« Les imposteurs de l’économie », "agents doubles de la pensée unique"

dimanche 1er juillet 2012.
 

1) « Les imposteurs de l’économie » bouscule les économistes médiatiques

Article de Marianne

Une enquête de Laurent Mauduit, « Les imposteurs de l’économie », revient sur les pratiques parallèles des spécialistes très médiatisés qui expliquent au « vulgum pecus » les rouages du libéralisme.

Disons le tout net : ce livre va remuer bien des passions dans le petit monde des économistes, tant il met en cause les vedettes de la profession. La contestation de la place et du rôle des « économistes médiatiques » n’est pas tout à fait nouvelle. Elle date en fait du début de la crise des subprimes. Le public l’a découverte avec le succès de deux documentaires « Inside job » pour les Etats-Unis et « Les Nouveaux chiens de garde » en France. Mais là où le documentariste s’en tient à une dénonciation de principe, drôle mais pas forcément convaincante, Laurent Mauduit, journaliste à Mediapart, est allé chercher les informations qui étayent le propos.

Ainsi les « Imposteurs » nous content par le menu ce que sont les onéreux « ménages » et les fructueux « à-côtés » de la vingtaine « d’experts » qui tournent en boucle sur les écrans et distillent le prêt-à-penser du néo-libéralisme. L’auteur nous emmène dans un monde de conflits d’intérêts auprès duquel l’industrie pharmaceutique semble d’une transparence aveuglante. Aucune de nos vedettes cathodiques, ou presque, n’échappe à au coup d’étrille. De Marc Fiorentino, condamné par l’Autorité des marchés financiers pour sa société Euroland Finance, à Elie Cohen qui gagne deux fois plus en siégeant dans les conseils d’administration qu’avec son métier d’enseignant, en passant par Patrick Artus, grand amateur lui aussi du cumul des rémunérations. Tous sont malades de la peste, même quelques noms respectés : Jean-Paul Fitoussi pratique les « ménages », Michel Aglietta conseille Groupama Assurances, Daniel Cohen l’imite chez Lazard, etc.

Tous ces personnages ont pour point commun d’être les conseilleurs des princes, les arbitres médiatiques de la bien-pensance en économie, et de soigner, à des degrés divers, leurs portefeuilles. Quelques-uns dominent ce cercle de la déraison : Alain Minc, Jacques Attali ou Jean-Hervé Lorenzi, pilier de la banque Rotschild et président du Club des économistes, extraordinaire réseau d’influence des intellectuels de la finance. Le plus sidérant, si l’on ose dire, est qu’une bonne partie de ce personnel s’est mise à disposition du candidat socialiste François Hollande et fait partie de son cercle de conseillers.

Les imposteurs de l’économie, de Laurent Mauduit, J.-C. Gawsewitch, 320 p., 19,90 €.

Pour lire la suite de cet article, cliquer sur la source ci-dessous :

http://www.marianne2.fr/Les-imposte...

2) Laurent Mauduit. « Je les appelle “les agents doubles de la pensée unique”

Article de L’Humanité

Le journaliste d’investigation 
de Mediapart 
nous plonge dans 
le petit monde 
des économistes qui squattent les micros et les plateaux de télévision, et milite pour un code 
de déontologie 
de la profession.

À partir d’un travail d’enquête, votre livre alimente le débat 
sur le rôle de certains économistes. 
Qui sont ces hommes et ces femmes et que leur reprochez-vous  ?

Laurent Mauduit. On vit une période de crise économique historique avec des conséquences sociales terribles pour beaucoup de peuples en Europe, en Grèce, à un degré moindre en France aussi, et donc la question du diagnostic, des raisons de la crise et des moyens d’en sortir est évidemment un enjeu démocratiquement décisif. Or, il est important que dans de telles périodes les experts de tout type soient indépendants. Imaginez que les experts chargés de donner des recommandations pour l’agrément des médicaments ne soient pas indépendants, cela poserait un sérieux problème. Indépendants de qui  ? Des laboratoires, évidemment. Or, l’enquête que j’ai réalisée établit, preuves à l’appui, que, sur les 3 500 économistes qui existent en France, il y a une petite camarilla de 25 ou 30 qui, en fait, vivent, à des degrés divers, sous la coupe du monde de la finance. Ce qui est préoccupant c’est que ce sont ceux-là qui disposent d’un quasi-monopole dans le débat public car ils sont en permanence invités dans les mêmes émissions, à la radio, à la télévision. Ce sont les plus connus  : Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes, l’une des grandes associations d’économistes parisiennes, Olivier Pastré, chroniqueur économique de France Culture, c’est Alain Minc, Jacques Attali… Ce que je leur reproche, c’est que beaucoup de ces économistes qui parlent avec leur casquette universitaire se gardent bien d’indiquer qu’ils sont très grassement rémunérés par des banques et des compagnies d’assurance. C’est par exemple le cas de Daniel Cohen, responsable de l’économie à l’École normale supérieure, l’un des pôles d’excellence de l’université française. Il est par ailleurs, sans qu’il le dise publiquement, senior advisor de Lazard, l’une des banques du capitalisme opaque parisien. Cette banque a gagné par ses fonctions de conseil des plans d’austérité en Grèce 25 millions de dollars et lui a perçu de Lazard entre 1 et 2 millions d’euros par an, vingt fois plus que sa rémunération universitaire.

Mais qui les fait rois, qui leur tend délibérément le micro  ?

Laurent Mauduit. Le constat que je fais conduit à s’interroger sur le rôle d’une certaine presse. L’économie n’est pas une science exacte et sa richesse, c’est son pluralisme. Or certains médias privilégient un courant de pensée, toujours le même, celui des néolibéraux, ceux-là qui ont contribué à la crise ou l’ont justifiée. Que des journaux très ancrés à droite ou défendant les intérêts des milieux patronaux privilégient des économistes appointés par la banque ou l’assurance, c’est peut-être dans l’ordre des choses, mais, même le service public, qui devrait être le lieu de l’indépendance, du pluralisme, tombe souvent dans cette ornière. Prenez l’émission C’est dans l’air, sur France 5, les gens qui y participent sont toujours les mêmes. Prenez l’émission l’Économie en questions, sur France Culture, son coanimateur Olivier Pastré, un universitaire, est aussi président de l’une des principales banques d’affaires en Tunisie. Il a fait la moitié des privatisations du régime Ben Ali. Pour l’auditeur, il y a tromperie sur la marchandise.

Entretien réalisé par Pierre Ivorra

Pour lire la suite, cliquer sur la source ci-dessous :

http://www.humanite.fr/social-eco/l...


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