Espéranto La raison commande de l’adopter comme langue auxiliaire européenne et planétaire

vendredi 9 juin 2023.
 

Dans un contexte de mondialisation des échanges (matériels et culturels) et de la mise en concurrence des travailleurs du monde entier, l’usage d’une langue internationale facile à apprendre devient une nécessité culturelle et politique.

Pour un langue neutre planétaire avec l’espéranto.

Avertissement : l’argumentation suivante développe l’idée que l’espéranto est la langue la plus appropriée pour permettre aux peuples du monde entier de communiquer entre eux et de connaître leurs cultures respectives.

Cela ne signifie absolument pas que l’espéranto doive supplanter les langues nationales, devenir une langue exclusive, dominatrice, hégémonique, s’imposant à toute la planète.

Planétaire signifie ici que l’espéranto, contrairement aux dialectes, patois, langues régionales, langues nationales ne s’enracine pas dans un terroir, une région, un pays particulier mais admet comme territoire la planète Terre elle-même. L’espéranto se nourrit des apports linguistique et culturel de notre planète, sans exclusive.

D’autre part, notre critique de l’usage quasi hégémonique de l’anglais comme langue internationale ne signifie en rien que nous soyons anglophobe ou antiaméricain : la langue de Shakespeare mérite d’être étudiée par les élèves français et la connaissance de cette langue est incontournable pour quiconque veut connaître en profondeur la culture anglo-saxonne.

1 . Une langue internationale ?

Il est surprenant qu’à l’heure de la mondialisation, lors des débats sur le traité constitutionnel européen impliquant 25 à 27 pays, que la question de la langue de communication entre les peuples à l’échelle européenne et mondiale ne soit pas posée au niveau planétaire, alors qu’elle conditionne dans une large mesure les échanges économiques, les échanges interculturels, et la possibilité de voyager et de communiquer au travers le monde, Internet compris. Ce problème est éludé par deux "solutions" qui semblent évidentes ou s’imposer : l’usage de l’anglais et le multilinguisme.(limité à quelques langues).

2. L’anglais : la langue native de 4 pays et des maîtres du monde.

a-L’anglais : pas aussi pratiquée dans le monde qu’il est souvent dit.

Un pis-aller a été, et est, d’adopter l’anglais comme langue intermédiaire
- car de nombreux responsables économiques et politiques connaissent plus ou moins bien cette langue
- car un soi-disant réalisme, (reposant en fait plus sur une croyance imparfaitement fondée, que sur une réalité) affirme que la connaissance de l’anglais serait relativement répandue dans les populations du monde, voire dans les couches populaires.

Citons les sources officielles de l’UE : " L’anglais est la langue la plus pratiquée au sein de l’Union européenne. Elle est la langue maternelle de 16% de la population européenne, mais 31% supplémentaires possèdent des connaissances suffisantes pour converser dans cette langue. " Source (http://www.eurojob.org/fr1005/files... )

Or, cela ne signifie pas nécessairement que ces 31% supplémentaires aient une maîtrise correcte de l’anglais, permettant un usage aisé. Donc, avec l’évaluation la plus optimiste, on obtient 47% de la population. Avec les mêmes présupposés, on obtient 28% pour le français. . Il ne s’agit pas de nier ici que l’anglais est la 3ème langue pratiquée dans le monde (328 millions de locuteurs Royaume-Uni, États-Unis, Afrique du Sud, Australie ) après le mandarin et l’espagnol, alors que le français est au 16ème rang. Voir : http://dictionnaire.sensagent.com/l...

L’anglais est la langue officielle parlée dans 45 pays, les langues romanes le sont dans 60 pays (dont le français dans 30 pays, l’espagnol dans 20 ), l’arabe dans 25, mais ces chiffres peuvent être trompeurs : cela ne veut pas dire que les peuples de tous ces pays parlent cette langue officielle au quotidien et parlent correctement l’anglais dans 45 pays ! Ainsi, pour donner un exemple, au Bostwana, la langue officielle est l’anglais, mais les langues parlées au quotidien sont aussi les suivantes : Setswana, Kalanga, Kgalagadi, Afrikaans (source : UNESCO http://portal.unesco.org/education/... ) , Shona, Khoisan (source : http://www.africa-onweb.com/pays/bo... )

En réalité, l’anglais, comme langue étrangère, ou langue des peuples, correctement pratiquée, couvre une population beaucoup moins importante que l’on voudrait faire croire. On estime qu’outre les 8% d’anglophones de souche, seulement 8,5% à 9% de la population mondiale sait soutenir une véritable conversation en anglais.

Seule, par exemple, 3% à 5% de la population indienne (Inde) parle anglais contrairement à une idée reçue importée, notamment par les touristes en villégiature ou par "l’effet éditorial" (45% des livres en Inde sont en anglais) . http://www.bief.org/?fuseaction=let... Selon une autre source : " Introduit par la colonisation britannique et aujourd’hui langue officielle associée (au hindi) de l’État indien, l’anglais est parlé comme langue seconde par une minorité de la population instruite qu’on évalue entre 8 % et 11 %. (Géopolitique de l’Anglais Revue Hérodote n°115 quatrième trimestre 2004 )

De fait, au niveau international, l’anglais est la langue des décideurs politiques, économiques, médiatiques et financiers, souvent formés dans des écoles où l’anglais constitue un moyen de sélection redoutable pour les étudiants, ou, pour le moins, l’anglais règne en maître.

De fait, l’anglais, langue maternelle du libéralisme, langue de "l’empire" américain, est, en tant que langue internationale, essentiellement la langue des multinationales et de la finance : elle est correctement pratiquée par l’élite des décideurs mais n’est pas la langue des peuples. Soyons en certain : l’anglais est correctement parlée, comprise et écrite par les élites dirigeantes de 45 pays !

b- L’anglo-américain : langue impériale.

Nous citerons d’abord un extrait d’un article de B.Cassen, du Monde diplomatique de janvier 2005 (en ligne à : http://www.monde-diplomatique.fr/20... )

"La puissance impériale américaine ne repose pas seulement sur des facteurs matériels (capacités militaires et scientifiques, production de biens et de services, contrôle des flux énergétiques et monétaires, etc.) : elle incorpore aussi et surtout la maîtrise des esprits, donc des référents et signes culturels, et tout particulièrement des signes linguistiques. La langue anglaise se situe ainsi au centre d’un système global où elle joue un rôle identique à celui du dollar dans le système monétaire international.

Empruntant au lexique de l’astrophysique, ce système repose sur l’existence d’un astre suprême (l’anglais, langue dite « hypercentrale ») autour duquel gravitent une douzaine de langues-planètes, elles-mêmes entourées d’environ 200 langues-lunes, dans l’orbite desquelles évoluent quelque 6 000 autres langues (lire Des confins au centre de la galaxie). Tout comme le double statut de moyen de règlement et de monnaie de réserve internationale dominante du billet vert permet aux Etats-Unis de vivre aux crochets du reste de la planète, la détention de la langue hypercentrale leur confère une formidable rente de situation.

Une rente idéologique, d’abord, car elle incite la plupart des « élites » du monde entier, ce parti américain transfrontières, à faire allégeance à la langue des maîtres, aux concepts qu’elle exprime et à la vision du monde qu’elle véhicule . Et, comme le remarque M. Claude Hagège, professeur au Collège de France, « le prestige des élites industrielles et économiques conduit par snobisme – un ressort dont on ne parle pas suffisamment – les classes moyennes à les imiter, et donc à vouloir apprendre l’anglais »"

Ernest-Antoine Seillière, ex-président du MEDEF (1997 – 2005) et devenu président de l’UNICE de2005 à 2009 (rebaptisée « Business Europe » en janvier 2007, la fédération des entreprises européennes, basée à Bruxelles), a eu le mérite d’exprimer clairement ce fait. Dans Le Figaro du 23 mars 2006, on pouvait lire ceci :

"Alors que le président de l’Unice, organisation qui rassemble les confédérations patronales des différents pays de l’UE, commençait son intervention en anglais, le président français l’a interrompu pour s’en étonner. « Je vais m’exprimer en anglais parce que c’est la langue des affaires », a répondu l’ancien président du Medef. Pour marquer sa désapprobation, Jacques Chirac s’est alors levé, emmenant avec lui ses deux ministres Thierry Breton (Economie et Finances) et Philippe Douste-Blazy (Affaires étrangères), à la surprise générale. Le président français est toutefois revenu après l’intervention de M. Seillière. …"( (http://www.lefigaro.fr/france/20060...) Mais si le président Chirac avait voulu réellement faire que l’anglais ne devienne pas la langue internationale, il lui aurait fallu accepter que l’espéranto la devienne et puisse être enseigné dans l’Education Nationale.

Faire que l’anglais soit la langue de référence mondiale fait partie des ambitions les plus ultra-libérales du monde anglo-saxon.

"Lors d’un discours prononcé aux États-Unis, Margaret Thatcher s’en est violemment pris à la France en raison de son refus de s’aligner docilement sur le modèle qu’elle a désigné ainsi : "Au XXIème siècle, le pouvoir dominant est l’Amérique, le langage dominant est l’anglais, le modèle économique dominant est le capitalisme anglo-saxon".)" (source : article : "L’anglo-américain, devenu l’espéranto de notre siècle..." ( Source : SAT Amikaro http://www.esperanto-sat.info/artic... et Marianne du 31 juillet 2000 Aspects socio-linguistiques de la mondialisation)

La mise ne place de différentes stratégies des gouvernements anglais et états uniens pour faire de l’anglais la langue mondiale ne date pas d’hier et sans remonter jusqu’au 19ème siècle : "Le British Council était l’instrument majeur pour la diplomatie culturelle et l’enseignement de l’anglais à l’échelon mondial. Depuis les années 50 il existe une stratégie britannique pour faire de l’anglais une « langue mondiale », la principale seconde langue partout où il n’est pas déjà la première"(Linguistic imperialism (L’impérialisme linguistique), publié par Oxford University Press en 1992 Robert Phillipson http://satamikarohm.free.fr/article... )

On peut remarquer que cette ambition hégémonique a été relayée en France par l’ultralibéral Jean-François Copé qui a reçu en décembre 2011 le prix de la carpette anglaise "pour promouvoir avec vigueur l’usage de la langue anglaise, de la maternelle aux grandes écoles, et pour faire de la télévision publique en anglais aux heures de grande écoute"

(source : http://www.marianne2.fr/Jean-Franco... ). On ne peut donc que sourire quand l’on entend Jean-François Copé parler d’identité nationale…

Mais cette ambition d’hégémonie linguistique d’une partie des classes dirigeantes de la Grande Bretagne ou des Etats Unis ne doit pas pour autant faire croire que cela soit aussi l’ambition des peuples de ces pays.

Ainsi, par exemple, on trouve à l’adresse : http://www.springboard2languages.or... un site britannique qui explique pourquoi l’étude de l’espéranto est un tremplin efficace pour l’apprentissage des langues nationales. Les parlementaires européens anglo-saxons sont plus favorables à l’espéranto que les parlementaires européens français alors que l’espéranto comporte plus de mots proches du français que de l’anglais !

