Grand mouvement en Espagne pour la République

jeudi 12 juin 2014.
 

"Referendum Ya" : des milliers d’opposants à la monarchie se sont mobilisés depuis l’abdication du roi Juan Carlos. De grandes manifestations ont eu lieu ce weekend à Madrid et partout en Espagne pour réclamer un référendum sur un retour à la République.

"L’Espagne, demain, sera républicaine", criaient les manifestants défilant dans le centre de Madrid, dans une nuée de drapeaux rouges, or et violets, les couleurs de la deuxième république espagnole, proclamée en avril 1931 et balayée en 1939 par la dictature franquiste, après trois ans de guerre civile. Samedi, des dizaines de partis politiques de gauche et organisations citoyennes avaient appelé à de nouvelles manifestations, réclamant "Un référendum Maintenant" sur l’avenir de la monarchie et l’instauration d’une troisième république. Les manifestants ont envahi les rues de nombreuses villes, comme au Pays Basque ou à Valence. "Le moment est venu de demander au peuple quel genre de chef d’Etat il veut", lançait Jorge Lopez, un universitaire de 31 ans, et électeur d’Izquierda Unida. "Dans les années 70, au début de la démocratie, on a profité du fait que les gens avaient peur d’un retour de la dictature pour nous imposer une monarchie qui n’est pas majoritaire". "Chefs d’Etat par les urnes, pas de naissance", "Les Bourbon, aux élections", proclamaient les petites pancartes émergeant de la foule.

Une crise institutionnelle

Dès le soir du 2 juin, quelques heures après l’annonce par Juan Carlos, âgé de 76 ans, de sa décision d’abdiquer, une vague républicaine a envahi le pays. Juan Carlos a désigné du doigt son successeur, le prince héritier Felipe, qui s’apprête, à 46 ans, à devenir le prochain roi d’Espagne. Il prêtera serment, probablement le 19 juin, devant le Parlement. Auparavant la Chambre des députés puis le Sénat auront voté une loi autorisant l’abdication de Juan Carlos. Mais le résultat est scellé d’avance, les deux partis de gouvernement, la droite au pouvoir et le parti socialiste sont favorables à la monarchie. Seulement avec ces trois dernières années d’austérité, les outrances de la famille royale et les scandales financiers qui ont entaché la fin de règne, ont fait plonger la popularité de l’institution monarchique.

La vague républicaine rallie en particulier les plus jeunes, qui n’ont pas connu l’arrivée sur le trône de Juan Carlos le 22 novembre 1975, deux jours après la mort de Francisco Franco. "Nous venons parce que nous ne voulons plus d’une monarchie en Espagne", résume Maria Cabrera, une jeune manifestante. "Le roi ne sert à rien, tout ce qu’il fait, c’est dépenser de l’argent", dit-elle en évoquant le scandale judiciaire dans lequel Cristina, la soeur de Felipe, est inculpée de fraude fiscale. Et un sondage récent vient renforcer les aspirations des manifestants. 62% des Espagnols interrogées pensent ainsi qu’un référendum devrait être organisé "à un moment ou à un autre" pour décider si le pays doit demeurer une monarchie ou redevenir une république.


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