Fille d’un couple de fabricants-marchands de chocolats, Pauline Léon a 20 ans au moment où la Révolution commence. Elle est présente lors de l’insurrection du 14 juillet 1789. A partir de 1791 elle fréquente diverses sociétés patriotiques et des clubs mixtes. A cette époque, tous les clubs n’étaient pas mixtes, mais les femmes étaient tolérées dans les tribunes. Elle participe également à la manifestation du Champ-de-Mars le 17 juillet 1791 où une pétition est signée afin de demander la déchéance du roi. Cette manifestation se termine en bain de sang quand la Garde nationale ouvre le feu sur la foule sous l’ordre de La Fayette. Pauline Léon est arrêtée avec sa camarade Constance Evrard plus tard dans la journée après une rixe impliquant un membre de la Garde Nationale.
En 1792 et 1793, Pauline Léon devient une figure importante du mouvement populaire démocrate, que ce soit au sein de sa section de la Fontaine-de-Grenelle ou au sein de la Société républicaine révolutionnaire. Cette société, fondée le 10 mai 1793 est uniquement féminine. Pauline Léon y joue un rôle important, en portant notamment différentes pétitions et adresses à l’Assemblée où elle prend la parole. Pendant ces années, elle interpelle les élus demandant la peine de mort pour le roi, la punition des conspirateurs, l’arrestation des Girondins, la formation de tribunaux révolutionnaires, l’impôt sur les riches, la distribution des terres aux soldats. Elle demande également la formation d’une garde nationale féminine, ce qui est refusé. Elle réagit : « Il est temps que vous ne voyiez plus en nous des femmes serviles, des animaux domestiques ; il est temps que nous nous montrions dignes de la cause glorieuse que vous défendez. »
Proche de Marat, puis des « Enragés » autour de Jacques Roux, un prêtre qui a l’oreille des milieux sans culottes, elle est prise dans le tourment des luttes de factions. Le club des citoyennes républicaines subit des attaques empreintes de sexisme. Tant pour se consacrer à sa vie de famille (elle épouse Théophile Leclerc le 12 novembre 1793) que pour se mettre à l’abri de la répression, elle quitte Paris pour rejoindre l’Aisne où elle est arrêtée en avril 1794. Après sa libération en août, Pauline Léon et son mari quittent la vie politique. Elle devient institutrice et meurt le 5 octobre 1838 à 70 ans. Elle est un exemple d’investissement et d’engagement des femmes dans l’espace politique révolutionnaire à travers sa participation et ses prises de parole.
Paul Brice
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