La Grèce se donne du temps pour négocier

dimanche 7 juin 2015.
 

Athènes n’a pas remboursé pas ce vendredi 300 millions d’euros au Fonds monétaire international. Cette décision fait suite à l’échec des négociations avec les créanciers d’Athènes. Le gouvernement d’Alexis Tsipras a décidé de regrouper les quatre remboursements prévus ce mois-ci, ce qui représente 1,6 milliards d’euros, et de les verser le 30 de ce mois.

C’est la première fois depuis le début de la crise qu’Athènes n’honore pas une échéance de remboursement. Au total, 240 milliards d’euros ont été prêtés à l’État grec par les pays européens via le Fonds européen de stabilité financière, et le Fonds monétaire international (FMI).

Les négociateurs grecs avaient déjà fait savoir, ces derniers jours, que leur pays ne rembourserait le FMI que s’ils parvenaient à un accord.

Une entente débloquerait au moins 7,2 milliards d’euros de prêt, restant d’un plan de soutien souscrit par le gouvernement précédent. Depuis août 2014, la Grèce n’a pas reçu un euro de ses créanciers, et a dû faire face à ses obligations internes (paiement des salaires, des retraites, investissements) mais aussi externes (remboursement de tranches de prêt).

Par ce geste hier, permis par le règlement du FMI puisqu’un pays n’est en défaut de paiement qu’une fois qu’il a un mois de retard dans ses remboursements, le gouvernement de Syriza se donne du temps.

C’est que Syriza au pouvoir refuse de céder sur ses lignes rouges : réinstauration des conventions collectives et maintien des retraites à leur niveau actuel. C’est que le gouvernement dirigé par la Coalition de la gauche radicale a déjà fait des gestes sur le front des privatisations. « Des idées consistant à réduire les prestations sociales sur les petites pensions ou à relever de 10% le prix de l’électricité ne peuvent constituer une bonne base de discussion », a expliqué aux créanciers Alexis Tsipras mercredi. La Commission européenne et le FMI exigent une augmentation de la TVA représentant une ponction de 1% du PIB, en relevant le taux applicables aux médicaments ou à l’électricité. Responsable de Syriza, Alexis Mitropoulos a estimé que le plan présenté par Jean-Claude Juncker, président de la commission européenne était « le plus meurtrier, le plus dur alors que tout le monde espérait un accord ».

En conséquence, le parti Syriza, dans lequel existe un débat quant à l’attitude à tenir, peut être tenté de jouer la carte démocratique, l’appel au peuple grec. « Les créanciers veulent imposer des mesures dures. S’ils ne font pas machine arrière sur ce paquet visant à faire changer le gouvernement, nous devrons rechercher des solutions alternatives, des élections », a prévenu Dimitris Stratoulis, ministre délégué à la Sécurité sociale.

Une réunion de négociation prévue ce soir, entre Alexis Tsipras, Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne BCE) et de Christine Lagarde, patronne du FMI a été annulée. À la place, Alexis Tsipras rendra compte ce soir des négociations à la Vouli, devant les députés.

Gaël DE SANTIS, L’Humanité


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