La température sociale monte avant le 1er Mai

mardi 24 avril 2018.
 

Des milliers de manifestants ont battu le pavé parisien, jeudi, à l’appel de la CGT et de Solidaires. Cheminots, salariés du public et du privé, retraités, tous ont fait de cette manifestation interprofessionnelle un temps fort du mouvement social.

« On est dans une phase ascendante et c’est une très bonne chose.  » Ce jeudi, derrière la banderole de tête de la manifestation interprofessionnelle parisienne, Philippe Martinez s’est montré confiant. «  Les mobilisations grossissent et s’élargissent  » dans de nombreux secteurs, s’est félicité le secrétaire général de la CGT, derrière lequel ils étaient des milliers à battre le pavé pour dénoncer, dans la diversité des luttes et des mots d’ordre, l’action d’un exécutif qui tape tous azimuts. Hôpitaux, fonction publique, transports, industrie, commerce et services… Dans la lignée de la journée du 22 mars et dans la perspective d’un 1er Mai que Philippe Martinez souhaite «  le plus unitaire possible  » (la CFDT a déjà fait savoir qu’elle ne répondrait pas présent), les salariés se sont largement mobilisés, jeudi, à l’appel de la CGT et de Solidaires. «  On nous avait promis que le mouvement s’essoufflerait avec le début des vacances scolaires, il n’en est rien  », a déclaré Laurent Brun, secrétaire général de la fédération CGT des cheminots.

«  Tous les secteurs sont attaqués, on est là pour défendre le social...  »

En attendant le départ du cortège, secteur par secteur, les grévistes de la SNCF convergent vers le boulevard Montparnasse. Et alors que les assemblées générales du matin ont largement reconduit le mouvement pour sa cinquième phase (lundi et mardi), «  les cheminots s’installent dans la grève et s’organisent  », constate Romain, secrétaire fédéral CGT Paris rive gauche. Un peu plus bas sur le boulevard, Antoine, ingénieur SNCF Réseau, est venu avec deux de ses collègues. Non syndiqués, ils sont en grève pour que «  la SNCF redevienne un service public, parce que, aujourd’hui, les critères de rentabilité priment sur tout le reste  », confie Antoine, qui estime que rien, par exemple, ne garantit que la SNCF restera à capitaux publics en passant en société anonyme malgré les beaux discours du gouvernement. «  On n’a qu’à regarder ce qui se passe à Aéroport de Paris…  » poursuit-il. «  Cette grève que nous vivons, je la considère comme un passage de témoin entre les anciens qui se sont battus pour nos acquis et nous qui devons nous battre pour les garder  », explique pour sa part Xavier. Badge SUD rail sur la poitrine, cet agent commercial sur le RER B insiste sur l’importance du caractère interprofessionnel de la manifestation de jeudi. «  Tous les secteurs sont attaqués, on est là pour défendre le social, l’humain. Et ce qui me fait chaud au cœur, c’est de voir l’élan de solidarité autour de notre grève. Je crois que les gens nous comprennent…  » conclut-il sourire aux lèvres.

La menace de voir les entreprises publiques basculer dans le privé

Aux côtés des cheminots, salariés du privé et du public ont parcouru le boulevard Montparnasse. Syndicats des banques, des services publics, de la culture, fédération de retraités ou de l’intérim, salariés de l’industrie ou d’Aéroport de Paris, personnel hospitalier (en nombre), face aux offensives néolibérales du gouvernement, la riposte a été large. Et la menace de voir passer des entreprises publiques dans le giron du privé cristallise les mécontentements. «  À la SNCF, comme pour les aéroports de Paris, la logique est la même  : la loi du marché  !  » dénonce Isabelle Bigand, secrétaire CGT du syndicat de Paris-Orly. «  On est en grève pour empêcher Bercy de céder les aéroports au privé. Ce ne sera pas une bonne chose pour les employés  : la dégradation des conditions de travail et le recours à la sous-traitance vont augmenter. Nous voulons préserver notre mission de service public  », développe-t-elle, à quelques pas de la banderole «  Nationalisation et socialisation des aéroports de Paris  ». Au fil de la manifestation et quelles que soient leurs revendications spécifiques, tous estiment que les batailles ne se gagneront que dans l’unité. «  Macron ne croit pas qu’on peut arriver à créer un mouvement de masse, il faut lui prouver le contraire  », estime un salarié de la métallurgie syndiqué à la CGT. Pour Laurent Trombini, membre du bureau fédéral CGT de la métallurgie, «  les revendications des cheminots sont évidemment différentes des nôtres. Il n’empêche que les luttes se nourrissent les unes des autres. Les salariés sont plus forts ensemble pour lutter contre les attaques du patronat  ».

Marion d’Allard et Lola Ruscio, L’Humanité


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