L’audience politique du Front de gauche s’accroît

lundi 4 novembre 2013.
 

Yves-Marie Cann, directeur adjoint..., note tout d’abord que "le Front de gauche semble désormais s’inscrire durablement comme force politique à la gauche du Parti socialiste".

Celles et ceux qui ont tenté cette stratégie politique dès l’automne 2008 ne peuvent qu’être satisfaits de ce constat.

Dans une note détaillée, l’institut de sondages CSA pointe un vote Front de gauche toujours ancré sur les terres historiques du PCF, mais aussi en voie d’élargissement, 
avec un socle électoral qui s’accroît.

Une nouvelle phase s’ouvre dans la géographie du vote Front de gauche. Se livrant à une étude fine des scrutins nationaux depuis 2007, Yves-Marie Cann, politologue et directeur adjoint du pôle opinion de l’institut CSA, relève un élargissement récent du socle électoral de la coalition.

« À l’issue des élections européennes de juin 2009, la géographie du vote Front de gauche présente de nombreuses similitudes avec celle du Parti communiste, écrit le politologue, tant les zones de force semblent se superposer quasiment parfaitement. À son origine, la dynamique électorale du Front de gauche s’appuie, en effet, sur les bastions historiques du Parti communiste. » Le premier tour de la présidentielle de 2012 témoigne d’un renouvellement en apparence assez limité, avec une carte électorale qui « démontre que le Front de gauche prend à nouveau appui, au moins en partie, sur sa capacité à mobiliser sur des territoires déjà empreints d’une tradition de vote en faveur du Parti communiste et de ses représentants ». Tout en témoignant d’une « capacité à emporter sur son nom une partie de l’électorat socialiste ».

À ce phénomène s’ajoute une nouveauté, «  un processus d’autonomisation des votes par rapport aux terres communistes  », note Yves-Marie Cann. Entre 2009 et 2012, «  le candidat du Front de gauche est ainsi parvenu à élargir son socle électoral, en particulier dans le quart nord-ouest du pays. C’est notamment le cas en Loire-Atlantique et dans le Finistère. L’ouest du Maine-et-Loire ainsi que le nord de la Vendée n’échappent pas à ce phénomène. Les gains de voix apparaissent en revanche beaucoup plus limités dans le Trégor et le centre Bretagne, historiquement plus favorables au PCF.  » Des gains qui pourraient s’expliquer en partie par le poids de l’emploi public dans ces territoires, comme celui de l’emploi industriel.

Mais plus au sud, où le Front de gauche enregistre fréquemment ses meilleurs scores, l’élargissement de la base électorale se vérifie lui aussi. Singulièrement «  sur les terres à dominante socialiste de la Haute-Garonne, du Lot et de l’Ardèche  ».

À l’inverse, note l’institut, «  les territoires traditionnellement ancrés à droite échappent à ce mouvement  ». Il s’agit notamment du Cantal et de la Haute-Loire en Auvergne, et de la bordure littorale de la région Paca (Var et Alpes-Maritimes en particulier). Enfin, il est probable que la progression assez limitée observée dans le centre du pays (Corrèze en particulier) s’explique par l’influence de François Hollande et son ancrage politique local.

S’intéressant cette fois au candidat Jean-Luc Mélenchon, Yves-Marie Cann relève que ses fréquents appels au vote ouvrier, électorat populaire que le candidat du Front de gauche se dispute ouvertement avec Marine Le Pen, «  semblent n’avoir rencontré qu’un écho limité. Avec 14 % des suffrages exprimés chez les ouvriers au soir du premier tour de la présidentielle (enquête “jour du vote” CSA pour Direct Matin), Jean-Luc Mélenchon y fait certes un score supérieur à sa moyenne nationale mais il apparaît distancé par la candidate frontiste (28 %), celle-ci faisant quasiment jeu égal avec François Hollande (31 %).  »

Pour le politologue, la raison pourrait en être le décalage entre les prises de position très dures de Jean-Luc Mélenchon envers l’exécutif et la réalité d’un électorat ouvrier qui prend le contre-pied, et se montre enclin à voter «  utile  » et à donner sa chance au nouveau pouvoir.

«  Le Front de gauche peine toutefois à capitaliser sur l’impopularité de l’exécutif et l’absence de résultats tangibles sur le front de la lutte contre le chômage et du pouvoir d’achat, premières préoccupations des Français  », écrit Yves-Marie Cann. L’agenda politique des prochains mois «  devrait cependant lui offrir une opportunité en la matière  ». La préparation du budget 2014 et la prochaine réforme des retraites sont autant d’occasions d’élargir le socle de ses soutiens.

« En 2012, 62 % des électeurs de Jean-Luc Mélenchon motivaient leur vote par le souhait que le 
représentant du Front de gauche ait davantage d’influence dans la vie 
politique. » L’ancien candidat du Front de gauche peut ainsi se prévaloir d’un électorat fidélisé, «  89 % de ses électeurs à l’élection présidentielle en ont une image positive  », relève Yves-Marie Cann, ce qui «  préserve ainsi un vivier stratégique dans la perspective des prochains scrutins  », et singulièrement les européennes de 2014.

Lionel Venturini, L’Humanité


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