Souveraineté, république et socialisme

jeudi 9 juillet 2020.
 

par Denis COLLIN, le 2 juillet 2020

Ces trois mots sont indis­so­cia­bles.

La sou­ve­rai­neté, c’est le pou­voir au-dessus duquel il n’est aucun autre pou­voir. C’est et ce ne peut être que la sou­ve­rai­neté du peuple, sinon c’est la sou­ve­rai­neté d’un homme, d’un petit nombre d’hommes ou celle d’un État étranger, et donc ce n’est pas la sou­ve­rai­neté. Et la sou­ve­rai­neté, c’est la capa­cité du peuple de déci­der lui-même com­ment il veut cons­truire son propre avenir. C’est donc la sou­ve­rai­neté d’un peuple qui se fait peuple, c’est-à-dire nation. Pour les peu­ples d’Europe, la sou­ve­rai­neté sup­pose la des­truc­tion de cette « prison des peu­ples » qu’est l’Union euro­péenne. Si Europe il y a, elle ne peut être que l’Europe des trai­tés passés entre nations libres et sou­ve­rai­nes, donc des nations qui maî­tri­sent leur mon­naie, leur budget, leur poli­ti­que étrangère et donc leur armée. Il faut donc sortir de l’euro, éventuellement en faire une mon­naie com­mune (et non une mon­naie unique) et sortir de l’OTAN.

La sou­ve­rai­neté est la condi­tion de la répu­bli­que : une répu­bli­que non sou­ve­raine est une répu­bli­que d’opé­rette ! Mais la répu­bli­que est aussi la condi­tion de la sou­ve­rai­neté : si la répu­bli­que est d’abord le pou­voir sou­ve­rain du peuple légis­la­teur, elle exclut donc toute subor­di­na­tion à pou­voir exté­rieur. En France, la répu­bli­que est mori­bonde, c’est une cari­ca­ture de répu­bli­que, puis­que son organe légis­la­teur, le Parlement, n’est qu’une cham­bre d’enre­gis­tre­ment qui soit tra­duit en droit fran­çais les direc­ti­ves euro­péen­nes, soit adopte les lois que le gou­ver­ne­ment lui a demandé d’adop­ter, soit trans­fère direc­te­ment au gou­ver­ne­ment son pou­voir légis­la­tif par le sys­tème des ordon­nan­ces. Il n’y a pas de répu­bli­que sans retour à la répu­bli­que par­le­men­taire et sans que la repré­sen­ta­tion du peuple ne retourne au vieux prin­cipe démo­cra­ti­que, « un homme, une voix », ce qui n’est pos­si­ble que par l’élection des par­le­men­tai­res au scru­tin pro­por­tion­nel. C’est parce qu’il n’y a pas de répu­bli­que en France, parce que le pou­voir sou­ve­rain de la nation n’est plus qu’un sou­ve­nir que nous sommes sous la coupe des « tech­no­cra­tes de Bruxelles » qui ne sont rien d’autre que les marion­net­tes de nos pro­pres poli­ti­ciens natio­naux.

Enfin si la répu­bli­que est vrai­ment conforme à son idéal, elle fait valoir au pre­mier chef le bien commun, c’est-à-dire le bien de la masse du peuple, le bien des « peti­tes gens », de ceux qui se lèvent tôt pour gagner leur vie, de tous ceux dont on a vu com­bien ils étaient indis­pen­sa­bles pen­dant l’épidémie de la Covid. C’est aussi une répu­bli­que qui pro­tège tous les citoyens contre la domi­na­tion, la domi­na­tion poli­ti­que, mais aussi la domi­na­tion économique.

C’est donc une répu­bli­que sociale. Comme le disait Jaurès, le socia­lisme, c’est la répu­bli­que jusqu’au bout ! Et si elle ne va pas jusqu’au bout, la répu­bli­que dépé­rit, se trans­forme en guerre des com­mu­nau­tés, en indi­vi­dua­lisme égoïste et fina­le­ment en oli­gar­chie.

Bref, vou­loir la sou­ve­rai­neté sans la répu­bli­que, c’est se moquer du monde. Vouloir la répu­bli­que sans aller au socia­lisme, c’est accep­ter par avance que la répu­bli­que soit bafouée par les puis­san­ces de l’argent. Rien de plus urgent que de tirer les conclu­sions pra­ti­ques de ces rai­son­ne­ments. Denis Collin, le 2 juillet 2020


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