Les 7 raisons de la dynamique du Front de Gauche

mercredi 14 mars 2012.
 

1 « Le seul vrai programme anticrise rompant réellement avec le système »

Alors que les candidats n’ont pas tous dévoilé leur programme, revoyant, pour ce qui est du candidat du PS, les ambitions de transformation proclamées par son parti à la baisse, le Front de gauche a élaboré un programme populaire, « l’Humain d’abord », dont 320 000 exemplaires ont été diffusés à ce jour. Sa marque de fabrique  : la volonté assumée de briser le cycle infernal récession-austérité dicté par les marchés financiers. Alors que les autres candidats font une priorité de réduire les dépenses publiques ou de les contenir, le Front de gauche propose au contraire de redonner des moyens à l’intervention publique en récupérant les 195 milliards d’euros passés en quelques années des poches des salariés à celles du capital. Augmentation des salaires, retraite à 60 ans à taux plein, relance de l’emploi et des services publics, désobéissance aux traités européens libéraux… Un discours qui tranche avec la rhétorique sarkozyste, mais aussi avec l’obsession sociale-libérale de la dette. Et qui marque des points en imposant dans le débat public des thèmes comme la guerre contre la finance, la création d’un pôle public bancaire ou encore la limitation des plus hauts salaires.

2 « Déterminés à tout faire pour battre la droite et sa politique »

Ce sont les deux objectifs du Front de gauche, indissociables  : battre Sarkozy et, simultanément, créer les conditions d’un véritable changement de politique. « Au Front de gauche, nous n’avons qu’un adversaire  : la droite et sa politique au service des marchés financiers. Et nous avons une ambition  : mettre la gauche à la hauteur de la situation », déclarait Pierre Laurent. Un discours qui rencontre de l’écho chez des électeurs de toute la gauche, soucieux de se rassembler pour donner de la force à cette exigence. À ceux qui craignent que la gauche échoue à se rassembler face à la droite, le secrétaire national du PCF et président du conseil de campagne l’a rappelé de « manière très claire » devant les responsables communistes locaux, le 28 janvier  : « Il n’est pas question pour nous, après avoir construit pendant des années les conditions de cette victoire, de mégoter une seule seconde sur le fait que nous nous rassemblerons dans les urnes pour battre Nicolas Sarkozy si jamais il est présent au deuxième tour de l’élection présidentielle. (…) Nous ne manquerons pas l’occasion de battre Nicolas Sarkozy si elle se présente. »

3 Le pari réussi d’une campagne collective où chacun 
trouve sa place

La démarche avait semblé invraisemblable  : tenir le pari, dans un scrutin aussi personnalisé que la présidentielle, d’une campagne collective menée de front avec celle des législatives. Le pari est en passe d’être gagné, avec un dispositif assurant la visibilité de chaque formation politique et des syndicalistes, militants associatifs qui ont rejoint le Front de gauche  : création d’un conseil de campagne avec une centaine de personnalités sous la responsabilité de Pierre Laurent, désignation quasi achevée des candidats aux législatives (80 % des titulaires au PCF et 20 % aux autres forces du Front de gauche) et un candidat à la présidentielle portant la parole commune avec éloquence, sans se substituer à l’expression propre de chaque composante. Le credo de Jean-Luc Mélenchon, répété à chaque meeting, l’appel à l’intelligence collective des participants. Une manière de rappeler que « le candidat, c’est le Front de gauche ». Et qu’il souhaite être le dernier président de la Ve République pour pouvoir convoquer la Constituante de la VIe.

4 « Le rassemblement original 
de forces politiques, d’acteurs 
du mouvement social, de citoyens »

C’est l’une des forces du Front de gauche  : ce rassemblement unique et durable de forces politiques de sensibilités différentes à gauche sur la base d’objectifs commun, où tous les grands courants sont représentés  : communistes, socialistes, trotskistes, écologistes. Ni parti se substituant aux différentes composantes, ni simple cartel d’organisations, puisqu’il s’élargit à des personnalités non membres d’un parti politique et aux citoyens, la formule attire et fonctionne. Le Front de gauche offre ainsi une perspective politique mais aussi un « chemin » pour y parvenir à la gauche, en grande partie grâce au « geste unitaire remarquable » du PCF qui a désigné Jean-Luc Mélenchon candidat à la présidentielle, souligne Pierre Laurent. « Notre ambition depuis le départ est bien de faire bouger les lignes de toute la gauche, pour permettre une issue majoritaire et favorable pour notre peuple. Nous ne sommes pas engagés dans cette bataille pour témoigner, nous sommes engagés pour refonder le paysage politique, pour rouvrir une perspective que tant d’années de défaite ont fermé. »

