Coronavirus : le système libéral et technocratique duquel Macron et Philippe font partie intégrante porte toute la responsabilité

jeudi 16 juillet 2020.
 

Dans la curieuse période que nous vivons, avec ses drames et ses espoirs, deux adages résonnent de façon amère : « gouverner c’est prévoir » ; « prévenir c’est guérir ». Si l’on peut admettre que la crise sanitaire est en effet d’une ampleur sans précédent, et que tous les gouvernements du monde doivent gérer, avec plus ou moins de talent, une situation inédite, elle l’est pour la France d’autant plus que les gouvernements passés n’ont pas su maintenir un niveau de vigilance sanitaire à la hauteur. Si le gouvernement Édouard Philippe hérite en partie de décisions antérieures, il n’en reste pas moins que le système libéral et technocratique duquel il fait partie intégrante porte lui toute la responsabilité.

Bas les masques ! L’appartenance d’une partie de l’appareil au pouvoir aux cabinets ministériels ayant organisé la pénurie de masques est désormais connue. Pire, les enquêtes journalistiques, dont celle de Médiapart, ou celle du site laviedesidees.fr sur l’état des connaissances depuis janvier montrent que la gestion de la pandémie n’a pas été à la hauteur. Nerf de la guerre en temps de transmission des virus par voie aérienne, la fourniture des masques aurait dû faire l’objet d’une priorité, là où le gouvernement n’a cessé de communiquer contre les faits : laissant entendre avec Sibeth Ndiaye qu’on ne savait pas les utiliser, avec Laurent Nuñez qu’il y en avait là où tous les rapports de terrain attestent encore du contraire. Raison pour laquelle on ne peut accorder de crédit à la rhétorique présidentielle voulant faire taire toute critique en faisant croire que personne ne pouvait prévoir que la moitié de la population mondiale allait devoir se confiner. Une des raisons du confinement que nous subissons, et qui n’est pas appliqué de la même manière dans les pays qui avaient préservé un parc hospitalier, des masques et des capacités à produire des tests rapidement, vient d’abord de l’imprévoyance.

Voilà pourquoi l’heure est à l’heure d’après : prévoir pour ne pas subir, pour ne pas avoir à encore guérir. Prévoir la sortie du confinement, ce qui mérite mieux que les revirements d’un ministre de l’éducation changeant d’idées de jour en jour et jouant avec le moral des élèves, des personnels et des familles. Prévoir la sortie de l’état d’urgence sanitaire et l’abrogation des mesures exceptionnelles comme celles ayant touché le droit du travail ou les libertés publiques – comme nous l’avons analysé ici. L’esprit critique et solidaire paraît absolument nécessaire. Il ne relève pas d’une union sacrée, le sacré relevant justement de l’exception qui échappe aux actions humaines. Une alternative ne surgira pas par magie après, elle doit se construire maintenant. Marx ne disait-il pas que l’humanité ne se pose jamais que des problèmes qu’elle est capable de résoudre ?

Benoît Schneckenburger


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