Mélenchon : "L’écosocialisme, nouvelle définition de la démarche socialiste"

lundi 10 décembre 2012.
 

Le cofondateur du Front de gauche appelle ce jeudi à un changement de "centre de gravité" dans la majorité vers la gauche, dans lequel il se dit "prêt à être Premier ministre". Il met surtout au coeur de son projet l’écosocialisme, qui se trouvait déjà dans le programme du Front de gauche à la présidentielle à travers la Planification écologique.

Changement d’équilibre à gauche

"Il y a une majorité de gauche à l’Assemblée : je propose qu’elle change de centre de gravité", explique Jean-Luc Mélenchon. Qui lance : "Je suis prêt à être Premier ministre, mais je peux aussi imaginer de ne pas l’être. Qu’une coalition se fasse avec des socialistes, des écologistes et des élus du Front de Gauche, sur une ligne de rupture évidemment avec la logique capitaliste et productiviste. C’est possible".

Le cofondateur du Parti de gauche ne veut pas attendre 2017 pour proposer une alternative aux Français. Il n’entend pas non plus laisser les clés à l’aile droite du PS, qui "ne peut quand même pas prétendre prendre tout le monde en otage avec un révolver sur la tempe, sur le thème : « Celui qui n’est pas d’accord avec ce que dit M. Ayrault se prépare à donner le pouvoir au Front national. »"

2014, le point de bascule

"Le plan de marche ne date pas d’aujourd’hui", explique le leader du Parti de Gauche. "Je savais parfaitement que je ne pouvais pas d’un bond arriver sur la première marche. Je poursuis ma stratégie : essayer de passer devant les socialistes et proposer une majorité alternative de gauche." Le basculement à gauche, il le prévoit lors des municipales "et surtout les européennes à la proportionnelle en 2014".

La crise politique favorable au Front de gauche

"En réalité, on est en présence d’une double panne de synthèse politique et culturelle", affirme Mélenchon. Entre la droite qui "ne peut plus faire comme dans les années 90 et nous dire « le marché, ouiii ! »", qui ne trouve de liant que dans "la haine de l’autre, la xénophobie, la peur, la peur et encore la peur", et les "progressistes sont encore plus en faillite", qui "ne parviennent pas à proposer une réponse nouvelle aux aspirations des gens", l’espace est à prendre selon lui : "Nous sommes la force nouvelle. La nouvelle gauche."

Ecosocialisme, règle verte et valeur d’usage

"L’écosocialisme c’est le socialisme. C’est la nouvelle définition de la démarche socialiste", affirme-t-il. Prenant acte du faite que "les deux grands modèles d’organisation de la pensée et de l’action socialiste (le communisme et la social-démocratie, ndlr) se sont effondrés", Jean-Luc Mélenchon s’est replongé dans Marx, qui "décrit longuement le fait que l’homme et la nature constituent une seule et même entité vis-à-vis de laquelle le capitalisme exerce le même effet d’épuisement. L’écosocialisme n’est rien d’autre que la doctrine du mouvement socialiste refondée dans le paradigme de l’écologie politique."

Dans la pratique, l’écosocialisme doit répondre un impératif. "La « règle verte »", principe déjà présent dans le Programme partagé du Front de gauche lors de la dernière présidentielle. "Une règle toute simple, reprend Mélenchon : ne jamais s’avancer dans la voie où on dépense plus que ce qui peut se reconstituer. Une dette souveraine ou privée sont de simples jeux d’écriture. La dette écologique, elle, a une réalité objective."

"Dans la vision matérialiste de l’analyse du réel, chaque chose a une valeur d’échange et une valeur d’usage. Les socialistes sont concentrés sur la valeur d’échange, nous sommes concentrés sur la valeur d’usage. Ce sont des concepts de base du marxisme", conclut-il

Avec le PCF et les écologistes

L’écosocialisme , un moyen de draguer les voix des écologistes ? Jean-Luc Mélenchon ne s’en cache pas, mais défend la cohérence du projet. "N’importe quelle position est destinée à convaincre et à attirer. Mais pas de manière fallacieuse. Le fondamental de notre adhésion au paradigme de l’écologie politique, c’est pas la drague, c’est la cohérence intellectuelle." Et les organisations du Front de gauche ? Le PCF ? Si le patron du Parti de gauche remarque que "la position communiste est complètement étalée entre les deux bornes du possible en matière d’écologie politique : un fondamentalisme assez radical à un bout, une indifférence crasse à l’autre", il note surtout : "collectivement, il y a une prise de conscience que c’est un ressourcement de l’idéal communiste, de bien commun de l’humanité."


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