5 « Il n’abandonne pas les couches populaires à leur sort »

« Je suis fier de vous voir en tenue de travail. » Et ils avaient effectivement le casque sur la tête, les ouvriers d’Arkema, rencontrés un peu plus tôt par Jean-Luc Mélenchon, qui leur a dédié le meeting de Villeurbanne. À comparer au regret de Ségolène Royal, après le meeting de Hollande au Bourget, où l’ex-candidate remarqua que « les catégories populaires ne sont pas venues, les banlieues non politisées ne sont pas encore là ». Rénovant la posture tribunitienne, le candidat du Front de gauche ne se contente pas de vouloir redonner de la noblesse aux sans-grade, que d’aucuns au Parti socialiste, à l’instar de la fondation Terra Nova, vouent aux oubliettes électorales. Le candidat Mélenchon insiste sur une politique de relance quand d’autres se sont installés dans l’austérité avec pour seule ligne de démarcation l’ampleur de l’amortisseur social. « Nous sommes avec ceux qui luttent pour leur gagne-pain. Là où les héritiers des chemises brunes ne sont jamais », avance le candidat comme début d’explication. « Le plus spectaculaire, est l’arrivée de centaines de syndicalistes qui viennent donner le coup de main. Eux nous ouvrent des milliers de portes au propre et au figuré », écrit-il sur son blog. Avant d’annoncer la couleur  : « Notre angle de combat est de reconstruire une conscience de classe argumentée et informée. »

6 « Vent debout contre la xénophobie et l’imposture du Front national et de sa candidate, Marine Le Pen »

Pour le Front de gauche et son candidat, Jean-Luc Mélenchon, dans cette période de crise où la colère sociale est à son comble, où les doutes sur l’action des politiques sont bien réels, il n’est pas question que celles et ceux qui ont le plus urgent besoin de changement, particulièrement les catégories populaires et les salariés, puissent être trompés par la démagogie de Marine Le Pen. Candidate du FN qui tente, avec l’aide du pouvoir et la bienveillance de certains médias, de passer pour la candidate antisystème, la porte-voix des gens modestes. Dès 2011, le candidat du Front de gauche, dans un face-à-face télévisé avec Marine Le Pen, dénonçait « l’imposture » de cette dernière. Depuis, devant les usines, dans les quartiers, dans les meetings, les militants du Front de gauche n’ont de cesse de démontrer « preuves à l’appui » que, sur les salaires, la retraite à soixante ans, les services publics, la laïcité…, « Marine Le Pen est une candidate de ce système », une « xénophobe qui ne propose rien contre le pouvoir de la finance et les riches ». La force de cette dénonciation se construit aussi, pour le Front de gauche, « sur notre capacité à faire vivre nos propositions pour une nouvelle répartition des richesses ».

7 L’investissement citoyen semble bien être la marque de fabrique 
des succès du Front de gauche

La campagne victorieuse du « non » au référendum sur le projet de constitution européenne en 2005 était dans toutes les têtes des responsables du Front de gauche lors du lancement de la présidentielle avec cette question  : arriverons-nous à renouveler cet élan citoyen en 2012  ? Visiblement, tout ce qui remonte du terrain semble indiquer que le Front de gauche est en bonne voie pour réussir son pari. Ce sont, à ce jour, plus de cinq cents assemblées citoyennes qui prennent des initiatives multiples pour « faire connaître » et « mobiliser » sur les propositions contenues dans le programme du Front de gauche, « l’Humain d’abord ». Des assemblées qui n’ont rien à voir avec des comités de soutien mais qui, regroupant des citoyens engagés dans l’une des composantes politiques du Front de gauche, des militants syndicaux ou associatifs, des acteurs de la vie sociale, se veulent autant de lieux où l’initiative individuelle et l’intelligence collective sont mises au service d’un objectif : « Favoriser le rassemblement le plus large pour un véritable changement en 2012. » Et ça marche. Le nombre d’initiatives, l’affluence grandissante aux meetings semblent indiquer que le travail de fourmi sur le terrain se développe. « Prenez le pouvoir », dit Mélenchon. Beaucoup de citoyens le prennent au mot.

Sébastien Crepel, Max Staat, Lionel Venturini (L’Humanité)


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