Menus de fête : le festival des tromperies alimentaires bat son plein

samedi 6 janvier 2018.
 

Les marchands de malbouffe ont gagné : les Etats Généraux de l’alimentation n’ont servi à rien. L’association Foodwatch dénonce quelques mensonges sur étiquettes, un recensement que nous avons complété. De quoi couper l’appétit.

Comme elle le fait de temps à autre, l’association Foodwatch vient de jeter son pavé dans les promesses de produits alimentaires de Noël et du jour de l’An. En pointant quelques tromperies sur la marchandise qui devraient normalement tomber sous le coup de la vieille loi de 1905 censée réprimer les tromperies sur la marchandise qui abondent dans les rayons de supermarchés. Lesquels devraient être plus attentifs à vérifier sur les étiquettes rédigées en lettres minuscules « la nature, l’espèce, l’origine, les qualités substantielles, la composition ou la teneur en principes utiles de toutes les marchandises ». À l’origine, cette loi cherchait à réprimer le « mouillage » des liquides offerts à la vente, pratiques consistant notamment à ajouter une certaine dose d’eau, plus ou moins pure, à du lait ou du vin en vente dans le commerce.

2 800 additifs alimentaires

Les arnaques se sont de nos jours largement « améliorées » grâce, en particulier, à la découverte d’environ 2 800 substances destinées à imiter les goûts et parfums. Depuis les additifs chimiques et le recours de plus en plus fréquent de « saveurs » qui ne peuvent êter présentées comme « naturelles » que grâce à des astuces permettant de considérer que les copeaux de bois ou le castoréum (une huile de castor) donnent « naturellement » un goût, ou plus exactement une saveur de fraise ou de vanille, à un yaourt, un dessert ou aux bouffées de cigarette électronique.

Dans sa dernière livraison, Foodwatch épingle la présentation imagée d’un suprême Coraya « au goût frais de homard » dont la recette ne comporte pas un gramme de homard. Préparation pas plus honnête que la bisque de homard et de langouste Tipiak qui ne contient que 1,2 % des deux crustacés annoncés. À peu près aussi « honnête » que les boudins blancs aux morilles Le Gaulois qui avouent en lettres minuscules offrir 1 % de morilles ; ou que l’huile d’olive aux truffes qui offre 0,25 % d’arôme de truffe. Dernier élément de fête un peu surprenant : du foie gras de canard de chez Fauchon assaisonné au E250, autrement dit du nitrite de sodium soupçonné depuis longtemps d’avoir des effets cancérigènes. Une bonne raison de ne pas abuser de ce met devenu aussi cher que controversé.

Pain d’épices aux insectes

Pour le dessert, les inspecteurs de l’association ont déniché sans peine un pain d’épices au miel Brossard dont la recette (minuscule) comporte quatre fois plus de sirop de sucre que de miel. Pas plus goûteux que les buches café-noisette Picard qui ne contiennent, c’est également précisé en lettres difficiles à lire, que 2,2 % de noisettes et un mystérieux additif, le E904, qui n’est que du shellac élaboré avec un insecte asiatique, une sorte de cochenille exotique.

À la recherche (fructueuse) de quelques uns des régals frelatés que nous offrent les gondoles de Noël, nous avons également croisé des yaourts dont les fraises ne sont présentes qu’en illustration, des desserts au café ou au chocolat ou ces deux ingrédients sont absents. Sans oublier ceux dont les fruits qui les vantent sur l’emballage ne représentent que 5 à 8 % des 100 grammes du contenant. Pas de quoi digérer les cassoulets toulousains, les choucroutes ou les lentilles à la viande qui n’offrent que 12 à 15 % d’une présence carnée indéfinissable sur les étiquettes. En gros, une bonne moitié desserts, de fêtes ou ordinaires, mentent sur leurs compositions.

Il faut lire les étiquettes

Ces constats rappellent qu’il est indispensable de lire les étiquettes même écrites en lettres minuscules en jaune sur fond rouge. Pour identifier les composants. Ou pour vérifier que les drapeaux tricolores ou les « made in France » qui les ornent ne sont pas démenties par d’autres discrètes mentions évoquant des ingrédients « origine UE » ou pire, « hors UE ». Sans oublier les hypocrites précisions comme « cuisiné en France » ou « élaboré en France ». Il y aussi les mentions "produits campagne", "nature", "terroir", "produit village", "à l’ancienne", "produit de pays" ou le dernier né "produit de montagne" qui ne veulent rien dire et n’apportent aucune garantie.

Bien que ces tromperies constatées soient de plus en plus répandues, qu’il s’agisse de produits coûteux ou bon marché, les états généraux de l’alimentation qui se terminent le 21 décembre, n’ont pas abordés ces questions. Trop occupés à sauver les marges de la grande distribution et de quelques géants de l’agro-industrie liés à la FNSEA et aux énormes « coopératives » qu’elle contrôle.

par Claude-Marie Vadrot


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message