19 février 1788 : Fondation de la Société des Amis des Noirs

mardi 20 février 2024.
 

Le 19 février 1788, l’abbé Henri Grégoire fonde avec quelques nobles libéraux, comme les marquis de Mirabeau, de Lafayette et de Condorcet, la « Société des Amis des Noirs ».

Inspirée par la Society for Effecting the Abolition of the Slave Trade (Société pour l’abolition du commerce des esclaves) créée en Grande-Bretagne un an plus tôt, elle prône l’abolition de la traite des Noirs dans les colonies. Néanmoins si elle a pour but l’égalité des Blancs et des hommes de couleur libres dans les colonies, elle a également le souci de maintenir l’économie des colonies françaises, et soutient l’idée qu’avant d’accéder à la liberté, les Noirs devaient y être préparés, et donc éduqués. Aussi si elle défend l’abolition immédiate de la traite des Noirs elle ne demande que l’abolition « progressive » de l’esclavage.

Société d’intellectuels au programme modéré elle agit tout d’abord par la publication d’une « Adresse de la Société des amis des noirs à l’Assemblée nationale » et par diverses interventions auprès du gouvernement, d’abord contre la traite des Noirs, puis pour l’égalité des droits des métis libres. Elle s’oppose en cela aux colons de Saint-Domingue et leurs représentants, notamment Barnave, regroupés à Paris dans le puissant Club Massiac.

Mais alors que ses membres sont entrés au gouvernement, et dans le soucis de préserver les colons, la société des amis des noirs condamne les rebellions d’esclaves qui éclatent à saint Domingue. Préférant soutenir pour lors l’accès à la qualité de citoyens aux seuls hommes libres de couleur. Ce qui aboutit à la signature du décret législatif du 24 mars 1792, consacrant l’égalité des Blancs et des hommes de couleur libres.

La société des amis des noirs dépasse néanmoins son objectif premier en contribuant à la popularisation des idées antiesclavagistes, en France et dans les colonies, et en participant au renforcement, dans la conscience de nombreux Noirs et métis, de la légitimité de leurs droits.

Et alors que les esclaves se soulèvent à Saint Domingue, Léger-Félicité Sonthonax, membre de la Société des Amis des Noirs, est obligé de proclamer, le 29 août 1793, pour préserver le sort des colonies : « Tous les nègres et sang-mêlés, actuellement dans l’esclavage, sont déclarés libres pour jouir de tous les droits attachés à la qualité de citoyen français... ». Ce qui aboutira quelques mois plus tard, le 4 février 1794, à l’abolition de l’esclavage par la Convention.

Aigline de Causans


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