Il existe donc, pour les peuples de nombreux pays, un obstacle idéologique ou politique pour que la langue anglo-américaine soit adoptée comme langue internationale.

Mais le "réalisme" financier domine le monde, et même la Chine, maintenant membre de l’OMC et acteur économique majeur adopte l’anglo-américain : "En Chine, 60 % des écoliers apprennent l’anglais. " ( http://fr.chinabroadcast.cn/259/200... )

Concernant l’Europe, indiquons que 82 % des élèves suédois parlent l’anglais et que seulement 9 % des élèves britanniques parlent le français. (http://ec.europa.eu/dgs/translation... )

Rappelons que l’union européenne à 27 pays comprend 23 langues. Il n’y a pas de "raison naturelle" à ce que l’anglais soit dominant. Avec quelque 100 millions de locuteurs, l’allemand est la langue maternelle la plus parlée dans l’Union. Puis en ordre décroissant, le français avec 77 851 600 locuteurs (en raison de la francophonie de la Belgique, de la Suisse et du Luxembourg) puis l’anglais et l’italien, sont chacun la langue maternelle d’environ 60 millions de citoyens.

Mais 38 % de la population de l’union à 25 utilisent l’anglais comme seconde langue, alors que seulement 14 % de la population utilisent l’allemand et aussi 14 % le français comme seconde langue.

Il en résulte que 51 % de la population européenne pratiquent l’anglais, 32 % l’allemand et 27 % le français (16 % pour l’italien et 15 % pour l’Espagnol). Or la décision de faire apprendre prioritairement l’anglais en seconde langue relève bien d’une décision politique de chaque gouvernement.

(source : wikipédia http://fr.wikipedia.org/wiki/Langue...’Union_europ%C3%A9enne )

Autant il paraît naturel d’apprendre l’anglais pour connaître la culture des pays anglo-saxons et pour pouvoir communiquer avec leurs habitants, (d’apprendre l’espagnol pour connaître la culture hispanique, etc) autant il est artificiel et sans nécessité logique ou naturelle d’apprendre l’anglais pour connaître la culture chinoise ou pouvoir communiquer en Chine ou tout autre pays du monde non anglo-saxon : c’est pourtant ce que voudraient nous faire admettre nombreux décideurs français, vassalisés par les puissances économiques et an financières anglo-saxonnes.

Revenons à des considérations plus pratiques. Il ne me semble pas évident qu’un chaudronnier coréen, serbo-croate, chinois, grec, français ou marocain ait une bonne pratique de l’anglais. Pourquoi ?

c- L’anglais : pas si simple qu’on veut bien le dire !

L’anglais est une langue beaucoup moins facile à maîtriser que la relative simplicité de sa grammaire peut laisser supposer.

Il faut compter environ 1500h à 2000h de cours et de pratique pour commencer à maîtriser l’anglais correctement, soit environ 5 ans, au minimum, à raison d’une heure par jour d’apprentissage, pour un français.

En outre, la compréhension orale de cette langue est loin d’être aisée, même pour un connaisseur de la langue écrite. Il ne s’agit pas de dire que le peuple est "trop bête" pour apprendre l’anglais comme langue étrangère, mais de simplement constater que c’est une langue assez difficile pour tout le monde et qui demande beaucoup de temps d’apprentissage.

"L’anglais ? Une langue au 283 verbes irréguliers, aux groupes de consonnes difficiles à articuler, aux lettres changeant de prononciation suivant le contexte, une langue à l’accès laborieux ,qui ne brille ni par la clarté, ni par la simplicité, ni par la logique. Un nid d’ambiguïté. Ce sont des linguistes anglais qui ont constaté que dans les pays de langue d’origine latine, les rudiments de la lecture sont assimilés en une année alors qu’il en faut deux et demi à un petit britannique pour atteindre le même niveau et ce sont les pays anglo-saxons qui ont le plus grand nombre de dyslexiques. C’est cette langue que l’on veut nous imposer comme langue de communication ?

Mais il y a beaucoup plus grave. 15 % des accidents et incidents aériens seraient dus à des erreurs de compréhension de la langue officiellement utilisée, l’anglais. Rappelons seulement les deux catastrophes les plus meurtrières. Tout d’abord celle de Ténérife le 27 mars 1977. Le pilote a interprété de manière erronée le message de la tour de contrôle et a décollé alors qu’un Boeing de la PANAM se trouvait déjà sur la piste. 583 des 643 personnes à bord des deux avions périrent dans la collision au sol. Le deuxième accident le plus meurtrier fut celui de New Delhi, en 1996, entre deux avions. 345 morts. Les experts conclurent à une interprétation erronée des instructions, interprétation compliquée par l’emploi des deux systèmes de mesures, les USA étant l’un des rares pays modernes n’ayant pas adopté le système métrique" (source : http://collard.pierre.free.fr ).

Ajoutons que l’anglais comporte 45 sons différents Même après 7 ans d’étude de l’anglais au collège et au lycée, cette langue est loin d’être pratiquée couramment par les jeunes français qui l’on étudiée. L’anglais reste un moyen de sélection pour de nombreux concours d’Etat et de grandes écoles : ce n’est pas par hasard.

Voici par exemple les tests les plus connus dont la réussite est exigée par les écoles de commerce, d’ingénieurs et d’enseignement technique supérieur : Le BULATS - The Business Language Testing Service Le TOEFL - Test of English as a Foreign Language Le TOEIC - Test of English for International Communication Les entreprises ayant une activité internationale exigent pour ses cadres l’un de ces diplômes.

Nous parlons ici de l’anglais, mais le français est aussi une langue au moins tout aussi difficile avec ses 2225 terminaisons verbales pour les conjugaisons alors que l’espéranto en comporte seulement 12 au total (participes compris) tout en permettant d’exprimer une large variété de temps

d- L’anglais : coûteux

Comme toute langue naturelle, l’apprentissage de l’anglais est coûteux en temps et en argent pour les personnes désirant l’apprendre dans des cours privés. C’est donc une langue qui ne peut aisément se développer dans les milieux populaires faute de temps suffisant ou d’argent.

Mais l’anglais est aussi coûteux pour les pays non anglophones du fait que ces pays sont obligés de traduire en cette langue et d’investir des sommes colossales pour que nombreux membres de ces pays apprennent l’anglais. En revanche, le Royaume Unis, en raison de la préséance de l’anglais réalise des économies énormes.

Le seul coût des traductions réalisées par la direction générale de la traduction de la commission européenne s’élève à 300 millions d’euros (http://ec.europa.eu/dgs/translation... ). Le nombre de langues à traduire en Europe est passé de 11 en 2004 à 23 en 2007. Dans un article du Monde du 30/11/1999, N.J. Bréhon indiquait : "Dores et déjà, le quart des hauts fonctionnaires de la Commission sont traducteurs ou interprètes et on compte, pour chaque langue et chaque service, 30 interprètes et 50 traducteurs par langue supplémentaire à traiter.

Le rapport Grin indique à ce propos :" la préséance actuelle de l’anglais rapporte actuellement au Royaume-Uni plus de 10 milliards d’Euros annuels….. On peut donc raisonner avec une fourchette allant de 10 à 17 milliards d’Euros annuels, selon que l’on tient compte ou pas d’effets multiplicateurs et du rendement des montants que le principal pays anglophone d’Europe peut actuellement économiser." (Rapport Grin ; 131 p. http://www.ladocumentationfrancaise... )

Ce même rapport conclue que l’adoption de l’espéranto par l’UE constituerait le scénario le plus rationnel et économique parmi les 3 ( anglais, multilinguisme, espéranto).

Malheureusement, pour différentes raisons mentionnées dans ce rapport, les hommes politiques européens ne sont pas encore disposés à l’accepter. "Pour plus de détails, on peut se reporter à l’article : " Coûts et justice linguistique dans l’élargissement de l’Union européenne" (http://www.esperanto-sat.info/artic... )

e- L’anglais : véhicule d’un modèle culturel particulier.

Une langue n’est pas culturellement neutre, comme cela a été suggéré plus haut. L’anglais transmet des schèmes culturels qui lui sont spécifiques. Le grand linguiste, Claude Hagège indique : "(...) Un autre inconvénient serait, à travers l’anglais, l’imprégnation des enfants par les schèmes de pensée que cette langue véhicule. Si l’on est en droit de juger qu’une telle imprégnation n’est pas indispensable, c’est dans la mesure où elle ne représente guère d’économie, puisque la culture anglo-américaine est déjà omniprésente dans l’environnement de l’enfant d’Europe occidentale." (L’enfant aux deux langues Editions Odile Jacob).

De nombreuses personnalités ou organisations étaient déjà, depuis longtemps, conscients de ce problème de neutralité et de complexité linguistique. Prenons un exemple : le congrès de la CGT du 10 octobre 1906

Les dirigeants de la CGT, dès le début du 20ème siècle, portés par cette phrase célèbre de Marx "Travailleurs de tous les pays, unissez-vous" avaient non seulement saisi l’importance du problème linguistique pour un syndicalisme international mais avait trouvé, semble-t-il, la meilleure solution possible : il faut adopter et promouvoir l’espéranto. On pouvait lire :

7e Congrès National Corporatif. IXe congrès C.G.T. Amiens du 8 au 16 octobre 1906 Séance du 10 octobre (soir) ..."Il nous suffira d’en appeler à la mémoire de tous les congressistes qui ont assisté à des Congrès Internationaux pour montrer l’extrême difficulté qu’entraînent les sept ou huit langues qu’on y est, à l’heure présente obligé de parler et l’énorme économie de temps qui résulterait de l’emploi d’une seule langue dans ces Congrès où la traduction plus ou moins fidèle absorbe le plus clair du temps des congressistes.

Nous croyons donc que le Congrès Fédéral ferait besogne des plus utiles en s’associant aux vœux émis en faveur de l’Espéranto, dans les congrès corporatifs des peintres, des employés, des chapeliers, des céramistes, etc... et de plus, en votant l’ordre du jour suivant que nous avons l’honneurde lui proposer :" " Le Congrès : - Considérant que l’émancipation intégrale des travailleurs ne peut s’opérer qu’internationalement mais que les différences de langage sont une entrave matérielle et presque insurmontable à l’entente des prolétaires de tous les pays : - Constatant l’extrême facilité d’apprentissage de la langue Espéranto et les éminents services qu’elle est appelée à rendre à la classe ouvrière organisée nationalement et internationalement :

Par ces motifs : Le 17e Congrès Fédéral invite les secrétaires de Fédérations Nationales, de Bourses de Travail, de syndicats ouvriers et les militants desdites organisations, à faire la plus active propagande pour l’étude, la pratique et l’extension de la langue internationale Espéranto et à créer, partout où ce sera possible, des cours du soir pour tous les travailleurs." Signataires : Pour la Fédération Nationale des syndicats de peinture et parties assimilées. Le délégué : Léon ROBERT, A Bousquet, Sellier, (employés). Marie, Janvion, P Hervier (Bourges). Bornet (bûcherons). Ch Dooghe (Reims). Gouly (Toulouse). Yvetot, Etg David (peinture). Tabard, Robert et Ferrier (Grenoble), Peyron, ? Montagne, (Inscrits maritimes du Havre). Antourville (alimentation). Le rapport et l’ordre du jour en faveur de l’Espéranto sont adoptés à l’UNANIMITE. Les secrétaires de séance : Lecointe, des typographes ; Sellier et Mémery, des employés. Source internet : http://www.esperanto-sat.info/artic...

