France Insoumise : Un mouvement naissant

mercredi 2 août 2017.
 

À l’issue de la séquence électorale, Emmanuel Macron dispose d’une majorité écrasante à l’Assemblée nationale. Elle pourrait pourtant se révéler rapidement de façade. Elle est en effet plus numérique que politique. Macron a été élu président de la République par défaut, pour contrer Marine Le Pen. Et c’est seulement 15 % des inscrits qui lui auront permis de disposer de sa majorité. L’abstention vaut-elle consentement implicite du programme présidentiel  ? Je crois l’inverse. L’hyperprésidentialisation de la Ve République, revendiquée par l’hôte de l’Élysée, est en train de miner la démocratie parlementaire. À cela, les Français ont répondu par le bras d’honneur abstentionniste. Qui peut rapidement se transformer en poing levé. Mal élu, le quinquennat à venir pourrait bien être celui de la crise de régime. Et plus rapidement encore celui d’une révolte sociale de grande ampleur. Car, dès l’enfumage dissipé, viendra le temps concret des réformes. La volonté de passer par le coup de force d’ordonnances estivales, une loi travail XXL pourrait vite se retourner contre son auteur. Tout indique en effet que ce projet n’emporte pas plus l’adhésion des Français que la loi El Khomri.

Dans ce contexte, l’élection à l’Assemblée nationale de plusieurs dizaines de députés bien décidés à s’opposer sans barguigner au programme d’Emmanuel Macron est une bonne nouvelle. Minoritaire dans l’Assemblée nationale, le combat qu’ils y mèneront trouvera vite une audience majoritaire dans le pays. Il y a là la possibilité, et la nécessité, de voir naître un nouveau front populaire, politique, social et écologique.

La France insoumise a une responsabilité particulière dans ce moment. L’élection présidentielle a donné lieu en direct à une recomposition sans précédent du paysage politique. En marche  ! a déstabilisé les deux formations institutionnellement majoritaires en puisant dans chacune d’elles les plus libéraux. De son côté, la France insoumise a objectivement réussi son pari. Le résultat des urnes, que ce soit à la présidentielle ou aux législatives, est là pour le confirmer. Ce mouvement naissant, aux formes duquel il faudra maintenant travailler puisque nous allons passer d’une campagne ponctuelle à la construction d’une force pérenne, a tous les moyens pour être le cadre de recomposition de notre espace politique au service de la révolution citoyenne. Je ne dis pas encore de «  la gauche  » tant le mot est à réhabiliter après un quinquennat qui l’a terriblement esquinté. Un cadre et non pas un parti, ni même un cartel de partis puisque c’est à partir de l’échec de cette formule, celle du Front de gauche, qu’il s’est lancé. Son succès s’appuie sur une fonction tribunicienne revendiquée, parfaitement assumée par Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, un programme, «  l’Avenir en commun  », une méthode, l’implication citoyenne et l’éducation populaire, et la volonté d’utiliser tout le potentiel des réseaux sociaux. Son succès, c’est aussi celui de l’entrée en politique de toute une génération et de la mise en mouvement de beaucoup d’habitants des quartiers populaires sans laquelle aucune force progressiste ne deviendra majoritaire en France. Bien sûr, tout reste à développer, mais un pas décisif a été fait.

Pour ma part, je considère que la dynamique de la France insoumise est une chance à saisir pour tous ceux, organisés en parti ou non, qui cherchent depuis la campagne référendaire de 2005 à construire une nouvelle force. Je considère depuis 2007 que cette recomposition passe par le dépassement progressif et volontaire des structures anciennes. Ce n’est faire injure à personne, ni surtout aux idées que chacun de nos courants porte et qui gagneront en audience dans un mouvement de masse, de dire que le moment est venu de cette audace.


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