"Danielle Mitterrand, une avant-garde de l’esprit et du cœur" (Jean-Luc Mélenchon)

lundi 28 novembre 2011.
 

"Danielle Mitterrand est entrée en résistance dès son plus jeune âge et elle n’a jamais quitté son poste de combat, écrit Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de Gauche. Elle est un modèle féminin qui ne s’efface pas avec son départ. Son décès nous prive d’une avant-garde de l’esprit et du cœur. Nous l’aimions. "

2) Danielle Mitterrand : une grande dame nous a quittés (Déclaration du Parti de Gauche)

Danielle Mitterrand s’est éteinte cette nuit, à l’âge de 87 ans. Nous savions sa santé fragile depuis quelques mois, nous redoutions l’issue de son hospitalisation récente et nous venons hélas d’apprendre avec émotion cette triste nouvelle.

Engagée dans la Résistance dès son plus jeune âge, elle fut, durant toute sa vie, au premier rang de tous les grands combats, pour les droits de l’homme, pour l’émancipation humaine et pour la défense des ressources naturelles de la planète.

Avec la Fondation France Libertés – Fondation Danielle Mitterrand, qu’elle avait créée en 1986, elle s’engagea avec détermination dans de nombreuses causes internationales.

Femme de gauche, elle exprimait des convictions fortes et n’avait pas hésité à faire savoir qu’elle voterait non au référendum sur le TCE en mai 2005.

Elle a consacré les dernières années de sa vie à la défense de l’eau, ce bien commun si important, qu’elle refusait de voir devenir « un bien économique au profit, sonnant et trébuchant, de quelques privilégiés ».

Le Bureau national du Parti de gauche et tous ses adhérents, Martine Billard et Jean-Luc Mélenchon ses co-présidents, s’inclinent devant sa mémoire. Nous adressons une pensée fraternelle et affectueuse à tous ses proches et aux membres de sa famille.

3) Hommage à Danielle Mitterrand, par Gabriel Amard

Résistante. C’est le mot qui me vient à l’esprit lorsque je pense à Danielle Mitterrand. Résistante aux oppressions, résistante aux idées reçues, résistante à l’affaiblissement physique. C’était une combattante, et pour beaucoup, un modèle.

Parcourant le monde avec France Libertés – Fondation Danielle Mitterrand pour soutenir les opprimés, elle a éclairé le peuple français sur les exactions commises par des régimes tyranniques sur leurs populations.

Danielle Mitterrand n’a jamais hésité à prendre parti, à s’engager, à lutter, à argumenter. Consciente que le capitalisme de notre époque était porteur d’injustices et menait notre écosystème dans l’abysse, elle a mené campagne contre le Traité Constitutionnel Européen en 2005. Depuis quelques années, elle avait fait de l’accès à l’eau potable le centre de son engagement.

Elle n’a eu de cesse de militer pour permettre aux populations les plus défavorisées dans le monde de pouvoir bénéficier de cette ressource indispensable à la vie ou pour dénoncer la marchandisation de l’eau par les multinationales dans notre pays.

Sur le terrain, Danielle nous a inspirés.C’est sur le stand du tout jeune parti de gauche qu’elle clôtura la conférence sur l’eau qui scellera l’engagement de Jean-Luc Mélenchon et du PG en faveur des premiers m3 gratuits d’eau potable indispensable à la vie de tout être humain . Encore cet été , déçue de ne pas pouvoir être présente au remue méninges à gauche à saint Martin d’heres , Danielle Mitterrand nous accordera un entretien. Enfin la création de la Régie publique Eau des Lacs de l’Essonne, la mise en place de la gratuité des premiers mètres cubes indispensables à la survie, l’implication des usagers dans la gestion de leur eau potable, nous le lui devons. Symboliquement, elle était venue inaugurer nos fontaines d’eau gratuites installées sur Grigny et Viry-Chatillon, marquant son engagement à nos côtés.

Elle restera à jamais présente dans le cœur des militants de gauche , continuant par son souvenir d’insuffler le courage et l’énergie suffisants pour continuer à résister, encore, toujours.