On peut donc remarquer ici que cette résolution n’est pas l’œuvre d’un cénacle d’intellectuels épris de rationalité mais de simples travailleurs qui avaient parfaitement compris en quoi la diversité des langues était un obstacle à l’entente des travailleurs des différents pays.

En 2012, un siècle plus tard, ce texte garde toute son actualité !

3. Le problème du multilinguisme.

A– L’utopie du multilinguisme ou plurilinguisme.

On évalue à environ 7000 le nombre de langues et dialectes existant dans le monde actuel. Il est donc illusoire de penser qu’il serait possible de comprendre toutes ou presque toutes les populations de la planète en maîtrisant quelques langues.

Continent Population Langues vivantes Pourcentage Asie 3,6 milliards 2165 33 % Afrique 780 millions 2011 30 % Pacifique 30 millions 1302 19 % Amérique 828 millions 1000 15 % Europe 728 millions 225 3 % Total 6 milliards 6703 100 %

Source : d’après Ethnologue, 13e édition, Barbara F. Grimes Editor, Summer Institute of Linguistics Inc.,1996.

Lorsqu’on consulte le tableau des langues d’Europe, on se rend compte qu’il existe 50 États (dont un seul n’est pas souverain : Gibraltar) pour 35 langues officielles différentes mais 222 langues vernaculaires

Evidemment, on peut considérer qu’il n’est pas nécessaire de maîtriser plusieurs centaines de langues mais seulement les plus répandues. Enumérons donc celles-ci en indiquant entre parenthèses le nombre de locuteurs en millions : chinois ou mandarin (1080), anglais (508), espagnol (382), hindi (315), Français (290), russe (285), malais (250), arabe (230), portugais (218), bengali (210), japonais (127) , allemand (126). (source : http://mallarme.sens.free.fr/ESC/la... ) Qui peut prétendre que la maîtrise de ces 11 langues, même partielle, est à la portée de tous ?

En clair, le multilinguisme atteint vite, très vite ses limites. Même la maîtrise de 3 ou 4 langues, ce qui n’est pas, loin s’en faut, à la portée de tous, ne permettrait pas aux travailleurs de pays aussi variés que les USA, l’Ouganda, la Tunisie, l’Inde, le Japon, la Chine, l’Italie, la Norvège, la Russie de se comprendre et d’écrire des textes en commun.

Il est évidemment souhaitable, quand on en a le goût et la possibilité, d’apprendre plusieurs langues : mais cela reste un luxe pour une grande majorité de la population planétaire. Il y a certes des exceptions qui confirment la règle : personnes ayant participé à multiples mouvements d’immigration volontaires ou forcés ; professions nécessitant multiples langues ; peuples itinérants,…

Il ne s’agit pas ici de vouloir éviter l’apprentissage de l’anglais au seul profit de l’espéranto pour ceux qui ont la possibilité de maîtriser la langue anglaise et de l’utiliser : il est bien évident, que l’on s’en félicite ou qu’on le déplore, l’anglais joue un rôle important dans la communication économique et financière, scientifique, artistique,…Mais répétons-le, cette langue reste surtout utilisée au niveau international par une certaine élite économique et intellectuelle.

Il est assez étonnant de constater que, tout en reconnaissant les mérites de l’espéranto, le haut conseil de l’évaluation de l’Ecole, par "réalisme", et considérant l’espéranto "sans culture", se réfugiait en 2005 dans le plurilinguisme : "…Un second scénario peut constituer une référence théorique : c’est celui dans lequel une langue qui n’est celle de personne, donc celle de tout le monde, comme voulait l’être l’espéranto, serait adoptée comme langue de communication internationale.

Du point de vue économique, pour notre pays, comme pour tout pays non anglophone de l’Europe, ce dernier scénario serait incontestablement le meilleur : il éviterait tous les transferts inéquitables auxquels donne lieu le « tout-à-l’anglais » puisque chacun devrait consentir un effort symétrique pour traduire et interpréter entre la langue de communication internationale et sa langue maternelle, et il impliquerait des coûts d’enseignement moindres, l’apprentissage d’une telle langue étant plus aisé et plus rapide que celui de l’anglais et de tout autre langue…."

Mais plus loin : "S’il constate qu’un raisonnement économique devrait conduire à promouvoir une langue de communication universelle, le Haut Conseil sait qu’une telle orientation n’est pas concevable dans l’état actuel des choses en Europe, notamment parce qu’une telle langue ne peut être associée à aucune sphère linguistique et culturelle. En revanche, il estime que tout devrait être mis en oeuvre pour rendre effectif, avant qu’il ne soit trop tard, le scénario du « plurilinguisme , qui ne réduit pas les coûts, mais supprime les transferts inéquitables." ( octobre 2005 http://www.dglflf.culture.gouv.fr/r... )

On ne peut être qu’éberlué de l’ affirmation : cette langue ( l’espéranto) " ne peut être associée à aucune sphère linguistique et culturelle." , alors que la culture universaliste de l’espéranto existe et est associée à toutes les sphères culturelles de la planète ; en outre, son évolution linguistique a été étroitement liée, comme sa construction, à de nombreuses sphères linguistiques. (voir article, en anglais, de C. Piron : http://claudepiron.free.fr/articles... )

Plus que ce que je survis comprends rien Ignorance ? Préjugé ? Mauvaise foi ? Alibi ? Ceci étant, il relève tout de même de l’exploit que de hauts fonctionnaires d’une vieille république, ex-puissance coloniale et dominée par la culture et la finance anglo-américaine, puissent reconnaître, dans un document officiel, quelques avantages à l’espéranto, le plus souvent ignorée, dans ce genre de sphère.

B - Le casse-tête du multilinguisme dans l’union européenne.

L’ ’Europe à 25 ou à 27 constitue un casse-tête linguistique occasionnant au minimum 1,2 milliards d’euros de frais de traduction, soit environ 40% du budget de fonctionnement de l’UE, et cela est loin de couvrir tous les coûts de traduction d’un pays à l’autre : pensons aux brevets d’invention, par exemple. Si N est le nombre de langues utilisées, le nombre de traductions d’un texte dans chaque langue nationale vers une autre est : N(N-1). Ainsi, pour les 23 langues de l’union européenne, il faut : 23X22= 506 traductions. En utilisant l’espéranto comme langue neutre intermédiaire, on a 2N traductions soit ici 2X23 = 46. Et en supposant que l’espéranto soit comprise et utilisée par tous les peuples : 0 traduction.

Déjà en 1993, la communauté européenne utilisait 2500 traducteurs, 570 interprètes fonctionnaires et 2500 interprètes indépendants pour un montant de 9,75 milliards de francs de l’époque (Le défi des langues de C. Piron p39). L’adoption de l’espéranto, simple et neutre, comme langue internationale, résoudrait ainsi ce problème.

Indiquons, par ailleurs, que l’association altermondialiste ATTAC a pris conscience progressivement de l’intérêt de l’espéranto. Par exemple, elle organise son université d’été dans la région Midi-Pyrénées sur le thème de l’espéranto du 24 au 27 août 2012. http://esperanto-midipyrenees.org/a... Mais ce genre d’initiative a demandé une certaine maturation. Même dans des associations qui auraient tout intérêt à adopter l’espéranto, les réticences fondées sur les préjugés que nous et nous analyser plus loin ne sont pas absentes. " En 2007, des miltants d’ATTAC, qui avaient depuis peu découvert et appris l’espéranto déposent, en vue du congrès, une motion sur l’espéranto... Mais bien entendu, il rencontrent des résistances (qui seraient compréhensibles chez des ultra-libéraux, mais le sont beaucoup moins chez les adversaires de l’ordre inéquitable du monde) ! Ils obtiennent tout de même un consensus, non sur l’espéranto, mais sur la nécessité de conserver la diversité linguistique dans les échanges internes d’ATTAC, ainsi que la promesse d’une mise en oeuvre de moyens pour examiner et discuter la question de l’espéranto. C’est toutefois un premier pas historique dans cette association !" (Mediapart. Blog. http://www.mediapart.fr/node/95483 )

4- La simplicité et la puissance de l’espéranto.

L’idée de base de Zamenhof, créateur de l’espéranto, en 1887, était de permettre, à un maximum de personnes du monde entier, ne disposant pas de beaucoup de temps et de moyens financiers, d’apprendre une langue universelle. Il ne voulait pas qu’une langue internationale soit réservée à une élite.

Cette langue universelle rend ainsi possible la communication et la fraternité entre tous les peuples. Cela implique une langue simple et suffisamment riche pour rendre communicable et transmissible tout type de culture.

Certes, même si l’espéranto ne repose que sur seize règles fondamentales, le vocabulaire à acquérir, comme pour toute langue, demande un effort de mémorisation. Néanmoins, la rationalité des règles est telle que l’économie de mémoire est colossale.

Pour parler plus concrètement, examinons 3 exemples. Par exemple, sachant que :
-  les noms se terminent par o,
-  les adjectifs par a,
-  le verbes à l’infinitif par i,
-  les adverbes par e, la racine rapid- donne : rapido : rapidité ; rapida : rapide ; rapidi :se hâter ; rapide : rapidement.

Deuxième exemple : les verbes. Une simple terminaison invariable avec la personne suffit à préciser le temps Présent : AS Passé : IS Futur : OS Conditionnel : US Impératif et subjonctif : U Ainsi : Mi kantas : Je chante ; Mi kantis : J’ai chanté, je chantais, je chantai ; Mi kantos : je chanterai ;Mi kantus : je chanterais ; Kantu : chante. La présence des prénoms personnel suffit et n’agit pas sur la terminaison du verbe conjugué.

Troisième exemple : le rôle des suffixes conceptuels.
- apr : racine de ce qui concerne le sanglier ; bov : racine ce qui concerne le boeuf apro : sanglier ; bovo = boeuf
- in : marque le féminin aprino = femelle du sanglier = laie ; bovino = vache id : marque la descendance aprido = marcassin ; bovido = veau apridino = marcassine ; bovidino = génisse
- ej : marque le lieu aprejo = endroit où vit un sanglier = une bauge ; bovejo =une étable

On constate ici l’économie de mémorisation de vocabulaire. Voici, entre autre, pourquoi, l’apprentissage de l’espéranto demande 10 fois moins de temps que l’apprentissage de l’anglais (en gros 150h à 200h contre 1500h à 2000h), soit environ 6 mois, à raison d’une heure par jour ou un an et demi à raison de 2 h par semaine.

La puissance combinatoire des unités sémantiques de l’espéranto est telle qu’il est possible de former des mots, d’une manière logique et par agglutination, qui ne sont traduisibles en français que par une périphrase ! L’espéranto permet une très grande précision de traduction de n’importe quelle langue. Par exemple avec la racine pluv qui donne pluvo = pluie, il est possible de former 40 mots dérivés dont certains n’existent pas en français, tel par exemple, ce qui pourrait être l’adverbe bruineusement

Ce caractère agglutinant qui fait que de nombreux mots se construisent par emboîtement de racine, préfixes et suffixes conceptuels n’est pas sans rappeler les jeux de construction, les puzzles, le jeu de Scrabble. Cela confère à l’apprentissage de l’espéranto un aspect ludique non négligeable.

