Le tsunami social qui vient aux États-Unis

mardi 21 juillet 2020.
 

La pandémie continue de plonger les Etats-Unis dans un chaos inimaginable, et les conditions économiques ne se sont absolument pas améliorées pour des millions d’américains, malgré toutes les injections de liquidités, dont une part non négligeable en faveur des couches populaires.

En conséquence, près d’un tiers des ménages étasuniens – soit 32% – n’ont toujours pas payé l’intégralité de leur loyer pour le mois de juillet, selon une enquête de la plateforme de location en ligne. Et avec des experts de la santé publique qui avertissent que les gens vont devoir sans doute, retourner chez eux prochainement, le slogan « Stay at Home » prend une nouvelle dimension presque perverse, étant donné la nouvelle catastrophe humanitaire imminente qui va impacter près de 28 millions de personnes qui risquent de se retrouver expulsées et donc sans abri.

Apocalypse immo ! 30 % des Étasuniens ne payent plus leurs loyers !

30 % des Étasuniens ont manqué leurs paiements de loyer en juin » ! C’est le titre de cet article du site CNBC une chaîne d’information économique étasunienne, « La » chaîne devrais-je d’ailleurs dire. « Alors que les États-Unis continuent de faire face à un chômage record en raison de la pandémie de coronavirus, 30 % des Étasuniens ont manqué leurs paiements de loyers en juin, selon un sondage réalisé par Apartment List , une plateforme de location en ligne.Cela représente une augmentation par rapport à 24 % qui ont manqué leur paiement deux mois plus tôt en avril et à peu près au même niveau que 31 % qui ont manqué leurs paiements en mai. Les locataires, les ménages plus jeunes et à faible revenu et les citadins étaient les groupes les plus susceptibles de manquer leurs paiements de logement, a constaté Apartment List ».

Vous remarquerez qu’ils parlent ici des citadins par opposition aux ruraux ou semi-ruraux. La crise est déjà plus dure dans les grands bassins industriels ou tertiaires, qui sont généralement préservés les délocalisations étant un drame dans les « petits » bassins d’emplois où il n’y a rien d’autre.

Jusqu’à présent les grandes villes du monde ont été plutôt les grandes gagnantes de la mondialisation.

En France comme aux Etats-Unis, les zones « rednecks » ou « gilets jaunes » avaient payé LE tribut à la mondialisation. Elles ont presque tout perdu désormais, et si elles auront des difficultés économiques évidemment, ce n’est pas là où la douleur sera la plus vive.....

...« En même temps que ce taux « historiquement élevé » de citoyens des EU ne perçoit pas leurs paiements de logement, les protections d’expulsion mises en place au début de la propagation de Covid-19 aux États-Unis commencent à expirer. De plus, les 30 millions d’Américains actuellement au chômage perdront les 600 $ supplémentaires par semaine en prestations de chômage fédérales à la fin du mois de juillet....

Des tribunaux encore plus saturés que les services de réanimation !

« Certains experts juridiques s’attendent à « au moins » 50 000 dépôts d’expulsion à New York seulement lorsque le moratoire général d’expulsion de l’ État prendra fin le 20 juin , la plupart pour non-paiement du loyer. (Une interdiction d’expulsion plus restreinte est en vigueur dans l’État jusqu’au 20 août.).

« Dans le climat actuel, avec un taux de chômage record et de nombreuses personnes incapables de payer un loyer pour des raisons liées à Covid, ni les juges des tribunaux du logement ni nos avocats ne seront en mesure de résoudre bon nombre de ces différends, entraînant des expulsions, des déplacements, des sans-abri, des insensés, exposition à l’infection et plus de difficulté à contenir Covid-19 », écrit The Right to Counsel NYC Coalition dans une lettre à Lawrence K. Marks , juge administratif en chef du New York State Unified Court System. Pour prévenir une crise du « sans-abrisme », les gouverneurs pourraient prolonger, ou mettre en place pour la première fois, des moratoires universels d’expulsion pour la durée de la crise des coronavirus , plaident les avocats. Non seulement cela aiderait à garder les gens chez eux, mais cela empêcherait Covid-19 de se propager encore plus aux États-Unis, où au moins 118 000 personnes sont mortes de la maladie ».

Vers un plan de sauvetage des loyers ?

« Au niveau fédéral, la Loi sur l’aide d’urgence au loyer et la stabilisation du marché locatif de la Chambre allouerait 100 milliards de dollars à l’aide au loyer d’urgence, ce qui aiderait les locataires du pays à payer leur loyer et leurs factures de services publics. La loi HEROES , qui a été adoptée par la Chambre en mai mais qui a jusqu’à présent été bloquée au Sénat, comprend une prolongation du moratoire national sur les déclarations d’expulsion, les audiences et les exécutions pour 12 mois.

