Les docteurs en communication de François Hollande pensaient faire en sorte que ce soit carré. Ils ont au contraire fait tourner en rond leur champion. Enchaînant jusqu’à plus soif les mêmes argumentations en quatre points, François Hollande s’est trouvé confronté à la quadrature du cercle : le problème reste insoluble tant que l’austérité en demeure la donnée principale.
Ainsi, l’An I de François Hollande s’est selon lui décliné en quatre réformes essentielles : le sérieux budgétaire, le pacte de compétitivité, la maîtrise de la Finance, et l’accord national interprofessionnel (ANI). Tel un shadok, le Président Hollande s’est vanté d’avoir fait mieux en matière comptable en 2012 que ce qui était prévu par Nicolas Sarkozy, avant d’annoncer pour 2013 une stabilité de la dépense publique puis un recul de celle-ci de 1,5 milliards pour 2014. Il pompe. Evoquant le pacte de compétitivité, le Président Hollande assume la filiation avec Nicolas Sarkozy allant jusqu’à s’enorgueillir d’avoir lui réalisé ce que « ses prédécesseurs avaient prévu mais avaient reporté », soit un cadeau fiscal de 60 milliards aux entreprises. Il pompe, il pompe. Le même nous annonce avoir maîtrisé la finance en séparant les activités de dépôt des activités spéculatives, ce qui est toujours un vœu pieu. Il pompe, il pompe, il pompe. Quant à l’ANI, ce que lui appelle sécurisation de l’emploi dépouille en réalité les salariés de leurs droits et les placent sous le joug du patronat. Il pompe, il pompe, il pompe, il pompe…
Si l’AN I est heureusement terminé, l’An II qu’il affirme engager devrait au moins nous réserver de meilleures surprises. L’An II ne correspond-il pas à cette riche année révolutionnaire débutée en septembre 1793 par une première mesure aussi emblématique que l’adoption par la Convention du maximum des denrées et des salaires ? François Hollande ne s’y est pas trompé annonçant vouloir lancer une « offensive européenne ». Au programme ? Quatre points comme de bien entendu : Instaurer un gouvernement économique de la zone euro / mettre en place un plan pour l’insertion des jeunes / instaurer une coordination européenne de l’énergie / lancer une nouvelle étape d’intégration européenne. Bref, autant de choses qui au mieux existent déjà ou au pire sont des recyclages du plan proposé en 2012 par Angela Merkel pour relancer l’Union Européenne. Non seulement on tourne en rond, mais le serpent se mord la queue. Le but est bien comme le notait dans un lapsus révélateur la journaliste de France 2 quelques secondes avant le début de la conférence de presse de « faire en sorte que la France soit le bon élève…de l’Allemagne ».
L’alignement de François Hollande sur la droite allemande est en effet patent. N’est ce pas lui qui a affirmé lors de cette conférence de presse qu’il croyait à une union politique européenne et qu’il pensait « y parvenir quels que soient les gouvernements qui seront en place » puisqu’il n’est pas là selon lui question de « sensibilité politique ». Le même qui louvoie sur l’union nationale en France la prépare en la préfigurant sur la scène européenne avec tous ses amis ralliés à l’austérité !
Car pour François Hollande, l’An II c’est du concret. Fidèle à sa pathétique intervention télévisée d’il y a deux mois, le chef de l’Etat nous annonce que tout est sur la table et qu’il faut « amplifier les mesures annoncées ». Cela se résume selon lui en… quatre points : élargir les emplois d’avenir / étendre les contrats de génération / le crédit impôt compétitivité / l’accord sur la sécurisation de l’emploi. Autrement dit pour François Hollande, l’An II, c’est l’An I, mais la situation étant dégradée, c’est surtout l’An pire !
Arrivé au bout de son exposé, François Hollande s’est bien rendu compte qu’il tournait en rond. Alors qu’il commençait en affirmant que la France avait réalisé « un effort qui a permis d’obtenir du temps », entendez un délai de deux ans pour se coucher devant les injonctions de la Commission européenne, François Hollande concluait 45 minutes plus tard après des propos affligeants sur les retraites en revendiquant que les réformes n’étaient pas imposées par Bruxelles mais que : « Nous voulons les engager ». Le carré ou le cercle ? Le cercle ou le carré ?
Entre temps, et à défaut d’être mathématicien, François Hollande s’est brièvement essayé à la philosophie. Mais là encore, c’est raté. En affirmant que « douter des gouvernants est une menace pour la démocratie », François Hollande nous prouve qu’il a fait l’impasse sur les Lumières et l’émancipation du peuple. De fait, conduire des moutons qui bêlent comme les solfériniens est autrement plus aisé que s’occuper du peuple français. Mais François Hollande tarde à se résoudre au fait que ce n’est plus le Parti Socialiste qu’il dirige…
Dommage finalement que François Hollande n’ait pas été non plus poète. Alors que ses docteurs en communication lui avaient infligé le gage de prononcer 8 fois dans la conférence de presse le mot « langueur » (il a échoué au pied du poteau !), François Hollande aurait mieux fait de s’inspirer de Verlaine qui dans l’alternance entre les vers de 3 et 4 pieds nous rapproche de π et de la solution introuvable de la quadrature du cercle :
« Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon cœur
D’une langueur
Monotone »
En l’état, solution introuvable, triste perspective.
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