C’est grâce à sa neutralité, à sa simplicité, à son universalité que l’espéranto s’est développé, par exemple, dans plusieurs pays d’Asie et notamment en Chine. On peut se référer à l’article : Internet et la Chine dopent l’espéranto : http://www.dhnet.be/infos/societe/a...

L’encyclopédie gratuite en ligne wikipédia fait un excellent exposé du rapport Grin, et on peut lire : "Ainsi, Flochon (2000 : 109) note que « l’Institut de pédagogie cybernétique de Paderborn (Allemagne) a comparé les durées d’apprentissage de plusieurs groupes d’élèves francophones, de niveau baccalauréat, pour atteindre un niveau dit ‘standard’ et comparable dans quatre langues différentes : l’espéranto, l’anglais, l’allemand et l’italien. Les résultats sont les suivants : pour atteindre ce niveau, 2000 heures d’études de l’allemand produisaient un niveau linguistique équivalent à 1500 heures d’étude l’anglais, 1000 heures d’étude de l’italien et… 150 heures d’étude de l’espéranto. Sans commentaire ».

D’autres estimations éparses dans la littérature confirment l’atteinte plus rapide de compétences en langue-cible en espéranto que dans toutes les autres langues avec lesquelles la comparaison était faite (Ministère de l’instruction publique [Italie], 1995) ainsi que les avantages propédeutiques de la langue (Corsetti et La Torre, 1995)." http://fr.wikipedia.org/wiki/Rappor...

On peut aussi se référer à l’article de Kavlan : espéranto ? pour quoi faire ? qui expose 10 raisons simples d’adopter l’espéranto comme langue auxiliaire internationale. http://kavlan.perso.sfr.fr/esperant...

"…contrairement aux autres langues dites « internationales », l’espéranto est la seule langue qui est utilisée exclusivement comme langue véhiculaire. Conçu dès le départ comme langue internationale, l’espéranto bénéficie d’une grammaire et d’un vocabulaire réguliers qui en font l’une des langues les plus rapides à apprendre et à maîtriser." (langue construite : wikipédia http://fr.wikipedia.org/wiki/Langue... )

Voir aussi : l’espéranto, une langue pour l’Europe et pour le monde http://rleb07.kegtux.org/opinions/e...

5 – Les préjugés les plus courants concernant l’espéranto et faisant obstacle à sa diffusion.

 L’espéranto serait trop simple pour véhiculer une pensée complexe ; l’art littéraire notamment.

Dans les années 1970, on évaluait à environ 10 000 les ouvrages traduits en espéranto et on en compte environ 35 000 à 40 000 actuellement issus des cultures du monde entier. En réalité l’espéranto est d’une flexibilité, d’une plasticité telles qu’elle a permis, depuis longtemps, de traduire : Hamlet de Shakespeare , Iphigénie en Tauride de Goethe, La chanson de Roland et bien d’autres chefs d’œuvres. On peut aussi, par exemple, accéder à la poésie lettone de Janis Rainis ou islandaise de Th. Hamri.

Mais pour quelle qualité de traduction ? "Comme langue de traduction, l’espéranto est certainement de celles qui, par leur précision et leur syntaxe, permettent de cerner et de suivre le mieux l’original…" "En fait, comme toute langue pratiquée, l’espéranto a évolué : par exemple, en 1887 l’espéranto comptait 912 monèmes, puis suite, notamment aux multiples traductions , ce nombre était augmenté de 2126 en 1908." (source : L’espéranto P.Janton PUF Que sais-je ?)

Actuellement l’espéranto compte suffisamment de monèmes pour exprimer et comprendre au mieux les différentes cultures."L’espéranto moderne dispose de plus de 20 000 racines avec lesquelles on peut fabriquer 250 000 mots" (source :Parlons espéranto de J.Joguin. Ed. L’Harmattan). Par ailleurs une très bonne maîtrise de l’espéranto est beaucoup moins complexe à acquérir que celle d’une langue naturelle. Un coréen maîtrisant bien l’espéranto qui traduit une œuvre coréenne (sa langue maternelle qu’il connaît bien) en espéranto permet à tout lecteur de n’importe quel pays connaissant l’espéranto d’avoir une approche plus fidèle du texte original, d’autant que l’espéranto n’imprime pas, contrairement à l’anglais, une marque culturelle nationale.

 L’espéranto serait une langue artificielle qui s’opposerait à toute langue naturelle.

Nous citerons ici Joguin : " Or, tous les linguistes savent que cette notion d’artificialité n’a aucune base scientifique : toute langue en contient toujours une part considérable. Rabelais avait déjà compris cela mieux que beaucoup de nos contemporains : "C’est abus de dire que nous avons langage naturel, les langues sont par institution arbitraire et convention des peuples" .Et en effet, beaucoup de langues dites "naturelles" ont été parfois profondément "retouchées"  : "Le sanscrit est une construction artificielle, oeuvre de linguistes et grammairiens indiens...", "l’indonésien est essentiellement une langue de communication provenant de la simplification des langues locales parlées en Indonésie.", l’italien littéraire provient de même des dialectes locaux remaniés par Dante et on peut citer encore le norvégien, le turc, le chinois moderne... " En fait, il ne faut pas perdre de vue qu’une « langue » est d’abord et avant tout un outil de communication. Pour comprendre aussi comment le français est, dans une certaine mesure une langue artificielle, on peut se reporter au site canadien : http://www.esperanto.qc.ca/fr/franc...

Il est donc erroné de considérer une langue comme une sorte d’entité biologique qui se développerait "naturellement" sans artificialité comme une plante sur un terreau. L’espéranto n’est pas une "langue à priori" ou philosophique construisant des mots et des structures artificiellement à partir d’aucune réalité culturelle et linguistique. Elle emprunte, par exemple, ses racines pour 60 à 80% (selon les sources) au latin, ce qui la rend facilement accessible aux européens : mais ce n’est pas pour autant une langue totalement indo-européenne comme nous allons le voir plus loin !

 L’espéranto étant une "langue artificielle", sans racine culturelle nationale, ne pourrait pas véhiculer un patrimoine culturel.

Une telle affirmation, partagée, par l’ex ministre de l’Education Nationale, Xavier Darcos, repose sur une méconnaissance totale de l’espéranto. Citons Darcos :

" Or la conception défendue par l’association Espéranto-France et par sa fédération du Nord d’une langue envisagée comme simple, voire unique outil de communication, et limitée dans ses fonctions à cet usage, ferait obstacle à l’acquisition de compétences d’ordre culturel. "

"…Aussi, compte tenu de ces éléments, la limitation de l’espéranto à sa seule composante de communication à la différence d’une langue classique ou vernaculaire s’appuyant sur des supports littéraires, historiques ou géographiques…il ne peut être envisagé de donner suite à la demande exprimée par ces associations d’inscrire l’espéranto comme matière à option aux examens ni de dispenser son enseignement au titre des disciplines réglementairement inscrites au programme des collèges et des lycées" (Question N° : 729 de M. Bocquet Alain ( Député Communistes et Républicain - Nord ) QE Ministère interrogé : jeunesse et éducation nationale Ministère attributaire :jeunesse et éducation nationale Question publiée au JO le : 22/07/2002 page : 2694 Réponse publiée au JO le : 14/10/2002 page : 3592.

http://www.fetesperanto.org/spip.ph... On mesure ici les conséquences importantes de ce préjugé ou alibi. . Il est inexact que l’association "Espéranto France" défende une telle conception réductrice qui est en fait celle de l’ex ministre ! L’espéranto constitue, au contraire un pont linguistique d’une puissance inégalée pour la connaissance des cultures du monde entier : l’extraordinaire variété de ses traductions le montre.

"Il est improbable, même dans les pays occidentaux, que beaucoup puissent trouver traduites dans leur langue maternelle toutes les œuvres qui l’ont été en espéranto. L’espérantiste a donc à sa disposition une sélection tout à fait représentative de la production littéraire de l’humanité et ce fait constitue, mieux que tous les essais de bilinguisme ou de trilinguisme, le seul progrès vraiment irréversible accompli à ce jour en direction d’une culture universelle". ( L’espéranto P. Janton PUF Que sais-je ?). Nous reviendrons encore sur cet aspect, lié à la question nationale.

De nombreuses personnalités scientifiques, qui n’étaient pas victimes de ces préjugés, dès les années 1920, étaient favorables à l’enseignement de l’espéranto. "L’espéranto est la meilleure solution à l’idée de langue internationale." écrivit A.Einstein. D’autres savants prestigieux partageaient ce point de vue comme le physicien français De Broglie : "L’adoption d’une langue auxiliaire assurerait un puissant progrès à l’humanité... Pour ceux qui entretiennent des relations avec des personnes de langue étrangère, une telle langue doit être la seconde langue à maîtriser ; elle leur épargnerait l’étude des autres langues étrangères le jour où la connaissance de la langue auxiliaire serait généralisée."

Avec 42 membres de l’Académie des Sciences, il émet le vœu en 1924 que l’Espéranto "chef d’œuvre de logique et de simplicité" soit introduit dans le programme des classes de Sciences et reconnu comme langue officielle dans les congrès internationaux ; avec Jean Perrin et Jean Charcot. (voir un très non grand nombre de citations de personnages célèbres favorables à une langue véhiculaire internationale comme l’espéranto : http://www.bertin.biz/index.php?tit... )

 L’espéranto ne serait pas vraiment universelle car ce serait une langue indo-européenne.

Ce paragraphe utilise des termes techniques, mais il est difficile ici de faire autrement. Pour des questions de vocabulaire, on peut se reporter à : http://fr.wikipedia.org/wiki/Cat%C3...

L’espéranto emprunte nombreuses racines aux langues européennes mais n’a pas la structure des langues européennes : elle n’est pas flexionnelle, comme le sont presque toutes les langues européennes (comme le français, par exemple). Elle se rapproche plutôt des langues agglutinantes telles le chinois, le turc, le japonais, le coréen …

Selon le linguiste américain Greenberg, l’espéranto serait la langue la plus agglutinante. Mais l’espéranto, comme le chinois est aussi une langue isolante. On comprend donc pourquoi l’espéranto a eu, et a encore, un succès croissant en Chine : ce n’est donc pas pour de pures raisons idéologiques que les chinois s’intéressent à l’espéranto ("anti-impérialisme" américain) : c’est une langue aisée à apprendre pour eux. Pour un article sur : "Langue occidentale, l’espéranto ?", on peut se reporter à : http://claudepiron.free.fr/articles...

On peut donc dire que l’espéranto possède bien un caractère universel, ce qui est en accord avec son fondement philosophique et culturel : l’universalisme.