Gabriel Amard, Secrétaire National du Parti de Gauche, auteur de L’eau n’a pas de prix, vive la régie publique préfacé par Danielle Mitterrand

4) Liens vers quatre entretiens et textes mis en ligne sur notre site

Cliquer sur un titre en bleu pour accéder au texte :

Mai 81, Nicaragua, Cuba, Bicentenaire de la Révolution, possibilité de réformes, raison d’Etat, "France-Libertés", rôle des Etats-Unis : Danielle Mitterand revient sur le bilan des 25 dernières années

Danielle Mitterrand : "La démocratie n’existe ni aux USA, ni en France". De 1981 à 1993, " J’appris que d’être le gouvernement, être président, ne sert pas à grand-chose dans ces sociétés sujettes, soumises au capitalisme"

Cuba : Pourquoi cet acharnement irrationnel ? (Danielle Mitterand)

"Les conditions de notre survie, de notre dignité, de notre citoyenneté réelles sont en train d’échapper totalement à notre contrôle pour le plus grand profit d’une oligarchie" Communiqué de Danielle Mitterrand

5) Echos récents dans les médias

"Ce monde est profondément injuste... Ce sont les Etats qui pratiquent le terrorisme" Dernière interview de Danielle Mitterrand le 22 mars 2011

http://monsieurjo.com/2011/11/22/de...

Danielle Mitterrand chez Jean-Luc Mélenchon

Source : http://www.lejdd.fr/Election-presid...

Pour son "remue-méninges" d’été à Grenoble, Jean-Luc Mélenchon recevra Danielle Mitterrand, fin août, malgré sa santé fragile. La femme de l’ancien président socialiste profitera de l’université d’été du Parti de gauche pour plaider la gestion publique de l’eau. "Une visite qui vaut sympathie. Ils se connaissent depuis longtemps", explique-t-on dans l’entourage de l’ex-première dame.

6) Danielle Mitterrand, de la Résistance aux résistances (L’Humanité)

Femme engagée, résistante, la veuve de François Mitterrand s’éteint à quatre-vingt-sept ans. Avec un parcours propre, aux côtés de l’ancien chef de l’État, elle a fait de la Fondation France Libertés, créée en 1986, une « tribune des populations qui souffrent ».

Danielle Mitterrand se tint loin des petits-fours et des plans de table assignés aux « premières dames » – on y met des guillemets car elle détestait l’expression. Elle fut la première à être non l’épouse d’un président, celle qui n’a constitutionnellement aucun statut, mais une femme au rôle propre, que « la qualité d’épouse du président a placée au carrefour d’appels innombrables d’hommes et de femmes opprimés », écrivait-elle en 1986. 1986, l’année de création de la Fondation France Libertés. Emblème  : chêne et olivier mêlés  ; force et paix, l’emblème de « François », bien sûr. Une note en première page de son livre, la Levure du pain (1992), précisait  : « François. Personnage principal de ma vie qu’en aucune circonstance je ne saurais appeler autrement. » François, rencontré dans le Paris tout juste libéré, une photo d’elle sur une commode, regard de chat déjà, vingt ans, et cette réplique de l’homme politique  : « J’épouse. »

Dans cet ouvrage au titre en forme de clin d’œil, avec la Paille et le Grain de « François », elle se racontait déjà, elle, « la gauchiste ou la tiers-mondiste du couple ». Elle racontait comment le sentiment d’injustice lui était né quand l’institutrice lui refusa les bonbons dus en récompense du tableau d’honneur, car ne partageant pas les idées laïques de son père. Un directeur d’école rad-soc, révoqué par Vichy pour n’avoir pas voulu dénoncer des enfants juifs. Profil tranchant déjà avec le catholique bourgeois qu’était François Mitterrand. Naïve  ? On peut parfois prêter à la femme éternellement frêle, voyageant de Calcutta au Salvador en passant par l’Afrique du Sud, avant de se ressourcer à Latche, une candeur certaine. Celle des passionnés, celle qui remue des montagnes. Grâce au subterfuge de la Fondation, Danielle Mitterrand put effectuer des « voyages privés », quand Mitterrand occupait l’Élysée, que ce soit pour voler au secours de Vuk Draskovic, aux mains de Milosevic alors, ou pour soutenir les mères Folles de mai argentines. Avec France Libertés, l’épouse, passée directement de la Résistance aux tâches ménagères et à l’éducation des deux fils, trouva enfin une œuvre à sa mesure. Cette « tribune des populations qui souffrent » fut une raison de vivre, après la disparition de l’ancien chef de l’État en 1996.

