PODEMOS : Fulgurante percée et choix immédiats

dimanche 3 mai 2015.
 

La fulgurante percée d’une force politique progressiste nouvelle, « Podemos », a réjouit tous ceux qui souhaitent, pour paraphraser le communiste Julio Anguita, ex coordinateur de « Izquierda Unida », ouvrir une brèche dans un système cadenassé par la monarchie, les classes dominantes et le bipartisme (PP-PSOE) à leur service. Une brèche profitable à tous les courants anti-néolibéraux, à tous ceux qui s’y engouffreraient afin de l’élargir et bâtir ensemble une vraie alternative.

« Podemos » a su analyser le moment inédit que vit l’Espagne, la crise du politique, la faillite des « partis traditionnels », et réagir avec « nouveauté », en appeler directement à la société. Son concept de « caste » est devenu populaire, mobilisateur ; le nouveau parti a réussi à politiser et à mobiliser une partie des « désenchantés », de la jeunesse, des abstentionnistes...

« Podemos » ne se contente pas de capitaliser le vote anti-système, de refus, de rejet des formes traditionnelles de la politique, de la corruption érigée en méthode de gouvernement, mais il affiche sa volonté de « aglutinar » pour gouverner.

Si l’on compare cependant le programme de « Podemos » lors des européennes et l’actuel, ce dernier apparaît moins « radical ». Il n’y est plus question par exemple de la République, de la laïcisation, de plusieurs revendications féministes... Le parti de Pablo Iglesias veut rassembler large et assume ses « ambiguïtés calculées ». Cela lui est reproché par la coalition « Izquierda Unida » et les communistes, qui constatent en outre que l’émergence de « Podemos » et le rapprochement des échéances électorales municipales, régionales et générales, ont désamorcé le mouvement social.

« Podemos » refuse un front commun d’organisations, s’en tient à sa propre feuille de route (ce que certains assimilent à une volonté d’hégémonie) et propose la convergence... Son refus des « étiquettes » a même conduit à créer à Madrid, une organisation politique (« Ahora Madrid »), qui ne durera que le temps d’une élection municipale.

L’enjeu fondamental de l’actuelle recomposition de forces demeure cependant, pour les uns et les autres : « rupture démocratique » ou restauration.

Les relations entre « Podemos » et IU (divisée, surtout à Madrid), les communistes, sont pour l’heure mauvaises, conflictuelles. « Podemos » a émergé au moment, tardif, où IU s’engageait dans une mutation nécessaire. Pour Julio Anguita : « Podemos » a occupé l’espace que nous (IU) avons laissé vacant. L’ex secrétaire général du PCE en appelle a « soutenir Podemos », et à une « refondation » de la coalition IU, à une rupture avec « la Transition » et le PSOE.

« Podemos » est désormais confronté à la question des alliances, d’une « nouvelle majorité ». Et concrètement déjà en Andalousie où il doit négocier avec le PSOE (après les élections au gouvernement andalou) la reconduite à la présidence de la socialiste Susana Diaz. « Podemos » (arrivé troisième) pose des conditions politiques fondées, mais rejetées par le PSOE.

« Podemos » saura-t-il tenir la distance, garder la main, rassembler dans le respect de l’identité de chacun, sans « ralliement », IU, les « marées » sociales, les écolos de EQUO, la plateforme contre les expulsions, les fronts « GANEMOS », les protagonistes des « Marches de la liberté », les Catalanistes de gauche, etc.? Le « bloc oligarchique » lui, a compris le danger. Il pousse en avant une formation dangereuse, « Ciudadanos » (« Citoyens »), parti qui se dit « centriste » mais qui est en réalité celui de l’IBEX 35 (le CAC 40) et de la droite « rance ». Les sondages lui donnent plus de 15%.

Le changement en marche en Espagne et ses acteurs, doivent savoir sans tarder mobiliser « le plus grand nombre possible de forces », devenir une alternative. Il y a de la marge, de fortes attentes, et un grand potentiel de renouveau.


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