Cette prétention à l’universalisme et à la communication entre toutes les cultures n’a pas été purement intellectuelle : elle est inscrite avec des lettres de sang : les espérantophones ont été l’objet de violentes répressions : 2000 espérantophones sont morts dans les camps de concentration nazis et 3000 ont été fusillés ou ont péri dans les goulags durant la période stalinienne. La déclaration universelle des droits de l’Homme est donc en accord avec la culture et la pratique de l’espéranto. Mais cet universalisme ne se veut pas exclusif : il respecte les langues nationales et n’a pas de prétention hégémonique.

 Le nombre de pratiquants de l’espéranto serait infime et cette langue n’intéresserait personne ou presque, et encore moins les élus.

a) Certes l’espéranto n’est pas très répandu mais sa pratique dépasse la confidentialité et est en fait une des langues les plus parlées du monde..

On dénombre environ, selon les sources , de 3 à 10 millions de pratiquants (cela est du même ordre de grandeur, au minimum, que la population de la Bosnie Herzégovine ou de l’Irlande ou de 7 fois la population du Luxembourg).

Comme toute langue qui n’est pas maternelle, il est évidemment difficile de donner avec précision des chiffres : tout dépend comment on détermine ce que signifie "pratiquer une langue". Certes, comparée à l’anglais avec 450 millions de locuteurs dans le monde, ce chiffre paraît bien modeste : mais cet "argument-massue" n’est en fait que très partiel. C’est oublier que l’espéranto reste l’une des langues les plus parlées du monde puisqu’elle fait partie des 3% des langues ayant plus d’un million de locuteurs " (Parlons espéranto de J.Joguin Ed. L’Harmattan p9).

On compte ici 3% des 3000 langues dominantes (sans compter les dialectes, ce qui donnerait un total de 6700langues), soit environ une centaine de langues parlées par plus d’un million de personnes, et dont fait partie l’espéranto.

On compte 250 congrès sur l’espéranto par an dans le monde et environ 40 000 livres traduits appartenant au patrimoine culturel de 120 pays.

En France, on compte environ 150 associations locales réparties dans 75 départements. (voir la liste à http://esperanto-panorama.net/francio ) .

Il existe 145 universités ou instituts supérieurs où l’on enseigne l’espéranto dans le monde, il y en a 50 en Chine, 4 universités en Corée du sud, 12 en Pologne… et seulement 2 en France (source : http://collard.pierre.free.fr )

Une carte européenne des sites espérantistes avec adresses des site est disponible à : http://www.esperantoland.org/gruppe...

b) Dire que les élus ne s’intéressent aucunement à l’espéranto est faux.

De juillet 2002 à novembre 2004, il y a eu 14 questions posées à l’Assemblée nationale sur l’espéranto, tant par des députés de gauche que de droite. Le peu d’impact des associations espérantistes sur l’électorat semble exclure toute démarche purement clientéliste. Voici la liste des députés :

Zumkeller Michel (UMP) - Territoire-de-Belfort Grouard Serge (UMP) - Loiret enseignement Lignières-Cassou Martine (SOC) - Pyrénées-Atlantiques Glavany Jean (SOC) - Hautes-Pyrénées Idiart Jean-Louis (SOC) - Haute-Garonne Morel-A-L’Huissier Pierre (UMP) - Lozère Forgues Pierre (SOC) - Hautes-Pyrénées Grand Jean-Pierre (UMP) - Hérault Calvet François (UMP) - Pyrénées-Orientales Perez Jean-Claude (SOC) - Aude Mach Daniel (UMP) - Alary Damien (SOC) - Gard Dolez Marc (SOC) - Nord Bocquet Alain (CR) - Nord (source : http://parole_a_tous.blog.lemonde.fr/parole_a_tous/2005/02/questions_poses.html )

À l’occasion des élections présidentielles de 2012, les candidats suivants avaient répondu favorablement à l’appel de l’association espéranto France pour que l’espéranto figure comme langue à l’épreuve du baccalauréat : Nathalie Arthaud, Nicolas Dupont-Aignan, Eva Joly, Jean -Luc Mélenchon, Philippe Poutou http://esperanto-au-bac.fr

Voici, par ailleurs, la liste des propositions de lois déposée par les parlementaires depuis 1975 : 1975. Proposition de loi n° 1667 "tendant à inclure la langue internationale Espéranto dans l’enseignement secondaire comme langue facultative" (enregistrée le 16 mai 1975 à la présidence de l’Assemblée nationale). Présentée par MM. Mexandeau, Bayou, Bastide, Frêche, Sénès, Vivien et les membres du Parti socialiste et les Radicaux de gauche et apparentés.

1979. Proposition de loi n° 1550 "tendant à inclure la langue internationale Espéranto dans l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur comme langue à option" (enregistrée le 19 décembre 1979 à la présidence de l’Assemblée nationale), présentée par MM. Laurain, Boucheron, Marchand, Madrelle, Pourchon, Rocard, Vivien et les membres du groupe socialiste et apparentés.

1980. Proposition de loi n° 67 "tendant à inclure l’Espéranto comme langue à option dans les matières d’enseignement secondaire et d’enseignement supérieur", présentée par le sénateur Palmero (4 novembre 1980). 1988. Proposition de loi n° 1246 "tendant à introduire l’espéranto comme langue à option dans le cursus scolaire et universitaire" (enregistrée à la Présidence de l’Assemblée nationale le 24 février 1988), présentée par M. Jean Roatta, député. 1995. Proposition de loi n° 2289 "relative à l’enseignement de l’espéranto" (enregistrée à la Présidence de l’Assemblée nationale le 13 octobre 1995), présentée par le groupe communiste. 1996. Proposition de loi n° 485 "relative à l’enseignement de l’espéranto" (enregistrée à la Présidence du Sénat le 10 juillet 1996), présentée par le groupe communiste. 1997. Proposition de loi n° 180 "relative à l’enseignement de l’espéranto" (enregistrée à la Présidence de l’Assemblée nationale le 20 août 1997), présentée par le groupe communiste. (source : http://www.esperanto-sat.info/artic... et http://www.bertin.biz/index.php?tit... )

En se référant à l’entre-deux guerres mondiales : "En France, le Syndicat National des Instituteurs émet un vœux en faveur de son enseignement en 1932 et un autre en 1937. Député du Rhône, Maurice Rolland dépose en 1935 une proposition de résolution "tendant à inviter le gouvernement à introduire la langue internationale Esperanto dans les programmes de l’enseignement public".

L’intérêt de son application dans diverses sphères d’activités est démontré à l’occasion d’une importante conférence internationale qui se tient à Paris en 1937 dans le cadre de l’Exposition Internationale des Arts et des Techniques dans la Vie Moderne. Il en résulte que le ministre de l’Instruction publique Jean Zay estime souhaitable d’en faciliter l’étude. Son enseignement est admis dans le cadre des activités socio-éducatives par une circulaire ministérielle du 11 octobre 1938 dont le texte est toujours valide." (http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoi...’esp%C3%A9ranto)

On peut se reporter aussi aux différentes propositions d’hommes politiques concernant l’espéranto : http://www.bertin.biz/index.php?tit...

Il serait trop long d’énumérer ici sous forme de citations d’écrivains ou autres, les arguments en faveur de l’espéranto. On peut se reporter à : http://vortareto.free.fr/argumentai...

Indiquons, au passage, que le mensuel, "Le Monde diplomatique" l’encyclopédie en ligne wikipédia publient une édition en espéranto.

 L’espéranto constituerait une menace pour la francophonie et les langues nationales et pourrait devenir une "novlangue".

"Très attaché à la langue française et au développement de la francophonie, je ne suis pas favorable à la solution des langues auxiliaires pour résoudre les problème du multilinguisme en Europe. Je considère, avec le Président de la République, que notre enracinement dans une véritable culture européenne devrait passer par l’apprentissage systématique, dans l’ensemble de l’Union, de deux langues de la Communauté en plus de la langue maternelle." Réponse par lettre de Hugues Martin (RPR), premier adjoint de Bordeaux le 22/11/1999 :à Kristian Garino (président du mouvement EDE France (Europe -Démocratie - Espéranto, enseignant en histoire-géographie).

On voit mal en quoi l’apprentissage d’une langue internationale permettant d’élargir le champ de connaissance de la sphère culturelle française ou européenne à la planète tout entière peut constituer une menace pour le français ou tout autre langue particulière.

Les espérantistes sont d’ailleurs très attachés à leur langue nationale et aux langues naturelles (Zamenhof, d’origine polonaise, créateur de l’espéranto, pratiquait d’ailleurs 5 langues)

Ainsi, par exemple, durant l’été 2002, une pétition internationale "Pour la liberté de vivre en Français " protestant contre le fait que la Commission de l’Europe voulait interdire à la France d’étiqueter en français les produits alimentaires, fut signée par Renato Corsetti président de l’Association Universelle pour l’Espéranto (AUE) Source : http://www.esperanto-sat.info/artic... et http://www.la-gauche-cactus.fr/arch...

l’article de Jacques Roman intitulé : "pour un vrai plurilinguisme" montre que espéranto n’est non seulement pas contradictoire avec les langues nationales mais peut contribuer à leur survie en évitant que l’anglais devienne hégémonique et affaiblisse le rayonnement culturel de celles-ci. http://aiic.net/page/729#authors_bio

En réalité, derrière cet "argument" selon lequel l’espéranto serait nuisible aux langues nationales, se cache une forme de nationalisme et d’européocentrisme. Ainsi, chose curieuse, seule, une langue nationale, ancrée dans une culture particulière ne saurait pouvoir être enseignée à l’Ecole faute d’un socle culturel étroitement national. Re-citons Darcos, dans un autre contexte de réponse : "En effet, en l’absence de support littéraire, historique ou géographique, l’ESPERANTO n’est pas comparable à une langue classique ou vernaculaire susceptible d’être présentée à des examens." (réponse de Xavier Darcos par lettre (MA/RZ/ND/RD/134 ?), sénateur de la Dordogne, maire de Périgueux, le 28/09/1999 à Kristian Garino, président de "Espéranto Vive" à Chambéry).

C’est oublier que l’espéranto peut être, dors et déjà, un instrument permettant de connaître la culture de 120 à 150 pays ; de lire des textes non traduits dans des langues européennes. Ainsi, il est tout à fait possible de faire commenter en français et en espéranto, un texte en espéranto traduisant un poème chinois ou vietnamien ou marocain, par exemple.

Le support linguistique de l’espéranto est en partie indo-européen par son vocabulaire (disons 75% de racines latines) et en partie extra-européen par sa structure qui la rapproche des langues asiatiques, son support géographique est la planète, son support historique l’histoire de tous les peuples du monde mais aussi de la communauté espérantophone.

L’espéranto n’a pas été créé d’un coup par Zamenhof : celui-ci était parfaitement instruit des nombreuses recherches précédentes pour construire des langues universelles, tentatives s’étalant sur 250 ans, environ, et depuis, l’espéranto, comme toute langue vivante a évolué.

Il y a été crées environ 600 langues artificielles dans l’Histoire : seule l’espéranto a réussi à avoir l’audience internationale qu’elle connaît : ce n’est pas par hasard : cela tient à sa richesse, à sa simplicité, à l’aisance de sa praticabilité écrite et orale.