Des allées de la Fête de l’Humanité aux colonnes du journal, pour défendre Mumia Abu-Jamal, les Kurdes, Sahraouis, Tibétains, sans-papiers, pas d’exclusive dans les combats de la Fondation. Pas de faux-semblants non plus, avec un soutien fidèlement critique à Castro. « Cuba n’est pas Haïti  ! » rétorquait-elle à ceux qui la pressaient, en 1992, de remettre un message à Fidel Castro, rencontré dès 1974. Elle a cependant œuvré pour procurer des visas à des dissidents et tancé « El Comandante »pour s’être plié au dollar. « Je n’ai jamais dit que France Libertés ne faisait pas de politique, j’ai dit qu’elle n’était pas partisane », déclara-t-elle un jour qu’on lui reprochait un activisme tranchant avec la Realpolitik menée par Mitterrand. Hassan II la traitera d’épouse morganatique, elle irrite, elle le sait. Elle fonce néanmoins.

Elle eut la politique pour rivale, très tôt. Les femmes, aussi. La première, Danielle Mitterrand la croisa dès les noces, encore en robe blanche, « François » devant se rendre à une réunion du mouvement des prisonniers avant que le gâteau soit découpé. Les secondes, elle choisit une ligne et s’y tint. Certaine que « François », « il n’a fini de me découvrir ». Passe le Mitterrand séducteur, passe aussi sa seconde famille, « je me suis demandé pourquoi la presse avait mis si longtemps pour publier ce que tout le monde savait. On l’attendait très sereinement ». À Jarnac, le jour des obsèques, elle prend Mazarine dans ses bras, « d’instinct », et donne par ce geste un coup de vieux à un pays qui se croyait moderne, tuant le vaudeville. Sa biographe, Françoise 
Xenakis, raconte que, sur l’injonction de sa sœur, elle prit des amants, « le parti, écrit Xenakis, était une pépinière de jeunes hommes ». Femme libre, mère attentionnée à l’égard de Gilbert et Jean-Christophe, le fils soutenu sans faille, cohabitant rue de Bièvre. « ien de banal ou de médiocre. Je ne regrette rien » avec François, se retournait-elle en 1996, un an après sa mort, dans un autre ouvrage, En toute liberté. Un best-seller qui, comme la dizaine d’ouvrages écrits par elle, vit les droits d’auteur reversés à la fondation. Danielle Mitterrand était ainsi plus encline, comme l’écrivit Alain Rollat, « à retenir chez chacun la part de cristal plutôt que la part d’ombre, en conservant toute son existence ce regard d’eau vive qu’elle avait à vingt ans ».

Toute sa vie elle s’attachera à retoucher sans cesse le portrait de François Mitterrand. Sur la maladie si longtemps tue, point de mensonge  : « Il a voulu préserver notre tranquillité d’esprit. » L’invraisemblable attentat de l’Observatoire  ? « Je n’ai jamais douté de François, qui n’a jamais rien compris à un roman policier, alors… » Tout juste consentira-t-elle à estimer que, durant ses deux mandats, « François était en totale contradiction pendant qu’il avait le pouvoir. Il n’avait pas les moyens d’agir ». Les amitiés du couple sont parfois politiquement singulières, Roger-Patrice Pelat, André Bettencourt, Pierre de Bénouville, René Bousquet, « des amitiés inaltérables, que l’on ne peut pas arracher de soi ». Les révélations de Pierre Péan sur René Bousquet n’altèrent en rien son jugement  : « François a sa conscience et son action dans la Résistance pour lui. Ce faux procès est assez odieux. Nous ne savions pas qui était Bousquet. »

Quant à la politique française, si elle avait consenti durant les deux mandats présidentiels à la réserve attendue d’elle, une fois libérée des usages, Danielle Mitterrand ne se privat pas d’asséner au PS ses sentiments. « Les dirigeants du PS n’ont pas la tripe socialiste, ils ont un regard beaucoup trop attendri pour l’argent », dit-elle quand elle publie le Livre de ma mémoire, une autobiographie, en 2006. Elle vote non au référendum sur le TCE en 2005, car le traité « fait de l’homme un sujet économique » et asservit l’eau – son dernier grand combat à la tête de la fondation – aux multinationales (lire le Tel quel).

Cette fois, la mort les sépare vraiment, « Danou » et « François ». Mitterrand a été enterré à Jarnac, après que l’achat d’une parcelle au mont Beuvray pour en faire la tombe des deux époux tourne à la polémique, en 1995. Elle sera donc inhumée à Cluny, en Bourgogne  : « J’aimerais à même la terre, sans cercueil, déclarait-elle, tout en regrettant que la chose soit interdite. Il y a peu de chose qui aura résisté à son énergie.

