Travail des femmes : les inégalités perdurent

jeudi 8 mars 2007.
 

Dans l’Hebdo des Socialistes numéro 488, Dominique Méda ( sociologue, spécialiste de politique sociale) analyse les raisons des discriminations persistantes entre hommes et femmes, tant en termes d’emploi que de salaires.

Bien que l’on tente de nous faire croire qu’elles sont en voie de résorption, les inégalités professionnelles entre hommes et femmes persistent. La première des inégalités concerne l’accès à l’emploi : une différence de 13 points subsiste en matière de taux d’emploi entre les hommes et les femmes de 25 à 54 ans. Elle s’explique en grande partie par le fait que, à la différence des hommes, l’activité des femmes dépend encore de la présence, du nombre et de l’âge des enfants. Plus ceux-ci sont nombreux et plus le dernier-né est jeune, plus les taux d’activité féminins sont faibles.

Cette situation s’est renforcée à partir de 1995, lorsque l’allocation parentale d’éducation (APE) a été accessible dès le deuxième enfant et a incité les femmes peu qualifiées à se retirer du marché du travail : le taux d’activité des mères de deux enfants est aujourd’hui, pour les mères dont l’un des deux enfants est âgé de moins de trois ans, de 59% (contre 96% pour les hommes dans la même situation). Le bienfait public que constitue l’arrivée d’un enfant (et dont tout le monde s’enorgueillit) se paye donc d’un sacrifice professionnel supporté par les seules femmes.

La pénurie de modes de garde (seuls 36% des moins de 3 ans sont accueillis dans des modes de garde organisés) l’explique en grande partie.

Lorsqu’elles sont en emploi, les femmes travaillent beaucoup plus à temps partiel que les hommes : plus de 30% d’entre elles occupent cette forme d’emploi (contre 5% des hommes). Certes, le temps partiel est en partie « choisi », même si ce choix est sous contrainte et peut s’expliquer par l’insuffisance des modes de garde, l’inadaptation des horaires de travail au rythme des modes d’accueil et de l’école ou la faible participation des pères aux tâches parentales.

Mais il est aussi « subi » : près d’un million de femmes en sous-emploi souhaiteraient travailler davantage. Le Conseil de l’emploi, des revenus et de la cohésion sociale (CERC) a mis en évidence combien ces temps partiels très courts alimentaient la spirale de la pauvreté laborieuse féminine. Des études récentes ont montré que si l’on prenait en considération le temps partiel et le chômage,en fait l’activité féminine n’augmentait plus.

Les femmes forment les gros bataillons de l’emploi peu qualifié, mal payé : 30 % des femmes occupent des emplois dits non qualifiés. Toutes ces différences (de durée du travail et d’emploi dans des secteurs peu rémunérateurs) se conjuguent pour expliquer les écarts de salaires : si l’on considère l’ensemble des personnes en emploi, cet écart s’élève à 27% : le temps de travail explique le tiers de cet écart ; les différences structurelles - de qualifications individuelles, d’expériences professionnelles, de type d’emploi occupé - comptent pour 40% des raisons. Le quart restant est inexpliqué et s’apparente fortement à de la discrimination pure. Toutes ces distinctions à l’oeuvre sur le marché du travail se répercutent fidèlement sur le montant moyen des retraites des femmes, qui, pour les seuls droits directs,correspond seulement à 44% de celui des hommes.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message