30 mai 1854 : création du bagne de Cayenne

samedi 2 juin 2018.
 

Le 30 mai 1854, sous le Second Empire, une loi relative aux travaux forcés officialise la création d’un bagne à Cayenne, en Guyane sur la « terre de grande punition ».

Situé sur l’Anse du Chaton, non loin de la Pointe de Buzaré, à Cayenne en Guyane française, le pénitencier accueille tout d’abord des prisonniers politiques opposés au Second Empire, suivi par de nombreux communards et enfin rejoint par l’ensemble des délinquants récidivistes ayant reçu deux condamnations à la prison sur une période de moins de 10 ans suite à la loi du 27 mai 1885.

Les bagnards, dits « transportés », y sont astreints à de durs travaux forcés (assainissement des marais ou entretien des installations portuaires, construction de routes) et parqués dans différents camps.

Si l’objectif premier de cette « guillotine sèche », comme on l’appelle alors, est de remplacer les bagnes des ports métropolitains, Rochefort, Brest et Toulon, il s’agit aussi de peupler la colonie. Aussi selon le principe du « doublage », les survivants ont l’obligation de résider dans la colonie pendant autant de temps qu’ils y ont été incarcérés, voire toute leur vie si leur peine est supérieure à huit ans. L’administration pénitentiaire espère de la sorte contribuer à la mise en valeur de la colonie. Mais sous le climat tropical, les conditions sanitaires déplorables auxquelles s’ajoutent des mauvais traitements favorise les maladies (dont la malaria) qui limitent l’espérance de vie moyenne des « transportés » à 5 ans, font échouer ce projet.

Le journaliste Albert Londres décrit ces conditions inhumaines d’incarcération « Ici, morts vivants, dans des cercueils - je veux dire des cellules -, des hommes expient, solitairement ». La suppression du bagne est finalement voté le 17 juin 1938, par l’initiative de Gaston Monnerville, petit-fils d’esclave guyanais devenu sous-secrétaire d’État aux Colonies. Mais elle ne devient pas effective immédiatement, un dernier convois de 666 relégués est envoyé en novembre 1938. Ils ne seront que 145 à revenir en métropole en 1946, lors de la fermeture définitive du bagne, lorsque la Guyane devient un département d’outre-mer. Au total 68 000 bagnards seront passés par Cayenne durant les 90 années de fonctionnement du bagne.

Aigline de CAUSANS


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