Pierre Laurent : "Je lance un appel à un nouveau Front populaire de gauche"

jeudi 15 août 2013.
 

Face à la crise politique qui s’amplifie, le secrétaire national du PCF, dans un entretien avec L’Humanité Dimanche, lance un appel au rassemblement de tous ceux qui veulent construire une alternative de progrès « nécessaire » pour éviter une « explosion » qui profiterait à la droite et à l’extrême droite.

Delphine Batho, après avoir été limogée de son poste de ministre de l’Écologie, a dénoncé « le tournant de la rigueur qui ne dit pas son nom et qui prépare la marche au pouvoir de l’extrême droite ». On peut imaginer que vous êtes d’accord avec elle...

Pierre Laurent. Absolument. Les propos de Delphine Batho au lendemain de son limogeage ont visé juste en dénonçant le coeur de la crise politique actuelle : ce sont les politiques d’austérité qui affaiblissent notre pays, développent le chômage et creusent le fossé entre le gouvernement et ceux qui ont porté la gauche au pouvoir. Si cela continue, c’est effectivement la voie ouverte au retour de la droite et à une percée de l’extrême droite, comme le montrent les récentes élections partielles. Mais Delphine Batho a dit une seconde chose très importante : il ne faut pas renoncer à l’espoir du changement exprimé par le vote du 6 mai. Elle appelle à refuser le renoncement. Je m’en félicite. C’est exactement le message que j’ai lancé le 16 juin dernier, lors des assises pour un changement de cap organisées avec le Front de gauche, EELV et des dirigeants socialistes de Maintenant la gauche. Réunir toutes les forces qui refusent l’austérité, pour relancer l’ambition d’une politique de gauche qui réponde aux besoins du pays, c’est la question centrale !

Avez-vous le sentiment que la majorité socialiste et écologiste est en train de craquer ?

Pierre Laurent. Ça craque de partout pour une raison simple. Le gouvernement veut imposer une politique d’austérité qui n’a pas de majorité dans le pays. L’an dernier, les forces du changement ont voté pour une rupture avec la politique de la droite et de Nicolas Sarkozy, et appelaient à une relance sociale, industrielle et écologique massive. Dès lors que le gouvernement mène une politique contraire à ces aspirations, il n’y a pas de majorité, comme l’ont montré, là encore, les récentes élections. La seule manière de s’en sortir est de changer de cap. Les craquements vont s’amplifier : les débats au PS et à EELV viennent de cette rupture avec le pays qui souhaite toujours le changement. Si le gouvernement persiste dans cette voie, il aggravera la crise politique. Moi, je veux travailler à une issue positive par la remobilisation politique de tous ceux qui veulent que ça change. Je lance un appel à un nouveau Front populaire de gauche, un grand front d’action politique et social pour faire respecter la volonté populaire de changement.

Delphine Batho a imputé son départ au lobbying de forces économiques, n’est-ce pas une bataille que le gouvernement a refusé de mener ?

Pierre Laurent. On l’a vu dès le premier jour. Les forces de l’argent, les grands actionnaires et les fortunes sont mobilisés pour empêcher le changement. Quand on entend le nouveau président du MEDEF, Pierre Gattaz, dire que ses deux ennemis sont le Code du travail et les cotisations sociales payées par les entreprises, et demander 100 milliards de nouveaux allégements, on sait à quoi s’attendre. La politique de gauche qu’il convient de mener ne peut que s’appuyer au contraire sur les forces populaires dans le pays. Quand il prend des mesures qui désarment les citoyens face à la finance, le gouvernement s’affaiblit lui-même et se met sous la pression des pouvoirs de l’argent. Il n’y a aucune fatalité à cela. Le pays peut soutenir un pouvoir de gauche qui se bat face aux forces de l’argent.


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