« Personne ne peut attendre que les Palestiniens se calment »

jeudi 29 octobre 2015.
 

Le représentant du PPP (communiste) au sein du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) reconnaît la faillite de la politique menée depuis 20 ans.

Comment analysez-vous cette révolte des jeunes Palestiniens  ?

Hanna Amireh Elle montre d’abord que la situation qui prévalait jusqu’à maintenant ne peut plus continuer. Dans le même temps, Israël tente d’imposer de nouvelles mesures sur le terrain  : la mosquée d’al-Aqsa et les lieux saints, les colonies… Les gens en ont marre. Ils pensent également que l’Autorité palestinienne, l’OLP, les partis ne leur proposent aucune solution. Ils voient leur terre et tous les jours ils s’aperçoivent que leur terre se réduit comme peau de chagrin. De plus, la situation au Moyen-Orient, tout autour de la Palestine, est très mauvaise et l’on ne parle que de la Syrie, de l’Irak, de l’Iran. Les Palestiniens ont le sentiment d’être délaissés par les pays arabes, par la communauté internationale. Ils pensent qu’ils deviennent une bonne nourriture pour les Israéliens. Ils expriment donc leur rejet de cette situation. Ils ne peuvent plus supporter cela. Ce qui s’est passé sur l’esplanade des Mosquées n’a été que l’étincelle. Israël doit revoir sa politique. Mais tant que ce gouvernement sera en place, nous n’en attendrons rien. Il faut qu’il y ait un changement. Et ce changement doit venir d’Israël. La seule solution est de mettre fin à l’occupation. La tension que nous connaissons actuellement peut se calmer mais si l’occupation se poursuit, une autre explosion se produira jusqu’à ce qu’il y ait une solution. Les Israéliens ne cherchent qu’à préserver le statu quo, ce qui, pour eux, signifie l’occupation. Depuis des décennies, ils pensent qu’ils ont tous les scénarios militaires possibles pour contenir n’importe quelle résistance palestinienne. Ils disaient qu’ils avaient la puissance pour faire ce qu’ils veulent. Ils voient maintenant que leur puissance ne suffit pas à préserver l’occupation. Mais tant qu’il n’y aura pas d’intervention internationale, rien ne changera. La communauté internationale doit agir pour protéger les Palestiniens, faire pression sur les Israéliens et arrêter de parler de «  mesures de confiance réciproques  » qui ne sont contrôlées par personne. Personne ne peut dire aux Palestiniens d’arrêter sinon à passer pour un traître. Il faut arrêter la colonisation, permettre aux gens de vivre libres. Les jeunes qui agissent aujourd’hui ont le même âge que les accords passés et n’ont rien. Personne ne doit attendre que les Palestiniens se calment. Personne  !

Un fossé s’est créé entre ces jeunes et l’Autorité palestinienne et les partis politiques. Que faites-vous  ?

Hanna Amireh C’est notre problème principal. Nous n’avons pas réussi à convaincre les gens de la justesse de nos choix parce que ces choix n’ont rien amené. Ils attendent depuis vingt ans. La direction politique réfléchit maintenant profondément à changer de politique. Si les Israéliens n’appliquent pas les accords passés et ne stoppent pas totalement la colonisation, alors nous ne serons plus liés aux accords. Le problème sera posé différemment. Nous considérerons être un État occupé et nous nous retirerons. Il n’y aura plus d’Autorité palestinienne. Ce sera alors le problème du Conseil de sécurité, de la protection internationale…

Ce n’est pas la première fois que la direction palestinienne brandit cet argument mais sans jamais l’appliquer. Y êtes-vous prêts maintenant  ?

Hanna Amireh  Israël nous pousse à faire ça. En tant que PPP, nous sommes pour cette option. Ce n’est pas partagé par toutes les organisations de l’OLP. Mais tout le monde sent bien qu’il faut bouger. Ce n’est pas simple. Les débats se poursuivent.

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR 
PIERRE BARBANCEY

L’HUMANITÉ


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