuple2012.fr

Cette contribution constitue en quelque sorte une application pratique de mon étude publiée sur ce site : Le Front de gauche doit améliorer sa puissance organisationnelle.

http://www.gauchemip.org/spip.php?a.... Première partie

http://www.gauchemip.org/spip.php?a... Deuxième partie

http://www.gauchemip.org/spip.php?a... Troisième partie

Hervé Debonrivage le 17 novembre 2011


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