Macron a la France honteuse

dimanche 15 octobre 2017.
 

Ces dernières semaines, M. Macron « revisite les termes de la souveraineté » selon les mots qu’il a lui-même employés fin août alors qu’il inaugurait la 25e Semaine des ambassadeurs. Dans les faits, la liste des dépossessions de souveraineté qu’il impose au pays s’allonge, tandis qu’il tient la France pour incapable d’agir ou penser par elle-même, la plaçant de fait sous tutelle. Le Figaro révélait ainsi cette semaine un courrier du Premier ministre visant à mettre en place un « Comité Action Publique 2022 » (CAP 22) pour réformer le service public. Celui-ci serait notamment « composé de personnalités françaises ou étrangères ». Ainsi donc, pour faire évoluer le service public, qui est une spécificité et l’honneur de la France du fait de son universalité résultant du contrat social cimentant la patrie républicaine, il faudrait aller prendre conseil chez d’autres dont le niveau d’ambition et donc les formes diffèrent nécessairement. L’invitation au démantèlement pur et simple du service public à la française, outil de l’indivisibilité de son peuple, est on ne peut plus claire.

Par petites touches, M. Macron cherche par ailleurs à instiller l’idée qu’il n’y aurait désormais de pertinence à l’action que par delà le cadre national. L’État vient ainsi de faire le choix de laisser filer STX sous pavillon italien et de livrer Alstom aux allemands. M. Macron assume de privilégier l’avènement de grands acteurs européens laissés aux soins des forces du marché au prix de l’abandon de toute régulation et de toute pensée stratégique nationale.

Mais M. Macron n’entend pas s’en tenir là. Dans son discours de fin août, il théorisait déjà le passage du cadre d’action au cadre de souveraineté : « Pour la France, le lieu où construire les outils de notre puissance et apporter la juste réponse aux défis qui se présentent, le lieu de notre souveraineté aujourd’hui, c’est l’Europe. »

Le prolongement de sa pensée en termes de souveraineté l’a conduit, dès le 26 septembre à Science-Po, à traduire dans le champ institutionnel cette perte d’autonomie et de liberté de décision revendiquée et organisée. Il y tenait, nous dit-on, un discours fondateur sur l’Europe : budget européen renforcé, mise sous le boisseau des représentations nationales au sein de la Commission européenne, liste transnationale pour les européennes de 2019… Le peuple français verrait ainsi réduite d’autant la tâche et la liberté premières dévolues à sa représentation nationale, à savoir l’élaboration et l’adoption du budget, tandis que le choix de ses représentants serait dilué dans un agglomérat de citoyennetés qui le priverait de la décision. L’inversion de la hiérarchie des souverainetés, l’européenne supplantant la nationale, a donc pour corollaire immédiat un abandon de souveraineté populaire. Le Premier ministre l’exprimait d’ailleurs distinctement deux jours plus tard sur le plateau de France 2 lorsqu’il considérait le CETA ratifié par la France… puisque le Parlement européen s’en est chargé.

À douter de la France, M. Macron choisit de transférer sa souveraineté et pour cela de mettre sous l’éteignoir la souveraineté populaire. Il ne manquerait plus qu’il insulte ceux qui sont la France, « illettrés », « qui ne sont Rien » ou qui « foutent le bordel », et on en serait réduit à penser que celui-là a la France honteuse.

François Cocq


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