Eté 2013 Les banques se gavent sur les marchés

jeudi 15 août 2013.
 

Avec des résultats multipliés par deux ou par six au deuxième trimestre, les banques françaises accentuent leurs dépendances aux marchés, suppriment des postes plutôt que de financer l’économie.

Ramasser des profits en stimulant la crise, en alimentant l’envolée financière et en réduisant les effectifs. C’est, en résumé et à la lecture de leurs résultats pour le premier semestre, la stratégie que semblent avoir adoptée les banques françaises pour contenter leurs actionnaires. Une multiplication par deux pour la Société générale ou par six pour le Crédit agricole SA, entre avril et juin, il n’y a aucun doute  : avec respectivement 955 et 696 millions d’euros de profits, les résultats sont «  supérieurs aux attentes  ». Les actions s’envolent et ce malgré l’environnement économique toujours chaotique. Avec des records réalisés via les banques de financement et d’investissement (BFI), autrement dit celles qui agissent sur les marchés financiers, la financiarisation est de nouveau en ordre de marche.

Pour le Crédit agricole qui a communiqué, hier, l’apport de la BFI au groupe est de 254 millions d’euros (en hausse de 38 %). La Société générale, la semaine dernière, a également fait état d’une solide «  performance  » de ses activités de marché au deuxième trimestre en multipliant par près de trois, à 374 millions d’euros, son résultat net pour un chiffre d’affaires en hausse de près de 40 % à 1,69 milliard. Seule la BNP Paribas a de son côté constaté une baisse de près de 40 % de cette division, mais envisage de faire progresser la gestion des actifs de 10 % au cours des trois prochaines années. Pas de panique cependant, malgré les reculs, la première de la classe affiche, tout de même, un bénéfice trimestriel de 1,76 milliard d’euros.

Les restructurations lancées l’an dernier ont ouvert la voie à ces superbénéfices. Selon l’étude sur l’emploi réalisée par l’Association française des banques, le syndicat patronal des banques, l’année 2012 a marqué un tournant  : le nombre de personnes travaillant dans le secteur bancaire français a diminué de 1,6 %, du jamais vu depuis treize ans. Mais la saignée se poursuit. En septembre, la banque d’investissement française Natixis devrait annoncer la suppression de 500 à 700 postes dans le cadre d’un plan de départs volontaires.

Si cette destruction d’emploi s’est principalement réalisée dans les BFI, avec des réductions d’effectifs de 5 %, dont 10 % dans les activités de front office (- 20% chez les traders par exemple), les banques passent à l’étape suivante. En développant les banques en ligne, les groupes ne cachent plus leur volonté de supprimer des postes d’accueil, voire même des agences. Une étude de décembre 2012 du cabinet Roland Berger estimait ainsi que 2 % à 4 % des agences bancaires pourraient, chaque année, fermer leurs portes. La banque de détail représente 70 % des salariés du secteur.

La Société générale a fait passer en février son plan d’économies de 550 à 1 450 millions d’euros. De son côté, la direction du Crédit agricole a annoncé avoir réduit ses effectifs dans le monde de 9,5 % entre le deuxième trimestre 2012 et le deuxième trimestre 2013, soit l’équivalent d’environ 8 000 postes. Au niveau des caisses régionales, après 279 suppressions de postes en 2012, le groupe envisage d’en supprimer encore 1 400 en 2013, selon des informations parues dans la presse en début d’année. Déçue par les résultats de sa banque de détail en France, la BNP, elle, n’hésite pas à supprimer des emplois en France pour recruter 500 effectifs outre-Rhin, là où la conjoncture paraît plus favorable. Au final, la loi bancaire votée à la mi-juillet, plutôt que de s’attaquer à l’ennemi, semble l’avoir dopé.

500 000. C’est, en euros, le montant de l’amende infligée par l’Autorité des marchés financiers à la Société générale pour « lacunes dans la mise en œuvre » d’une procédure d’audit dans ses activités de fonds de gestion et pour ne pas s’être munie « de moyens informatiques suffisants pour son activité  ». Cette amende s’ajoute à une première amende, d’un montant de 280 000 euros, prononcée par l’AMF en juillet dernier, lui reprochant « de ne pas avoir servi au mieux l’intérêt des porteurs » en évaluant de façon « précise et indépendante des produits financiers complexes » 
vendus par le fonds commun de placement (FCP) Sgam Invest Prudence PEA.

Clotilde Mathieu, L’Humanité


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