L’Assemblée nationale a adopté, jeudi 16 mai, une proposition de loi du Front de gauche supprimant le mot "race" de la législation française. La majorité PS s’est ralliée à cette proposition, soulignant qu’il s’agissait d’"une première étape". François Hollande s’était en effet engagé pendant la campagne présidentielle à supprimer ce terme de la Constitution.
Le texte, débattu dans le cadre d’une "niche" parlementaire réservée aux propositions du Front de gauche, se propose donc de supprimer le mot "race" du Code pénal, du Code de procédure pénale et de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. Le rapporteur de la proposition, Alfred Marie-Jeanne, a fait valoir que le mot "race", "ce concept aberrant, ayant servi de fondement aux pires idéologies, n’a pas sa place dans notre ordre juridique".
La garde des sceaux, Christiane Taubira, a salué "un acte nécessaire, noble, fort, dans une période où l’on voit une résurgence, une désinhibition du rejet de l’autre". "Le message est bienvenu", a-t-elle dit. Jean-Frédéric Poisson (UMP), avant d’annoncer que "personnellement" il s’abstiendrait, a pour sa part déclaré : "Evidemment, votre proposition a du sens (...), mais supprimer ce mot dans la législation sans l’éliminer dans le bloc constitutionnel pose un problème juridique." Il a aussi soulevé la question sémantique du remplacement du mot. "Vous proposez ’origine’ ou ’ethnie’, mais je ne suis pas sûr que ce soit satisfaisant."
Lionel Tardy (UMP), qui s’est prononcé contre, a pour sa part dénoncé "une démarche qui aboutit aux idéologies totalitaires". "On ouvre une boîte de Pandore, (...) les juges ont assez de travail comme ça !" "On ne change pas la réalité en changeant les mots", a-t-il ajouté, avant de lancer : "Vous gaspillez beaucoup de temps et d’énergie pour des chimères."
Source : Le Monde, extraits
Les députés examinent jeudi 16 mai une proposition de loi, à l’initiative des députés du Front de gauche, visant à supprimer le terme litigieux de « race » figurant dans une soixantaine de textes législatifs, comme cela avait déjà été proposé en 2003.
Le MRAP, qui, depuis sa création et plus spécialement depuis la loi de 1972 contre le racisme, explique, notamment dans ses interventions scolaires, qu’il n’y a qu’une race, la race humaine, se réjouit de cette initiative. C’est au nom de la prétendue existence de « races » que les crimes les plus monstrueux ont été commis dans l’histoire de l’humanité parmi lesquels l’esclavage et les exterminations massives et planifiées d’hommes, de femmes, d’enfants. Comme le disait le généticien Albert Jacquard : « Compte tenu des implications biologiques que tant d’écrits, de doctrines et de politiques ont accroché, de façon indélébile, au mot “race”, ne serait-il pas prudent de l’éliminer, comme on le fait d’un outil inutile et dangereux ? »
Comme l’ont écrit les députés Front de Gauche dans l’exposé des motifs de leur proposition de loi : « En supprimant la catégorie juridique de « races » nous cesserions de donner une légitimité juridique aux idéologies racistes et nous affirmerions, enfin, qu’elles s’appuient sur un concept qui n’a aucun fondement scientifique. »
Certes, la portée de ce vote sera purement symbolique : la suppression du mot « race » n’entrainera malheureusement pas la disparition du « racisme ».
Aujourd’hui, alors que vient de s’achever un quinquennat au cours duquel la stigmatisation, la xénophobie et le racisme se sont exprimés au plus haut niveau de l’État , alors que le concept de race revient en force dans certains discours extrémistes, la flambée du racisme et de la xénophobie a pris des proportions inquiétantes : 69 % des Français estiment qu’il y a trop d’immigrés (+22 % par rapport à 2009), le rapport de la CNCDH indique une hausse des menaces et actes racistes de 23 %. Des thèses racialistes se développent.
Le combat contre toute forme de racisme est avant tout un combat pour l’arrêt de la stigmatisation de catégories de personnes, Roms, immigrés... et un combat pour l’égalité des droits. L’existence sur le sol français d’hommes, de femmes sans droits, sans reconnaissance ne peut que prêter le flanc aux thèses racistes.
Pour le MRAP, la lutte contre le racisme passe par une vigilance de tous les jours et par la régularisation de tous les sans papiers, l’ accès des Roms à tous leurs droits de citoyens européens. Elle passe aussi par le droit de vote et d’éligibilité reconnus pour tous les étrangers vivant sur le territoire français qu’ils soient ou non européens et plus généralement par l’accès à l’égalité des droits pour tous les résidents.
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