DECLARATION DE MANOLIS GLEZOS A L’OCCASION DE LA VISITE DE MERKEL EN GRECE

dimanche 14 octobre 2012.
 

Manolis Glezos, 90 ans, est le symbole vivant de la résistance contre l’occupation nazie. Le 30 mai 1941, il fut l’un des deux jeunes hommes qui dérobèrent l’immense drapeau nazi flottant sur l’Acropole. Condamné à mort à plusieurs reprises durant et après la guerre civile, M. Glezos a passé au total plus de 11 ans en prison. Aujourd’hui, il est député de SYRIZA (Coalition de la Gauche Radicale).

A l’occasion de la visite de la Chancelière Allemande en Grèce nous considérons notre devoir de rappeler tant à elle qu’au Premier Ministre Grec que :

1. La grande et puissante Allemagne n’a pas le droit de se dispenser de ses devoirs, privant ainsi la Grèce de son dû sur la base du Droit International, tandis qu’il n’est pas aussi permis que la Grèce abdique de ses droits.

2. Les violations du Droit International et des principes humains de l’honneur et de la morale portent en elles le danger de voir se répéter des phénomènes qui ont mis à feu et a sang l’Europe. La reconnaissance des crimes nazis constitue une garantie élémentaire que de telles monstruosités ne se répètent pas dans l’avenir.

Notre peuple n’a pas oublié et ne doit pas oublier. Aujourd’hui, il ne demande pas vengeance mais justice. Nous souhaitons que les Allemands aussi n’aient pas oublié. Car les peuples qui refusent leur mémoire historique sont condamnés à commettre les mêmes erreurs. Et il semble que Angela Merkel conduise son pays et même la partie la plus sensible du peuple, la jeunesse, sur ce chemin glissant puisque en s’adressant aux jeunes de son parti elle n’a pas hésité à dire que « l’aide a la Grèce doit être liée aux devoirs de la Grèce ». Et quid des devoirs de l’Allemagne ?

On aurait attendu de la Chancelière qu’elle fasse preuve d’une attitude analogue à celle des Alliés envers l’Allemagne, quand, en 1953, avec la suspension des paiements de la dette et l’aide économique qu’ils lui ont offerts, ils ont contribué au développement et à la reconstruction de l’Allemagne. La Grèce d’alors n’avait pas été absente de cet effort là.

Nous n’avons pas l’intention d’inviter à diner la Chancelière. Par contre nous l’invitons à visiter ensemble le Champ de Tir de Kaisariani pour qu’elle voit aujourd’hui encore, 67 ans après la fin de la guerre, que l’herbe ne pousse pas là où a été versé tant de sang. La terre n’oublie pas. Alors, les hommes aussi n’ont pas le droit d’oublier.

Il est temps d’unir notre voix à la voix du président du parti allemand de Gauche (Die Linke) B. Rixinger qui, à l’occasion de la venue d’Angela Merkel en Grèce, lui demande d’écouter la voix de ceux qui résistent aux coupes brutales qui menacent d’approfondir la polarisation dans le pays et qui avertit que la Grèce est en danger de catastrophe humanitaire.

Nous sommes déjà en train de payer cette polarisation en mon pays avec l’apparition de l’Aube Dorée. Est-ce qu’on va rester les bras croisés, attendant aussi de voir les conséquences de la catastrophe humanitaire ? Alors, il sera trop tard non seulement pour la Grèce, mais pour l’Europe toute entière.


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