Macron, c’est la soumission totale à l’Europe du capital… qui lui en demande encore plus

mercredi 6 juin 2018.
 

Tous les printemps, la Commission européenne expédie désormais ses directives économiques aux gouvernements dans le cadre de ce que l’on appelle le « semestre européen ». Ceci constitue en quelque sorte ses « ordres » pour que sa « doxa » libérale soit bien mise en œuvre. Elle vient donc ces derniers jours d’expédier ses notes au gouvernement français. Elle félicite M. Macron pour son travail de destruction des droits et protections sociales et lui demande d’aller plus loin encore.

Elle le félicite bruyamment d’avoir porté un coup au code du travail pour « améliorer la capacité des entreprises à s’adapter aux cycles économiques », « dans ce contexte » ajoutent les eurocrates Bruxellois « il est important de finaliser la mise en œuvre de l’ambitieux programme de réforme en cours ».

Pour faire vivre la stratégie de transfert de richesses du travail vers le capital, il lui est demandé « d’utiliser toutes les rentrées pour réduire l’endettement public ». Autrement dit, il faut continuer d’augmenter la CSG et les impôts indirects. Le système des retraites est spécifiquement visé dans ce rapport. Sous couvert de « simplification » et « d’unification », visant à améliorer « la transparence du système », c’est bel et bien un désengagement public qui est demandé. Tout en applaudissant les réformes entreprises, la Commission est claire : « [il faut] baisser la part du public dans les pensions ». Une telle politique mènerait inévitablement à une nouvelle étape dans la privatisation d’un des piliers de notre système social.

Le rapport demande une réforme du système de taxation du travail afin de rendre la main d’œuvre meilleur marché pour les entreprises. Tout en se félicitant des réformes menées depuis 2013, la Commission européenne insiste sur le fait que le système fiscal encore en vigueur « continue d’être caractérisé par un niveau élevé de complexité [...] qui empêche l’environnement économique de fonctionner correctement ». Elle appelle donc à accélérer les contre- réformes au nom de la « compétitivité » de la France.

Après avoir félicité le pouvoir pour avoir réduit l’imposition sur le travail, « le cout de la main d’œuvre au salaire minimum été sérieusement limité par la réduction des contributions sociales. De telles réductions seront intensifiées et rendues permanentes d’ici à 2019 ». Elle enfonce le clou en demandant la poursuite des contre-réformes structurelles pour contenir artificiellement le taux de chômage en précarisant les salariés. Selon la doctrine libérale, il suffit de faire pression sur les plus bas salaires. C’est cette méthode qui est poursuivie par ce rapport qui s’intéresse particulièrement au salaire minimum qu’il juge « élevé ». Dans ce sens, la Commission européenne propose de « réviser l’indexation [des salaires] en le limitant à une simple indexation sur l’inflation ».

Enfin, en matière d’éducation, la Commission préconise une réforme en profondeur du système afin de rendre l’enseignement supérieur plus professionnalisant. Ce qui devrait passer par un développement « des filières en apprentissages, qui s’associent à de meilleurs perspectives d’emploi. » Ce vœu pieu semble louable, cependant il faut rester vigilant afin que les réformes menées dans ce sens ne se traduisent pas par le renforcement d’un élitisme biaisé qui fermerait les portes d’un enseignement supérieur de qualité à une large part de nos jeunes. La catastrophique réforme dite Parcours sup est l’exemple de type de l’inefficacité et des dangers de la mise en œuvre de telles recommandations.

Le président de la République, qui depuis des mois explique qu’il veut « refonder » l’Europe, est bien le meilleur élève de la commission de Bruxelles au détriment du monde du travail et des retraités, comme de l’avenir de la jeunesse.

Patrick Le Hyaric


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message