La « fronde » au sein du PS est une fièvre bénigne du système

lundi 21 juillet 2014.
 

C’est dans ce contexte qu’a pris place l’épisode du vote dans les assemblées du nouveau budget de l’Etat et de la Sécurité sociale. Il s’agissait pour Valls d’inscrire dans la loi le cadeau de 50 milliards au MEDEF promis par Hollande. C’est donc l’acte fondateur de son mandat de Premier ministre et le vote phare sur le tournant libéral assumé du quinquennat. Le débat et le vote prennent donc deux sens. L’un concerne le symbole politique en cause pour un parlementaire de gauche. Le second implique le diagnostic économique que l’on engage. Pour résumer sur ce dernier point, il s’agit de savoir si le problème c’est le coût du travail ou celui du capital. Si ce sont les cotisations sociales ou le carnet de commande qui est l’urgence. La montée en puissance médiatique des frondeurs avait fait penser que l’importance du sujet déclenchait la prise de conscience et le sursaut parmi les parlementaires PS et Verts qui auraient ouvert une nouvelle phase politique dans laquelle une majorité alternative de gauche pouvait se constituer au Parlement et sinon dans le pays. On connaît le résultat. Rien sur le budget de l’État, sinon de maigres abstentions éparpillées à l’Assemblée nationale. Au Sénat ce fut pire. Tous les socialistes ont fait bloc en votant pour Valls. Ainsi a voté Marie-Noëlle Lienemann, qui par ailleurs fait des propositions de « plateformes alternatives à gauche » entre bons amis de la gauche plurielle ! Arrivé au vote sur le budget de la sécurité sociale où se nichait l’essentiel du cadeau au MEDEF, le dépit est double. Non seulement les effectifs de frondeurs ont fondu au PS, mais ce qui en est resté s’est aligné sur le moins disant.

Ce fut l’abstention. Un vote absurde, je n’hésite pas à le dire. Que signifie-t-il ? Que les frondeurs s’en remettaient au vote des autres composantes de l’Assemblée pour prendre la décision. De qui peut-il s’agir ? Pas de nous, les députés du Front de Gauche sont trop peu nombreux. C’est donc de la droite que devrait venir l’échec du plan Valls ? Imagine-t-on le contresens si une telle mésaventure s’était produite ? Bien sûr ce n’est pas ce que voulaient les abstentionnistes. Mais cela montre bien la limite d’une attitude où l’on refuse d’assumer ses responsabilités jusqu’au bout. Car dans un sujet aussi grave et central que les budgets de l’Etat et de la sécurité sociale, l’exigence morale est qu’il faut trancher et prendre ses responsabilités. Ceux qui votent contre doivent se considérer comme investis du devoir de proposer une autre politique, un autre gouvernement. On ne gouverne pas un pays par abstention ! Le vote des budgets est fondateur de la majorité et des oppositions. L’abstention signifie que les frondeurs ne sont pas dans l’opposition de gauche comme nous-mêmes. Soit. Quel est alors le sens de leur fronde ? Il s’agit d’un acte interne au PS de désaccord sur la ligne, je l’entends bien. Mais l’Assemblée nationale n’est pas un congrès du PS ni son conseil national ! C’est le lieu d’où l’on est censé gouverner le pays. Du coup, le feuilleton de la « fronde » qui fait pschitt a masqué l’essentiel : le contenu du plan et les 50 milliards offerts au MEDEF. Double victoire pour Valls qui a remarquablement manœuvré dans cette affaire. D’une part son plan a été adopté. D’autre part « l’alternative à gauche » parait plus lointaine que jamais. En tous cas plus politicienne que jamais. Des gesticulations périphériques y ajoutent encore une touche de combines supplémentaires.


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