Le ministère de l’Education Nationale devrait se prendre connaissance des arguments de David Kelso (a former HM Chief Inspector of Schools, Trustee and Director for Education of Esperanto-UK) qui explique pourquoi l’espéranto est la langue idéale comme propédeutique à l’apprentissage des langues et pour la connaissance de nombreuses cultures (http://www.springboard2languages.or... site anglais ; voir notamment les articles : The National Languages Strategy ; It’s been done before ! - previous experiments)

Mais, en réalité, on touche là un point sensible : celui de l’identité nationale. "La langue est le signe principal d’une nationalité (MICHELET,Tabl. Fr., 1833, p.3) Qu’importe si l’espéranto, plus que toute autre langue, puise ses sources dans toutes les cultures du monde pour s’enrichir :"Il est permis de profiter des idées et des images exprimées dans une langue étrangère, pour en enrichir la sienne" disait pourtant Chateaubriand (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 515).", elle souffre de la "tare" de ne pas être une langue nationale !

C’est donc le spectre du "mondialisme, "dissolvant" les identités nationales, qui hantent alors les esprits. Darcos ne va pas jusqu’à exprimer cela, mais il est à la frontière !

En revanche, Jean-Pierre Schenardi franchit le pas : "Nous redoutons, comme vous, l’hégémonie politique d’une nation sur les autres, mais refusons également une hégémonie mondialiste dont, de votre propre aveu, l’espéranto pourrait être le vecteur…. L’espéranto généralisé et institutionnalisé nous apparaît comme un moyen de nivellement par le bas de différences pourtant conformes à l’ordre naturel… Bref, notre profond attachement à l’Europe des Nations du Général de Gaulle et de Jean-Marie Le Pen nous commande de ne rien faire qui puisse faciliter le développement de ce qui, sans succès jusqu’ici, tente de remplacer le volapük." (lettre de M. Jean-Pierre Schenardi, conseiller régional de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur à Kristian Garino, président de "Espéranto Vive" à Chambéry, le 12/08/1999)

On retrouve aussi le phantasme d’une sorte de "novlangue" (terme inventé par le romancier Orwell dans le roman "1984"), langue artificielle construite pour empêcher de penser. La peur de la perte de son identité nationale par une langue internationale conduit, comme toute peur, à perdre le sens d’une argumentation rationnelle.

Paradoxalement, les parlementaires européens britanniques étaient parmi les plus favorables ( ou moins défavorables) à l’adoption de l’espéranto en Europe en 1997. Sur l’ensemble du parlement en 1997 (Europe des 15 à l’époque), 17,5% étaient favorables ; les 4 plus favorables étaient : Irlande (86,7%) ; Belgique (60%) ; Grande Bretagne (34,5%) ; Italie (21,8%) mais la France ne vient qu’au 8ème rang avec 10 députés favorables sur 87, soit 11,5% ! (voir : http://enotero.pagesperso-orange.fr... )

Le nationalisme linguistique est donc, semble-t-il, plus important chez les parlementaires français que chez les parlementaires britanniques.

"Depuis l’Édit de Villers-Cotterêts (1539), la langue française est un élément constitutif de l’identité nationale. Aujourd’hui, l’usage du français, langue de la République, est garanti sur notre territoire, en vertu de la Constitution (article 2), dans une perspective d’ouverture aux autres langues" (http://www.culture.gouv.fr/culture/... )

Certes, cette affirmation identitaire ne doit pas faire obstacle à l’apprentissage des langues régionales (75 en France . Pour le nombre d’élèves concernés : rapport de la DGLF http://www.culture.gouv.fr/culture/... ) et des langues étrangères (http://www.senat.fr/rap/r03-063/r03...

Voir aussi le rapport complet du sénat sur l’enseignement des langues étrangères en France puis aussi rapport de la DGFLF "Un rapport alarmant sur l’enseignement des langues étrangères en France" http://www.culture.gouv.fr/culture/...

Ce nationalisme linguistique n’est pas nouveau : il s’enracine à l’époque où la France était une puissance coloniale. J. Joguin rappelle que :

"….la fin de la guerre 1914-18 voit la naissance d’une organisation importante, la Société des Nations (S.D.N.). Dès 1920, lors de sa première séance, 11 délégations, menées par la Perse (aujourd’hui l’Iran), proposent d’utiliser l’espéranto comme langue de travail commune. Mais la France, dont la langue jouit encore du prestige international, s’y oppose farouchement et réussit à faire enterrer le projet en le rejetant en commission. De plus, le ministre Bérard interdit l’enseignement de l’espéranto dans les locaux scolaires." Bérard-Darcos, même combat !

Plus que La crainte de la remise en cause de l’identité nationale pour des raisons linguistiques apparaît clairement chez Léon Bérard alors ministre de l’instruction publique et des beaux-arts, dans ses propos de décembre 1921 : " Je considère qu’un enseignement du dialecte local ne peut être donné qu’en proportion de l’utilité qu’il offre pour l’étude et pour la connaissance de la langue nationale "

A un nationalisme linguistique colonial s’est substitué un multinationalisme post-colonial : une langue apprise doit restée nationale (ou régionale) : encrée dans un "terroir". Il est impensable que le terroir, le territoire soit la planète Terre elle-même. La Terre ,"village planétaire",ne reste qu’une figure de style, dans la plupart des esprits .

Que l’espéranto puisse être la langue de "l’intelligence collective" planétaire décrite par P. Lévy n’est une évidence que pour une petite minorité de personnes comme l’était resté le système métrique pendant plus de 150 ans après son invention.

S’il paraît tout à fait légitime de lier notre identité nationale à notre langue, il faut faire preuve de beaucoup de méfiance envers ceux qui font de la langue nationale un principe à la fois universel et exclusif : ils expriment en fait une forme de nationalisme dont l’Histoire a montré le préjudice pour les peuples. C’est la raison pour laquelle les espérantophones restent attachés aux langues nationales et ne veulent pas faire de l’espéranto une langue universelle exclusive. Nombreux espérantophones sont d’ailleurs plurilinguistes.

A vouloir prôner le multilinguisme ou la francophonie au niveau européen, les anti-espérantistes permettent en réalité un progrès constant de l’anglais au détriment du français dans les institutions européennes comme en témoignent les tableaux suivants :

LANGUES DE RÉDACTION D’ORIGINE DES DOCUMENTS À LA COMMISSION Anglais Français 1997 45 % 40 % 1999 52 % 35 % 2002 57 % 29 %

LANGUES DE RÉDACTION D’ORIGINE DES DOCUMENTS AU CONSEIL Anglais Français 1997 41 % 42 % 1999 57 % 25 % 2002 73 % 18 % "L’intégration de 10 nouveaux membres aujourd’hui est un nouveau défi : depuis le 1er mai 2004, il existe 20 langues officielles dans l’Union européenne élargie (21 langues, avec le turc, si Chypre entre réunifiée dans l’Union), contre 10 auparavant. Il en résulte que l’on doit passer, en matière de traduction, de 110 à 420 combinaisons possibles.

Les problèmes financiers et d’organisation engendrés par cette nouvelle composition, tenant notamment au manque de traducteurs-interprètes dans les langues des nouveaux arrivants, « font courir le risque d’un passage au monolinguisme », estime la Délégation générale à la langue française et aux langues de France, dans son rapport annuel, précité. " Source : sénat : Rapport n°91 :Pour une nouvelle stratégie de l’action culturelle extérieure de la France : de l’exception à l’influence de Louis Duvernois http://www.senat.fr/rap/r04-091/r04... 1er décembre 2004

Et le monolinguisme sera…l’anglais ! Est-ce le "réalisme" que nous proposent nos gouvernants ?

Les nationalistes devraient se poser cette question : "Est-il normal que je sois obligé d’utiliser une autre langue nationale que la mienne pour véhiculer ma culture, sachant que cette autre langue nationale n’est culturellement pas neutre, a ses grilles de perception, et rend possible une altération de mon identité culturelle nationale ? Ne vaut-il pas mieux d’utiliser une langue neutre ?"

D’autre part, il a été scientifiquement prouvé que l’espéranto facilite l’apprentissage de plusieurs langues nationales : elle permet donc, comme outil propédeutique, d’accéder plus facilement, y compris par l’apprentissage des langues étrangères, aux cultures nationales. L’espéranto ne s’oppose donc pas pour autant au multilinguisme.

Si l’on dépasse le stade du simplisme, même un nationaliste a intérêt à être favorable à l’espéranto, à moins qu’il ne considère que c’est la langue de son pays qui doit dominer le monde, mais dans ce cas il faut afficher clairement la nature de son point de vue : celle d’un nationalisme guerrier qui veut imposer sa manière d’être et de voir aux autres pays : 3000 ans d’Histoire ont montré où ce genre de position conduisait à chaque fois.

Mais ce nationalisme linguistique est devenu progressivement minoritaire notamment chez les jeunes : "D’où cette conclusion d’Evelyne Ribert : « Il semblerait que la mise en cause du modèle d’appartenance nationale » ne soit pas non plus spécifique des enfants d’émigrés, mais commune à l’ensemble des jeunes Français. Le nombre relativement élevé de jeunes Français, par rapport aux ressortissants des autres pays qui expriment un sentiment d’appartenance à l’Europe et au monde, ainsi que la prédominance, parmi eux, en matière de représentation de la citoyenneté, du « modèle des scrupules » (qui se caractérise par le rejet des appartenances collectives et des frontières nationales séparant artificiellement les êtres humains) accréditent cette hypothèse ».(Source : article :société. La nation, une notion qui ne fait plus recette . Marianne du 15/03/2006 ; d’après le livre : Evelyne Ribert, Liberté, égalité, carte d’identité. Les jeunes issus de l’immigration et l’appartenance nationale, La Découverte, 275 p., 23 € 50 )

En réalité, même pour l’ensemble de la population française, il ne semble pas que la langue constitue encore de nos jours l’élément premier de l’identité nationale comme l’indique le tableau suivant extrait d’un sondage de TNS SOFRES : Enquête réalisée les 23 et 24 février 2005 pour Lire la politique auprès d’un échantillon national de 1000 personnes représentatif de l’ensemble de la population âgée de 18 ans et plus. Thème : les français et la nation. Source Internet : http://www.tns-sofres.com/etudes/po... La nature du lien national

Question : Qu’est-ce qui unit aujourd’hui le plus les Français, selon vous ? Réponses en pourcentages à partir des critères donnés : - Respecter des lois et des institutions communes 46 1
- Partager une même culture et des valeurs 43 2
- Parler la même langue 29 3
- Avoir une histoire commune 20 4
- Etre nés en France 18 5
- Sans opinion 5 Le total des % est supérieur à 100, les personnes interrogées ayant pu donner deux réponses.

Le célèbre linguiste Claude Hagège analyse dans un article intitulé : "identité nationale et de langue française" (03/08/2010) constate : " L’oubli du rôle de la langue dans la définition de l’identité nationale s’accompagne, logiquement, de l’absence de l’Etat face au déferlement d’une langue qui porte une autre identité : l’anglais.

