Les Islandais réputés impayables ne paieront pas. La cour de justice de l’Association européenne de libre-échange (AELE) a estimé finalement que l’île ne banquera pas pour les banques privées. Une jurisprudence qui va sans doute troubler le sommeil des financiers et des gouvernants. A moins qu’ils ne s’entendent une fois de plus pour trouver une imparable parade.
En attendant que les directions se triturent les méninges, nous ne pouvons qu’espérer que la nouvelle ne soit pas passée inaperçue en Grèce ou encore en Espagne. Dans la rue.
Même si les « faillites » de ces deux membres de l’UE sont assez différentes, il n’en demeure pas moins que les nouveaux usuriers y sont regardés de travers par des populations exsangues et peu enclines à leur pardonner leurs embarras de gestion.
BANQUEROUTE EN LIGNE
Donc, le président islandais, Olafur Ragnar Grimsson pavoise et sort les feux d’artifices. La justice lui a emboîté le pas et libère le contribuable de Reykjavik (et alentours) de fouiller leurs poches pour rembourser les déposants étrangers victimes de la banqueroute en ligne de Icesave, filiale de Landsbanski, première banque privée du pays.
Souvenons nous, après la faillite de la maison-mère, l’Islande avait du dare-dare prendre à sa charge son système bancaire et « nationaliser les pertes » après des décennies de bénéfices enrichissant le secteur privé.
La faillite d’ Icesave avait plongé l’île dans un haletant feuilleton politico-financier suivi avec anxiété par le monde des banquiers en émoi. Cette banque en ligne représentait la modique somme de quatre milliards d’euros de dépôts.
Pas de quoi fouetter un Jérôme Kerviel mais comme lesdits déposants étaient principalement british et néerlandais, ce furent Londres et La Haye qui raquèrent. Mais présentèrent derechef la petite note à Reykjavik.
EI,ENGU OU EKKERT ?
Et là, ça a vivement toussé. Le chef des Vikings Olafur Ragnar Grimsson (on se croirait dans Astérix) a tapé du poing sur la table et interrogé le clan des contribuables par référendum et par deux fois (2010 et 2011).Même réponse : « Nibe ! », ce qui implique une forte négation dans l’idiome du coin. (NDLR : en vrai : ei,eigi,ekkert,ekki,engu. Et oui, ces gens là ont cinq manières d’envoyer un banquier sur les roses ! )
Du coup, la Commission européenne, fort marrie de voir l’Angleterre et la Hollande le bec dans l’eau) poursuivait l’Islande devant les tribunaux arguant qu’il y avait violation de la directive selon laquelle il devait y avoir un minimum de 20.000 euros de garantie pour les déposants (100.000 à présent) d’une banque en faillite.
ETRANGER AUX AFFAIRES
Le hic est que si l’Etat est contraint de créer une telle garantie, rien de l’oblige à la garnir en deniers publics, rétorquait l’Islande. L’AELE lui a donné raison dans un jugement… définitif.
Reykjavik, malicieuse, proclame que cette décision de justice « représentera un exemple pour les années à venir dans les annales de la loi européenne » par la voix du ministre des affaires étrangères Ossur Skarphedisson. Et visiblement « étranger aux affaires » des banquiers de tous les pays, unis ou non.
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