Femmes, filles, enfants victimes : en Turquie, la résistance contre l’attaque patriarcale de l’AKP

mardi 27 décembre 2016.
 

Comme tout gouvernement autoritaire, celui de l’AKP a un intérêt spécifique à opprimer les femmes et les enfants, car cela lui donne l’occasion de rendre naturelle, de justifier, sa domination despotique et patriarcale.

Depuis qu’il est arrivé au pouvoir en 2002, l’AKP a essayé de retirer beaucoup de droits aux femmes, comme le droit à l’avortement et à l’égalité en matière d’emploi ou d’éducation. Sa dernière attaque a été la tentative de légaliser le viol des enfants au nom d’une réponse aux plaintes devant la justice provoquées par le nombre considérable de mariages d’enfants dans le pays.

La loi préparée par l’AKP et présentée au Parlement le mois dernier permettrait à des pédophiles et à des violeurs d’échapper à la justice... s’ils acceptaient d’épouser un enfant de moins de 15 ans. C’était la suite d’un changement du système de scolarisation obligatoire en 2012, ce qui a abouti à ce que beaucoup de filles de moins de 15 ans soient retirées de l’école par leurs parents et obligées de se marier.

Bien que les protestations et les rassemblements soient interdits depuis la tentative de coup d’État en juillet dernier, des milliers de femmes ont protesté contre la loi, cela malgré la brutalité policière. Mais cela ne signifie pas que les femmes jouissent de davantage de liberté ou possèdent plus de pouvoir que les travailleurs, les Kurdes ou d’autres opposants pour organiser, pour manifester ou pour repousser les attaques du gouvernement...

Violences et discriminations...

Ainsi, les femmes n’ont pas été autorisées du tout à manifester le 25 novembre, journée internationale contre les violences faites aux femmes. Mais l’augmentation spectaculaire des féminicides, de la violence et des abus sexuels faits aux enfants, en plus du soutien ouvert du gouvernement aux auteurs de ces actes, sont devenus insupportables pour des secteurs laïques de la société et ont créé une énorme résistance à la loi.

Il y a quelques mois, lorsqu’une jeune femme a été battue dans un bus par un homme intégriste parce qu’elle portait un short, le Premier ministre a dit que l’homme aurait dû lui parler au lieu de la battre ! Une femme enceinte a été attaquée récemment par un islamiste parce qu’elle faisait du sport dans un parc public. Cela a rappelé à tout le monde les propos d’un savant islamiste qui avait annoncé sur la chaîne de télévision nationale qu’il était honteux que des femmes enceintes sortent en public. Les cas d’abus sexuel des enfants dans les écoles des fondations islamistes, soutenues par le gouvernement, sont fréquemment rapportés dans la presse, ce qui renforce les revendications d’une éducation laïque et de la fermeture des fondations religieuses. Par contre, le gouvernement propose des classes non mixtes, des bus ainsi que des espaces séparés dans les lieux publics.

Il ne sera pas surprenant qu’on assiste à davantage d’attaques graves contre les femmes si nous n’arrivons pas à créer une résistance unie avec toutes les forces progressistes. Mais malgré la grande colère qui existe contre les politiques néoconservatrices et répressives, nous sommes loin d’avoir construit les liens politiques qui permettraient de contester les attaques incessantes.

D’Ankara, Nurcan Turan


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message