Le 1er octobre 2019, lors de la séance des Questions au gouvernement, j’ai interpellé le Premier Ministre sur les conditions de travail des agents de la fonction publique. J’ai tenu à lire un extrait de la lettre qu’a laissée Christine Renon, directrice d’école à Pantin, avant son suicide :
Monsieur le Président, Mes chers collègues,
« Aujourd’hui, samedi, je me suis réveillée épouvantablement fatiguée, épuisée après seulement trois semaines de rentrée. Les soucis depuis bien avant la rentrée se sont accumulés, c’est le sort de tous les directeurs malheureusement. La succession d’Inspecteurs qui passe à Pantin ne se rend pas compte à quel point tout le monde est épuisé par ces rythmes. Personne ne s’interroge sur les gens qui partent ! Mais les Directeurs sont seuls ! Tout se passe dans la violence de l’immédiateté. Ils sont particulièrement exposés et on leur en demande de plus en plus sans jamais les protéger.
L’idée est de ne pas faire de vague et de sacrifier les naufragés dans la tempête ! Pourvu que la presse ne s’en mêle pas !
Je remercie l’institution de ne pas salir mon nom,
Christine Renon Directrice épuisée »
Cette lettre, Monsieur le Premier Ministre, a été envoyée à tous les directeurs d’établissements de Pantin, à l’inspecteur, aux organisations syndicales. Je ne peux pas malheureusement la lire intégralement ici. Mais c’est un cri public qu’a lancé Mme Christine Renon, juste avant son suicide samedi matin, dans l’école maternelle qu’elle dirigeait à Pantin. dans un texte bouleversant de dignité et de retenue, mais aussi de clarté, elle dit son épuisement devant les réformes menées à la marche forcée, les rythmes intenables, le manque de moyens humains et matériels, son sentiment de solitude et d’un manque de soutien de la part de l’institution. Un travail rendu impossible dans ces conditions. Impossible jusqu’à l’irréparable.
Malheureusement, ils sont nombreux, comme elle, à être en très grande souffrance au travail. Certains vont jusqu’au suicide. Les enseignants sont à bout, jusqu’au suicide. Les policiers sont à bout, jusqu’au suicide. Les soignants sont à bout, jusqu’au suicide. C’est le résultat d’années de saccage méthodique de la fonction publique, que vous poursuivez aujourd’hui.
Cette lettre d’adieu n’est pas la première alerte. Ma collègue Sabine Rubin a remis en main propre au ministre Blanquer 450 témoignages d’enseignants décrivant leurs conditions de travail. En vain. Quand allez prendre la mesure de cette situation, et donner seulement les chiffres ? Quand allez-vous cesser de saccager les institutions et pousser vos agents au suicide ?
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