À Paris, la détermination intacte des cheminots en grève

samedi 28 avril 2018.
 

Malgré les retenues sur les paies, une centaine de cheminots de la gare de Lyon (Paris) ont voté, hier, à l’unanimité pour la reconduction du mouvement.

Au neuvième jour de la grève, la détermination des cheminots reste intacte. Hier, à l’assemblée générale de la gare de Lyon, à Paris, une centaine de mains se lèvent immédiatement pour voter à l’unanimité la reconduite de la grève jusqu’à ce matin. «  Ici, on compte aujourd’hui 87 % de conducteurs et de contrôleurs en grève, et 60 % d’aiguilleurs. La mobilisation se maintient au même niveau depuis le début du mouvement  », explique Bérenger Cernon, conducteur de train et secrétaire général de la CGT des cheminots de la gare de Lyon. «  La direction raconte que la mobilisation s’essouffle, mais on est toujours présents et c’est le bordel dans les trains  », abonde, micro en main, Erik Meyer, secrétaire fédéral de SUD rail.

Des grèves par roulement pour limiter la perte de salaire

Pour autant, si, à la gare de Lyon, le mouvement n’a rien perdu de son ampleur, les difficultés se font sentir pour les grévistes. Les fiches de paie d’avril arrivent et ils vont découvrir le manque à gagner exact de leur participation au conflit. «  Ce matin, sur le piquet de grève, des copains nous ont dit que c’était dur de tenir parce que la fin du mois approche  », regrette le syndicaliste CGT. Pour limiter la perte de salaire, les cheminots font grève par roulement et se calent sur la méthode innovante du «  deux-cinq  », le calendrier de grève alternée deux jours sur cinq décidé à la mi-mars par l’intersyndicale et qui permet de ne pas essouffler les troupes.

Certains grévistes reprochent à la «  D2I  » (la déclaration d’intention individuelle) de pénaliser le mouvement. Depuis la loi sur le service minimum de 2007, les conducteurs, les contrôleurs et le personnel des infrastructures doivent remplir 48 heures à l’avance cette déclaration pour prévenir qu’ils vont cesser le travail. «  Pour faire grève lundi, il fallait penser à poser sa D2I samedi, illustre le syndicaliste cégétiste. Il y a des loupés, des gens oublient et laissent passer la date.  »

Reste que le sentiment de défaitisme n’est pas à l’ordre du jour. L’annonce du gouvernement, le 16 avril, de la filialisation du transport de marchandises et, deux jours plus tard, de la fin du recrutement au statut de cheminot dès janvier 2020, alors que la «  concertation  » avec les syndicats n’est pas terminée, a renforcé l’envie des cheminots d’en découdre avec ce projet de loi ferroviaire. Pour Régis Paillaud, délégué du personnel Unsa des conducteurs de train de la gare de Lyon, le gouvernement reste sourd aux attentes des grévistes. «  On n’a pas d’autre choix que de continuer le mouvement, on savait de toute façon qu’on n’allait pas gagner en une semaine  », développe-t-il.

Hier, à l’appel de la CGT, au moins 400 cheminots ont envahi le siège social de Fret SNCF, basé à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine), pour dénoncer la filialisation de cette branche de l’entreprise.

Lola Ruscio

L’Humanité


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