Aucun contrôle officiel ne vient contenir ce déferlement, favorisé par l’idéologie libérale, qui ouvre un vaste champ à l’américanisation du français dans tous les domaines. Ce phénomène, certes général en Europe et ailleurs, revêt en France un aspect d’autant plus caricatural, sinon tristement comique, que ce pays est celui-là même qui s’est très longtemps distingué par sa conception de la langue comme objet d’une politique concertée…"

http://www.languefrancaise.net/Info...

Les arguments des ministres de l’éducation nationale s’opposant à l’enseignement de l’espéranto sont donc en décalage par rapport à la mentalité non seulement de la jeunesse actuelle mais avec celle de l’ensemble de la population.. En outre, ils portent la lourde responsabilité de laisser notre langue nationale s’affaiblir au détriment de l’anglais, contribuant, par leur aveuglement, à faire de l’anglais la langue internationale.

 Le Volapuk, et les autres langues artificielles ont échoué. L’espéranto n’a pas réussi à s’imposer.

On voit mal pourquoi il pourrait se développer à notre époque : soyons réalistes et adoptons le globish, forme simplifiée de l’anglais.

Le globish : "De quoi s’agit-il ? D’une forme authentique mais allégée d’angloricain, limitée à 1500 mots souvent déjà connus, avec une syntaxe élémentaire, complétée de nombreux procédés pratiques de formulation pour assurer la transmission correcte du message, tant écrit qu’oral" (http://www.jpn-globish.com ).

"Kit de survie linguistique" beaucoup trop rudimentaire pour formuler une pensée complexe,… ? Non :" Car le fond du problème est là : les anglophones parlent fort mal le globish !" (Le Point du 29/04/04 )

Nous ne nous attarderons donc pas sur ce gadget et soulignerons plutôt pourquoi le contexte international devient plus favorable pour la diffusion de l’espéranto.

"… on a vu naître en quatre siècles quelque six cents langues construites, les unes à partir de langues classiques ou vivantes simplifiées, les autres autour d’un mélange de radicaux de langues mortes et modernes européennes, d’autres encore sur des critères individuels… De l’examen critique de cet ensemble de langues dites artificielles, il ressort que, pour prétendre à un brevet d’internationalité et jouer un rôle concret dans la société, une langue inventée doit répondre aux conditions suivantes :
- elle doit permettre d’écrire et de discuter sur tous les sujets, anciens et modernes, dans n’importe quel domaine de la pensée et de la connaissance ;
-  elle doit être stable dans ses règles mais évolutive dans ses capacités d’adaptation aux circonstances,
-  elle doit être asse:z souple pour absorber les innovations techniques et scientifiques en évitant toutes confusions ou interprétations incorrectes ;
-  elle doit éventuellement être porteuse d’un message,
-  elle doit rassembler autour d’elle une communauté militante et s’appuyer sur une structure vigilante et académique…."

("L’homme qui a défié Babel" p.78 de R.Centassi et H.Masson. Ed. Ramsay). C’est l’originalité et la force de l’espéranto d’avoir satisfait à tous ces critères et qui explique sa survie et son développement.

La situation actuelle a considérablement changé depuis le contexte mondial des années 1880-1980. En fait, différents facteurs rendent beaucoup plus facile ou impératif le développement de l’espéranto :
-  mondialisation de plus en plus intégrée de l’économie : développement des multinationales dont les filiales peuvent être implantées dans des dizaines de pays
-  mise en concurrence des forces de travail sur un marché du travail tendant à se mondialiser
-  débats sur la mise en place d’un traité constitutionnel européen
-  intégration des pays asiatiques dans l’économie mondiale,…
-  accroissement des échanges culturels et universitaires internationaux.
-  croissance des voyages touristiques et notamment chez les "séniors"
-  émergence et développement des nouveaux moyens d’information et de communication : télévision satellite permettant de recevoir des émissions du monde entier ; internet.
-  développement des résistances à l’ultra-libéralisme et des solidarités au travers des organisations internationales, et notamment : syndicats ; ONG et associations humanitaires ; associations altermondialistes (Attac étant la plus célèbre). La communication intra et inter organisations internationales apparaît de plus en plus comme une nécessité.

Il faut une forte dose de mauvaise foi pour prétendre que : " Quant à l’intérêt pratique d’un accessoire facilitant les communications entre les hommes, sa mise en application effective nous semble ressortir d’une utopie démodée à l’époque de l’Internet." (JP Schenardi ; cf source précédente)

C’est précisément l’inverse : il suffit de lancer des moteurs de recherche sur la toile à la recherche de sites espérantistes pour constater combien Internet favorise le développement de l’espéranto.

 L’espéranto, de toutes façons, n’empêchera pas le développement de l’anglais, largement plus répandu et "porteur".

-  D’abord l’espéranto n’a pas pour but d’affaiblir telle ou telle langue, notamment l’anglais.
-  Cette attitude est typique de la résignation. Transposons-là sur le plan politique : le libéralisme est hyper-puissant ; rien ne l’empêchera de se développer ; toute alternative est impossible. Bref, c’est la devise : "there is no alternative" (TINA) de Margaret Tatcher appliquée à la langue anglo-saxonne comme langue internationale.

On peut être extrêmement surpris que ce genre de position soit tenue par des syndicalistes ou altermondialistes qui se disent résistant au libéralisme et au système TINA, comme le nommait Chomsky !

- l’anglais demande trop de temps d’apprentissage pour permettre aux travailleurs du monde entier d’échanger entre-eux des réflexions élaborées, des conversations d’un certain niveau, ce que permet en revanche l’espéranto, mais cette possibilité fait peur aux décideurs en tous genre.

 L’espéranto ne serait pas portée par une communauté politique et ne pourrait, de ce fait, devenir une langue très répandue mondialement.

Examinons maintenant cet argument plus sérieux Citons l’encyclopédia universalis, qui affirme, après avoir dit " l’espéranto trouve, en fait, son principal ennemi dans le scepticisme qui l’entoure", le point de vue suivant : "Il n’y a pas d’exemple de langue qui ne soit portée au départ par une communauté politique, avant d’être, pour des raisons culturelles ou religieuses (le latin et le catholicisme) ou pour des raisons de domination économique ou politique (l’anglais depuis plus d’un siècle et demi), étendue à d’autres communautés. On est forcé de constater que l’espéranto se propose sur la base d’une communauté spirituelle, sans assises politico-économiques. Le succès de son entreprise en est rendu d’autant plus improbable." (fin de l’article sur l’Espéranto : très encourageant ! très neutre !) Il est exact que la langue est souvent (toujours ? Pour les 7000 langues ?) portée par une communauté politique :celle-ci peut être une nation ou une région, petite ou grande : cela fait alors référence à un territoire particulier. Or l’espéranto a aussi un territoire : la planète Terre.

C’est donc dans un contexte de mondialisation croissante, de prise de conscience des peuples qu’ils appartiennent à un même "village planétaire", que l’espéranto a le plus de chance de se développer.

L’espéranto a une assise qui n’est pas seulement philosophique : l’affirmation de l’universalisme, de la fraternité, de la justice, de l’égalité, de la liberté, ne constitue pas une simple option philosophique :l’Histoire a montré et montre encore qu’il s’agit d’un programme politique !

La même encyclopédie le dit d’ailleurs : " En 1954 et en 1985, la Conférence générale de l’U.N.E.S.C.O. a voté des recommandations en faveur de l’espéranto. Cependant, de nombreux obstacles restent à franchir : souvent pourchassé par les régimes autoritaires fascistes pour l’idéal pacifiste qu’il véhicule,….".

Oui, l’espéranto constitue un réel danger politique pour les ennemis des valeurs qu’elle véhicule et qui la fondent.

Il est inexact d’affirmer que l’espéranto ne s’appuie sur aucune communauté politique. Il suffit de consulter nombreux sites internet espérantistes pour constater que l’espéranto peut être portée par des groupes de sensibilité politique affirmée ; prenons, par exemple la FET : "La Fédération Espérantiste du Travail a été fondée en 1936 lors du Front Populaire. Son journal "Le Travailleur Espérantiste" date de 1912. "Au confluent du mouvement progressiste sur les grandes valeurs de paix, de liberté, de démocratie, d’égalité, de solidarité et de fraternité, clairement opposée au capitalisme et à la mondialisation néo-libérale, pour la justice sociale et économique d’une part, et du mouvement espérantophone d’autre part, la FET est partie prenante du grand mouvement pour la compréhension entre les peuples et les hommes par une langue non-hégémonique ." (http://francilio.org/Federation-Esp... )

Certes, il y a bien d’autres mouvements espérantophones affirmant des convictions, non pas opposées à celles-ci, mais différentes, mais cela est aussi le lot commun de toute communauté politique qui contient en son sein des convictions variées.

Quoi qu’il en soit, il existe un mouvement politique européen qui défend l’espéranto : Europe Démocratie Espéranto (EDE ; en espéranto : Eŭropo Demokratio Esperanto) créé en 2003.

On peut se reporter au site http://e-d-e.org/?lang=fr ou l’article de wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Europe...

Il est vrai qu’il est encore difficile de penser communauté politique en dehors des notions de nation, d’ethnie, de religion : l’espéranto en dépassant ces frontières physiques et mentales paraît pour certains d’une ambition irréalisable, comme cela pouvait être encore le cas hier d’abattre le mur de Berlin.

"Il existe des langues qui n’appartiennent à aucun peuple. On les dit « supranationales ». C’était la situation du latin au Moyen Âge. Aujourd’hui, le sanskrit, utilisé officiellement en Inde, est le produit d’un seul homme (Panini). Le swahili officiel, parlé en Afrique orientale, est un mélange de plusieurs dialectes organisés de manière à faciliter les échanges entre des ethnies qui utilisent des langues différentes. Malgré qu’il s’agisse là aussi d’une langue artificielle, elle a le statut de langue officielle de la Tanzanie, où on l’appelle « langue interterritoriale ». (http://esperanto-france.org/8-si-l-... )

Il est donc bien prématuré de dire que le succès planétaire de l’espéranto est improbable : rien ne dit qu’elle ne devienne pas rapidement demain , par exemple, la langue de toutes les forces politiques anti-ultralibérales mondiales trouvant ainsi, au travers l’espéranto, une identité politique commune et une cohésion dépassant les nuances ou divergences qui peuvent les diviser.

On peut raisonnablement penser que cette possibilité a évidemment déjà été envisagée par les forces politiques et économiques dominantes qui privilégient l’arme silencieuse de la chape de plomb du silence médiatique pour empêcher l’extension de l’espéranto.

 Des hommes politiques, et non des moindres, se sont déclarés favorables à l’enseignement de l’espéranto et rien n’a bougé ! Inutile d’insister, c’est une cause perdue !

Il n’est pas tout à fait exact de dire que "rien n’a bougé", puisqu’un certain nombre d’expériences d’apprentissage de l’espéranto dans le système scolaire ou universitaire ont eu lieu : collège J.Moulin de Villefranche sur Saône (1984-88) ,Cadenet, St Etienne, Toulouse, Nantes, Grenoble,…Mais il est vrai que ces expériences restent rares et ponctuelles.

