![]() |
La France Insoumise a permis l’élaboration d’un programme de gouvernement d’un niveau d’élaboration inégalé mais il faut proposer aussi un projet de société qui constitue une alternative au néolibéralisme et à la société conservatrice proposée par l’extrême droite.
L’éco socialisme constitue précisément ce projet de société alternative se développant sur cinq plans : économique, social, écologique, politique et culturelle (en incluant l’éducation).
Il nous a paru urgent de rappeler cette perspective progressiste et humaniste harmonisant les rapports des êtres humains entre eux et avec leur environnement naturel.
**
L’éco-socialisme, une idéologie, un système économique et politique qui fusionnent les préoccupations écologiques avec les principes socialistes, s’est développé comme une réponse aux crises environnementales et aux inégalités sociales du XXIe siècle. Voici une analyse méthodique des différents aspects de ce concept d’éco socialisme :
1. Fondements philosophiques
Critique du capitalisme : L’éco-socialisme considère que le système capitaliste, axé sur la recherche du profit et la croissance illimitée, est incompatible avec la durabilité écologique autrement dit, le « capitalisme vert » est illusoire..
Synthèse idéologique : Il s’inspire des traditions socialistes (justice sociale, égalité) et des préoccupations écologistes (respect des limites planétaires). Vision holistique : Prône une transformation systémique pour intégrer les dimensions sociales, économiques et environnementales dans un cadre unifié.
Dans cette perspective, l’environnement naturel et l’environnement artificiel sont intriqués.
Ainsi se préoccuper de l’urbanisme, de l’éclairage public, de l’implantation des routes et des autoroutes ou des voies ferrées font parti d’une démarche écologique.
2. Objectifs principaux
Transition écologique juste : Réduire les émissions de carbone et préserver la biodiversité tout en veillant à ne pas aggraver le corps s inégalités sociales.
Réappropriation des ressources : Mettre les moyens de production, notamment les ressources naturelles, sous contrôle collectif ou public pour garantir leur gestion durable.
Le contrôle collectif doit s’effectuer aux différents niveaux : communale, départementale, régionale, nationale.
Émancipation humaine : Promouvoir des conditions de vie dignes, réduire les heures de travail, et mettre en avant la qualité de vie sur la quantité de production.
3. Modèle économique alternatif
Post-croissance : Rejette le paradigme de la croissance économique infinie et encourage une économie axée sur les besoins réels plutôt que sur la consommation ostentatoire.
Autrement dit, la valeur d’échange doit être subordonnée à la valeur d’usage et non l’inverse comme c’est le cas dans la logique capitaliste. Économie circulaire : Favorise la réduction, la réutilisation et le recyclage pour minimiser les déchets.
Planification démocratique : Propose une planification économique participative à différents niveaux pour harmoniser les besoins sociaux et écologiques.
L’initiative populaire doit notamment être favorisée au niveau des communes et des entreprises.
4. Justice sociale et environnementale
Intersectionnalité : Reconnaît les liens entre oppressions (de classe, de genre, de race) et destruction environnementale, et propose des solutions inclusives.
Droits des peuples autochtones : Soutient les luttes des populations indigènes pour préserver leurs terres face à l’exploitation extractiviste.
Réduction des inégalités : Redistribue équitablement les ressources, y compris l’accès à une énergie propre, à l’eau potable et à une alimentation saine.
5. Politique énergétique
Décarbonisation rapide : Abandonner les énergies fossiles et investir massivement dans les énergies renouvelables (solaire, éolien, hydraulique, marine, géothermique ).
Amélioration ou modification des procédés de production en vue de diminuer l’empreinte carbone et l’énergie grise.
Isolation thermique des bâtiments développement des systèmes de régulation thermique et électrique pour diminuer la consommation d’énergie et d’électricité.
Sortie progressive de l’énergie nucléaire par substitution progressive des centrales nucléaires par des systèmes de production d’énergies renouvelables.
Pendant cette phase de transition, améliorer la sécurité des centrales nucléaires en diminuant notamment la sous-traitance. Un référendum pourrait être nécessaire pour valider démocratiquement cette orientation d’abandon du nucléaire.
Propriété collective : Développer des réseaux d’énergie locaux et communautaires, gérés démocratiquement.
Efficacité énergétique : Réduire la consommation énergétique globale grâce à l’innovation et aux changements de modes de vie.
6. Société et culture
Réappropriation du temps : Propose une société moins focalisée sur le travail et la production, en valorisant les loisirs, la créativité et les relations humaines.
Éducation et sensibilisation : Insiste sur l’éducation environnementale et sociale pour inculquer des valeurs écologiques dès le plus jeune âge.
Nouveaux indicateurs de progrès : Mesure le bien-être et la durabilité plutôt que le PIB comme indicateurs de réussite sociétale.
7. Stratégies de transition
Mouvements sociaux : S’appuie sur des coalitions entre mouvements écologistes, syndicats, associations et partis politiques progressistes.
Réformes et ruptures : Allie des réformes immédiates (taxe carbone progressive, gratuité des transports publics) à des ruptures systémiques (nationalisation des secteurs stratégiques).
Démocratie participative : Encourage la participation citoyenne dans la prise de décisions politiques, économiques et environnementales.
La diffusion massive de nouvelles technologies notamment numériques doit rester sous le contrôle démocratique des citoyens et de leurs organisations représentatives pour en mesurer l’impact sur l’emploi et la santé par exemple.
8. Défis et critiques
Résistance au changement : Opposition des élites économiques et des intérêts corporatifs qui profitent du statu quo.
Conflits internationaux : Difficulté à appliquer les principes éco-socialistes dans un monde globalisé où les rapports de force économiques et géopolitiques sont inégalitaires.
Transition complexe : Nécessité de concilier urgences environnementales et transformation graduelle des systèmes économiques et sociaux.
En somme, l’éco-socialisme au XXIe siècle vise à répondre simultanément aux crises écologiques et aux inégalités sociales en proposant une alternative globale et systémique. Il repose sur des principes de solidarité, de durabilité et de justice, et appelle à une mobilisation collective pour transformer nos sociétés en profondeur.
*
Hervé Debonrivage
Date | Nom | Message |