« A réformer la France sans les Français, Emmanuel Macron s’isole »

vendredi 12 octobre 2018.
 

Dans une tribune au « Monde », le journaliste et essayiste Philippe Frémeaux (éditorialiste au magazine économique Alternatives économiques) souligne que le chef de l’Etat vit une double crise : à force de concentration du pouvoir et de promesses non tenues, il est de plus en plus seul.

Après un Nicolas Hulot annonçant son départ du gouvernement au micro de France Inter, voilà que Gérard Collomb vient d’imposer sa démission au président. Deux départs qui révèlent le peu d’autorité qu’Emmanuel Macron exerce désormais sur ceux qu’il avait su séduire et qu’il a déçus, et qui témoignent de la double crise qui frappe le macronisme.

Emmanuel Macron est d’abord victime de la désillusion qu’engendre l’écart entre la promesse formulée hier et la réalité des politiques menées. L’élection d’Emmanuel Macron, à bien y réfléchir, a couronné l’évolution politique des trente dernières années en célébrant l’union de la droite modérée et de la gauche réaliste dont il a su proposer une synthèse modernisée.

Face au dégagisme des populismes d’extrême droite ou de la gauche radicale, il est parvenu à imposer un dégagisme d’extrême centre, en opposant les « progressistes » aux « conservateurs » et en formulant une promesse douce à entendre pour le peuple qui va bien et qui aimerait qu’il en soit de même pour tous sans que cela ne change rien pour lui. Bref, la promesse d’un changement radical et la certitude d’une continuité rassurante.

Ainsi, Macron nous a vendu le mariage de la réussite individuelle et de la justice sociale ; la fin de l’ISF et de la taxe d’habitation ; le libéralisme économique et le libéralisme politique ; la relance de la croissance et la transition écologique ; une France à nouveau forte apte à relancer l’Europe.

Un an est passé et la déception est au rendez-vous. Tenons-nous en à quelques exemples : l’état d’urgence est devenu pour partie le droit commun ; la dérégulation du droit du travail ne s’est accompagnée d’aucune extension du pouvoir syndical ; les mesures fiscales profitent surtout aux plus riches ; l’émancipation promise se limite à quelques mesures symboliques faute de moyens budgétaires et le soupçon naît que sa fonction est de légitimer une société fondée...


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