Mais, événement sans précédent pour l’espéranto, dans 29 villes de 17 pays, il a été organisé le 9 juin 2012 une épreuve simultanée d’examens d’espéranto de niveaux B1, B2 et C1, dans le cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL), ce qui prouve bien que la situation évolue et ne reste pas figée. http://esperanto-france.org/IMG/pdf...

F. Mitterand, Lionel Jospin, se sont déclarés favorables à l’espéranto (Mais c’est le même Lionel Jospin qui interrompit l’expérience de Villefranche sur Saône en 1988) ; le groupe communiste de l’Assemblée nationale a déposé plusieurs projets de loi pour son enseignement. Certains députés de droite étaient aussi favorables. Et cela n’a pas abouti.

On peut s’interroger sur les causes d’une telle situation : en voici des possibles, sinon des probables :

-  la crainte des libéraux et sociaux-démocrates de voir leurs politiques économiques remises en cause par des mouvements internationaux pratiquant une langue commune facile à acquérir. On connaît la devise : "diviser pour régner". D’où aussi la loi du silence sur cette langue.
-  les préjugés ci-dessus analysés (sincères ou alibis) et tout simplement l’ignorance. La peur d’une concurrence à la francophonie notamment ; la peur de la perte du monopole de l’anglais, la crainte que l’espéranto par sa simplicité relative soit choisie prioritairement par les élèves au détriment de l’anglais, l’espagnol ou l’allemand.
-  les préjugés nationalistes et post-coloniaux qui restent vivaces malgré les deux guerres mondiales du XXème siècle
-  la situation sociale internationale pas encore arrivée à maturité
-  les moyens de communication et d’information n’existant pas encore ou à ses débuts (internet, télé satellite)
-  la force militante des mouvements espérantistes, affaiblie par les guerres et dictatures, mais aussi trop faible par rapport au poids de la chape de plomb qu’il faut soulever.
-  prise de conscience très insuffisante des organisations syndicales et mouvements associatifs internationaux de l’importance du problème linguistique : il y a plus urgent à faire ! considèrent-ils. Cas notamment du syndicalisme enseignant.

Il n’est pas inutile aussi, en la matière, de penser au système métrique. Il a été proposé par l’abbé Gilbert Mouton, prêtre à Lyon, en 1647. Il aura fallu attendre le 7 avril 1795 pour que, suite au rapport du député de la Côte d’Or, Prieur, la Convention adopte un premier décret sur le système métrique, pourtant beaucoup plus simple et puissant que les systèmes précédents. En outre, il aura fallu de nombreuses années pour que, dans la pratique, le nouveau système métrique s’impose dans toute la France. Si l’inertie idéologique était la même pour adopter l’espéranto comme langue internationale (148 ans), il faudra attendre l’an 2035, sa création datant de 1887.

Ceux qui pensent que l’espéranto est désormais une cause perdue, celle-ci n’ayant pas encore réussi à s’imposer, devrait donc réfléchir à cette inertie idéologique et sociale. Qu’ils n’oublient pas non plus, qu’en 1789, seulement 12% de la population de la France parlait….français. Il aura fallu attendre les années 1950 pour que la totalité de la population de la France parle régulièrement français.

Mais c’est ici ne pas tenir compte de la réalité des multitudes associations espérantistes en France et dans le monde. Un simple coup d’œil sur la carte européenne des associations diffusée par le site allemand esperantoland : http://www.esperantoland.org/gruppe... , bien qu’incomplète Pour la France on peut se reporter au site : http://esperanto-panorama.net/francio qui permet de mesurer l’ampleur et la vivacité du phénomène de l’espérantisme.

Sur le plan mondial, on peut consulter la liste des associations nationales : http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_d’associations_esp%C3%A9rantophones

Il est probable que la situation évoluerait rapidement si les organisations syndicales et professionnelles, le tissu associatif prenaient conscience de la nécessité pratique de disposer d’une langue internationale neutre, facile à apprendre et décident de populariser l’espéranto.

Les différentes associations espérantistes, grâce auxquelles l’espéranto survit et vit, se trouveraient alors relayées pour un changement d’échelle. Elles constitueraient un élément central pour la dynamique de développement. L’utilisation de moyens informatiques interactifs et de l’Internet permettent dès à présent un apprentissage individualisé et efficace sans pour autant rester isolé.. Les grands médias pourraient prendre alors les choses au sérieux et ne pourraient plus rester silencieux ou pratiquer la désinformation.

Mais il est peu probable que ce soient des formations politiques redoutant ou combattant la solidarité entre les peuples, ou encore les médias dominants, qui feront progresser la situation de l’espéranto aujourd’hui.

Les espérantistes utilisent les sites Internet de vidéos Yutube, Dailymotion et plus spécialement Farbskatol ( http://farbskatol.net ) à défaut de pouvoir disposer d’un accès à la télévision ou à la radio.

Mais pour les défenseurs de l’espéranto, faire que l’espéranto puisse être enseignée au collège et au lycée reste toujours une tâche importante.

 Espéranto ? Pas mal, mais il y a plus urgent à faire que de l’apprendre !

Essayons de nous placer ici dans la situation d’un syndicaliste ou d’un militant associatif type Attac, AC !,... Chômage, précarité, exclusions, salaires insuffisants, moyens matériels et humains insuffisants dans les services publics, réforme de l’assurance maladie,….Réunions à organiser ; mise au point de textes concernant le syndicalisme international,… D’accord, ces questions sont urgentes, mais sachant :
-  que de nombreux problèmes nationaux ne peuvent se régler qu’au niveau international,
-  que la mise en œuvre d’une réflexion et d’une action des salariés au niveau européen et mondial, nécessite une langue commune pour qu’elles soient largement partagées puis massives, la diffusion d’une telle langue est, elle aussi, tout aussi urgente. D’ailleurs, certains espérantistes utilisent l’espéranto pour redonner du sens, pour aider à la réinsertion : http://apsike1997.free.fr

Indiquons aussi qu’une association comme La Fédération Espérantiste du Travail (FET) a été fondée en 1936 lors du Front Populaire. Son journal "Le Travailleur Espérantiste" date de 1912. http://www.fetesperanto.org

Il existe plusieurs associations professionnelles espérantistes (cheminots, poste, commerce, enseignement avec le mouvement Freinet,…). Le terrain n’est donc pas vierge mais il serait encore plus fertile si les grandes organisations syndicales, les associations (ATTAC, Médecins sans frontières ou du Monde,…), répétons-le, prenaient le problème linguistique au sérieux et contribuaient, pour une partie, au travail de la diffusion de l’espéranto, ne serait-ce que par une simple tâche d’information envers leurs adhérents.

L’adoption d’une langue internationale a aussi un avantage vital : rendre beaucoup plus difficile la guerre entre les peuples et être un rempart non négligeable contre l’avènement d’une 3ème guerre mondiale… Mais ceci sans trop d’illusion tout de même : nous savons que des peuples parlant la même langue peuvent aussi s’entre-tuer !

Mais encore faut-il que cette langue universelle soit suffisamment riche et accessible : l’espéranto est une solution valable. Une autre serait l’ido qui est une langue dérivée de l’espéranto (encore un peu plus simple) : mais celle-ci par son instabilité n’a pas fait preuve de son efficacité. De fait, elle est restée confidentielle.

Quelle conclusion générale donner sur les arguments utilisés par les adversaires de l’espéranto ? Voici ce que dit Claude Piron, dans son livre : " Le défi des langues. Du gâchis au bon sens" (Ed. L’Harmattan) "Nous n’en finirions plus si nous voulions faire le tour des objections avancées à l’encontre de la langue de Zamenhof. Quelles qu’elles soient, on remarquera qu’elles présentent toujours les mêmes caractéristiques :
- elles ne se fondent jamais sur l’espéranto réel, c’est-à-dire tel qu’il est utilisé en pratique (par exemple sur l’observation d’une séance, le dépouillement d’une série de magazines, une analyse de textes ou d’enregistrements de conversations) ;
- elles ne s’appuient jamais sur l’étude de la documentation disponible (travaux de recherche publiés au sujet de l’espéranto réel) ;
- elles évitent toute comparaison avec les systèmes sur lesquels on est forcé de se rabattre si l’on écarte l’cspéranto ;
- elles sont formulées sur un ton tel que l’examen de la question se trouve en fait exclu (autrement dit, l’exclusion n’est pas la conclusion logique d’une analyse, c’est le résultat d’une prise de pouvoir ; elle est du même ordre que l’élimination d’un étudiant par un jury qui n’aurait pas lu ses travaux ni regardé les notes qu’il a obtenues aux divers examens). "(p254)

Le seul point avec lequel nous divergeons d’avec C. Piron est le suivant : on peut faire le tour des objections faites à l’espéranto car elles sont en nombre relativement limité et le plus souvent superficielles, ou en effet, de simples préjugés. Mais en revanche, il est exact qu’il n’est pas toujours facile de vaincre le préjugé, car celui-ci est de nature irrationnelle. L’argumentation rationnelle n’a alors pas forcément d’efficacité. Pierre André Taguieff l’avait brillamment montré dans son livre "La force du préjugée". (livre plus axé sur les racines socio-psychologiques du racisme. Ed. Gallimard)

6 - Comment apprendre l’espéranto ?

Pour apprendre l’espéranto, on peut utiliser, par exemple, logiciel Kurso de Esperanto, téléchargeable gratuitement à : http://www.cursodeesperanto.com.br/... ou à :

http://www.cursodeesperanto.com.br/... ou encore à :

http://www.01net.com/telecharger/wi...

http://ikurso.esperanto-jeunes.org/...

Certaines associations organisent des stages d’été par exemple : http://gresillon.org/spip.php?rubri...

Edukado.net http://edukado.net/multlingvaj?l=fr

Il faut avoir un lecteur mp3 sur son disque dur (type winamp par exemple) car le cours est aussi sonore et interactif ; il faut aussi disposer, évidemment, d’ une sortie sonore sur son ordinateur. Il y a d’autres outils disponibles gratuitement sur internet. mais aussi l’irremplaçable participation aux cours des associations espérantistes. L’article de Wikipédia sur l’espéranto donne une vision d’ensemble objective de cette langue : http://fr.wikipedia.org/wiki/Esp%C3...

L’encyclopédie Wikipédia consacre un portail spécial pour l’espéranto (en mer, vocabulaire, etc.) http://fr.wikipedia.org/wiki/Portai...

Les associations nationales suivantes donnent toutes les informations utiles pour apprendre l’espéranto :

Espéranto France http://esperanto-france.org

Espéranto-France, 4 bis, rue de la Cerisaie, 75004 PARIS (est aussi une librairie espérantiste) 01 42 78 68 86 M° Bastille sortie Bd Bordon

Espéranto-S.A.T Amikaro http://esperanto-sat.info 67 av Gambetta 75020 PARIS 01 47 97 71 90 et 09 50 71 01 97

Fédération espéranto Midi-Pyrénées : http://esperanto-midipyrenees.org/a...

Liste d’associations d’espéranto : http://www.esperanto-panorama.net/f...

7. Perspectives politiques pour l’espéranto.

On peut espérer que les élus de gauche, et notamment ceux du FDG, élaborent un projet de loi pour l’enseignement de l’espéranto à l’école et dans les universités.

Hervé Debonrivage


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