Intermittents : très forte mobilisation parisienne

dimanche 23 mars 2014.
 

Très forte mobilisation des intermittents parisiens cet après-midi 20 mars pour une manifestation qui allait du carrefour de l’Odéon aux beaux quartiers du 7e arrondissement, devant le siège du Medef.

Là devait se tenir le dernier round des négociations autour d’une nouvelle convention de l’assurance chômage de l’Unedic dont le journal Le Figaro avait dit connaître la conclusion. Il avait titré le matin même, sur deux lignes et dans toute la largeur de sa Une : « Intermittents du spectacle, la réforme n’aura pas lieu ». Et pour bien cultiver le ressentiment de son lectorat, un sous-titre agitait « un déficit qui dépasse le milliard d’euros » (sic) et déplorait que l’on ne touche pas « aux conditions d’indemnisation chômage avantageuses » (resic) de la bande de gueux en question. Lesquels ne sont pas démobilisés pour autant et avec raison car les infos du quotidien Dassault étaient bien sûr fausses de bout en bout.

Dans la manif, des affichettes posaient d’ailleurs deux questions frappées au coin du bon sens : « Qui est privilégié ? » et « Qui abuse ? » Les négociateurs du Medef, si prompts à traquer « l’effet d’aubaine » qui fausse « l’égalité devant le chômage », n’auraient pas eu à chercher bien loin pour y répondre. Mais en réalité, la manœuvre médiatique revenait à instrumentaliser une fois de plus les intermittents pour camoufler la politique de destruction de l’ensemble des droits sociaux des salariés voulue par le Medef. Aussi, les organisateurs de la coordination des précaires et des syndicats avaient-ils pris soin d’ouvrir le cortège par une délégation de « chômeurs rebelles », tout ce qu’il y a de plus classique, c’est à dire relevant du régime général. Elle était immédiatement suivie par un groupe d’intérimaires, dont la particularité est traitée par l’annexe 4, dont le Medef persiste à vouloir l’abrogation qui coûterait à ces travailleurs précaires une perte sèche de 70 à 360 euros mensuellement. Car les intermittents ne luttent pas comme les espaces publicitaires Decaux des abribus le signalaient à leur insu pour le seul maintien de leurs droits mais « pour un statut unique ».

Et c’est bien sûr ce qui inquiète si fort le patronat. En ces temps de flexibilité, le salarié à temps plein devient aussi rare qu’un bol d’air pur parisien. Il ne faudrait surtout pas que les salariés des métiers du spectacle, qui ont une longue expérience de la précarité, et qui se sont battus pour obtenir ces garanties qui leur permettent de vivre à peu près décemment, fassent école. Car si l’intermittence généralisée est bien le projet de société du Medef, il n’entend pas la financer. Il n’envisage pas là sa « responsabilité » ni autre part d’ailleurs, n’en déplaise à Hollande et son pacte.

Jean-Luc Bertet


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