Lionel Venturin

7 Déclarations : Filoche, MRAP

Décès de Danielle Mitterrand : "Nous perdons une grande conscience humaniste" Parti communiste français

Danielle Mitterrand, disparue ce jour, était une personnalité, belle et forte, de la vie politique et de la société française. Engagée très jeune dans la Résistance, Danielle Mitterrand a poursuivi tout au long de son existence son combat implacable pour la justice, les droits et la dignité du genre humain. A la tête de France-Libertés, Danielle Mitterrand s’est engagée pour un monde meilleur, sans discrimination, sans domination, pour un monde de partage et de biens communs. Femme de rassemblement, elle avait à cœur de faire vivre les principes fondateurs de notre République et les valeurs démocratiques de notre pays. Les communistes l’ont maintes fois retrouvée dans des combats communs et garderont le souvenir d’un être aussi modeste que juste et généreux.

Mme Mitterrand vous avez fait quelque chose de bien de votre vie, de la vie. Quelque chose d’exemplaire qui vaut des larmes, de l’honneur et de la fierté à gauche (Gérard Filoche)

Une grande dame, comme on dit, mais surtout une militante, une femme d’un courage, d’une indépendance, et d’une obstination à gauche exceptionnelle vient de disparaître.

Danielle Mitterrand, on lui doit toutes et tous un hommage profond, sincère, admiratif. Pas seulement des mots émus, mais des salutations politiques exemplaires et reconnaissantes.

C’est celle qui a défendu Cuba contre l’infâme blocus économique des Usa, quand presque personne n’osait plus le faire autant qu’il le fallait.

C’est elle qui rappelait qu’on ne peut pas étrangler ainsi un pays et une révolution et qui faisait savoir ici, en France, devant l’incurie médiatique, que l’ONU condamne unanimement ce blocus insensé de la plus grande puissance du monde contre une île courageuse de 11 millions d’habitants, seulement parce que celle-ci n’est pas “alignée” sur la dictature de la finance mondiale.

C’est elle qui a pris position, contre toute sa proche famille, pour appeler à voter “non”, courageusement au referendum du 26 mai 2005, à ce catastrophique Traité constitutionnel européen qui conduit maintenant l’Europe au bord du gouffre.

C’est elle qui menait campagne pour la protection de l’eau comme le bien humain n°1 dans le monde entier, et qui n’a pas hésité à dénoncer les faux sociaux démocrates assassins qui tiraient à la mitrailleuse lourde en Bolivie contre le peuple lorsque celui-ci exigeait que l’eau pillée par un trust français lui soit rendue.

C’est elle qui menait campagne pour les droits de l’homme, là, où les préjugés des banques et des capitalistes interdisaient de le faire.

Plus particulièrement, il me fut donné à un moment, il y a quelques années, de répondre à son appel, pour un délicat problème et de l’aider, ce fut pour moi l’occasion personnelle de découvrir toute sa dignité, son attention scrupuleuse aux droits, et chacun des nombreux échanges que nous eûmes alors, me revient aujourd’hui avec émotion et tristesse.

Bravo Mme Mitterrand vous avez fait quelque chose de bien de votre vie, de la vie. Quelque chose d’exemplaire qui vaut des larmes, de l’honneur et de la fierté à gauche.

Le MRAP salue avec respect et émotion la mémoire de Danielle Mitterrand

Avec une immense tristesse, le MRAP a appris ce matin, 22 novembre 2011, que Danielle Mitterrand, infatigable militante des droits de la personne humaine, nous avait quittés.

Adolescente encore, elle n’avait pas hésité à l’âge de 17 ans à rejoindre la Resistance comme infirmière, dans la fidélité à l’idéal républicain, laïque, et progressiste de sa famille.

Devenue Première Dame de France en 1981, elle décidait de faire de ce titre une tribune pour défendre la cause des peuples opprimés niés dans leur existence et dans leurs droits partout dans le Monde.

Prenant la mesure des défis à venir, elle avait orienté l’action de France Liberté, qui vient de célébrer son 25ème anniversaire, vers la défense de grandes causes comme la lutte contre l’esclavagisme ou pour la répartition équitable des ressources en eau sur la terre, partageant les préoccupations des Forums Sociaux Mondiaux.

Le MRAP salue avec respect et émotion la mémoire de ses combats dont il fut et reste partie prenante.


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