Juillet 2020 s’annonce encore pire :

Environ 19% des personnes interrogées n’ont pas été en mesure de payer pour leur logement la première semaine du mois, tandis que 13% ont payé une partie de leur loyer ou de leur hypothèque. Les chiffres représentent le triste fait que depuis quatre mois maintenant, un chiffre historiquement élevé de ménages étasuniens qui n’ont pas été en mesure de payer leur facture de logement, à temps ou en totalité.

Cela représente également une augmentation de 30% en juin et de 31% en juillet.Selon le « Apartment List », les personnes les plus susceptibles de manquer à leurs paiements sont des jeunes, les personnes à faible revenu ou les locataires. D’autres experts avertissent que les familles noires et latino-américains courent les plus grands risques d’expulsion. Ils pourraient également entrer dans le début d’un cycle rapide et vicieux, suggère le rapport. « Les retards de paiement d’un mois sont de très bons indicateurs pour les prochains paiements manqués », a dit « Apartment List ». En effet, 83% des ménages qui ont payé l’intégralité de leurs coûts de logements en mai, ont fait la même chose en juin, mais seulement 30% des ménages en retard en mai étaient aussi en retard en juin.

Nous assistons actuellement à une confluence franchement horrible d’expulsions qui augmentent à un rythme effrayant dans des états où de nouveaux cas de coronavirus sont en augmentation. »

Selon le Covid-19 Eviction Defense Project (CEDP), 20% des 110 millions d’Étasuniens qui louent leur maison – plus de 20 millions de personnes – risquent d’être expulsées dès fin septembre. Et ce ne sont pas simplement des familles à faible revenu, mais des personnes qui ont connu des périodes difficiles récemment en raison du choc de la pandémie, explique le co-fondateur du CEDP, Zach Neumann – et le nombre devrait augmenter considérablement lorsque les allocations vont disparaître à la fin du mois.

« Vous avez beaucoup de gens qui gagnaient bien leur vie, dans de nombreux cas, avec des salaires élevés à cinq ou six chiffres », a expliqué Neumann.

Entre-temps, la menace de devenir sans abri a coïncidé avec une augmentation spectaculaire des infections au coronavirus dans le sud et dans l’ouest des Etats-Unis, frappant les locataires en difficulté de manière disproportionnée.

Et avec des Etats comme le Texas où ils ont décidé de suspendre les projets de réouverture, les audiences d’expulsion se poursuivent – mais sur l’application Zoom. En conséquence, les locataires qui n’ont pas accès à internet sont souvent privés de leur capacité à pouvoir bénéficier de certains de leurs droits légaux.

Les défenseurs du logement appellent de toute urgence à des protections à l’échelle nationale sous la forme d’un moratoire d’expulsion uniforme et d’une aide fédérale par le biais des solutions d’urgence comme le « Health and Economic Recovery Omnibus Emergency Solutions » (HEROES) et la loi de 2020 sur la protection et les secours en matière de logement d’urgence. Cependant, le Sénat sous domination républicain devrait bloquer les deux mesures.

Partout dans le pays, les locataires, tout comme les propriétaires et leurs syndicats ont exprimé le souhait que tous ces loyers soient différés indéfiniment.

Certains locataires, tels que les résidents de l’Acacia Apartments à Denver, dans le Colorado, mènent déjà une grève des loyers – montrant potentiellement la façon dont les gens dans tout le pays sont prêts à lutter afin de garder un toit au-dessus de leur tête, surtout si l’on tient compte de leur projet de continuer à se battre jusqu’au bout, même si les propriétaires les menacent de les expulser.

Si le Congrès ne parvient pas à adopter le deuxième projet de loi de relance, cela provoquera des désastres pour les propriétaires car les locataires ne pourront pas se permettre de louer jusqu’à la fin de l’été. Le mois dernier, l’état de New York a adopté le « Tenant Safe Harbor Act », ce qui rend encore plus difficile l’expulsion des locataires par les propriétaires.

Même si un propriétaire réussit à expulser quelqu’un, la demande de location a plongé et les gens fuient les villes en raison d’une pandémie de virus et également en raison des troubles sociaux dans ces grandes villes. Donne Roberts, un agent de la maison de courtage « Nestseekers International » représente un propriétaire à Manhattan qui connaît un taux d’inoccupation de 17% tout simplement parce que la réouverture des universités a été retardée. « Généralement, un studio coûterait 2 600$, mais maintenant c’est autour des 2 300$ » a déclaré Roberts. « Beaucoup de propriétaires proposent un loyer avec un mois offert, et ils paient eux-mêmes les frais d’agence. C’est un marché en faveur des locataires. Bien sûr, les locataires occupant un emploi sont de plus en plus difficiles à trouver. » Sharon Redhead, propriétaire dans le quartier East Flatbush de Brooklyn, a déclaré que si les revenus de location ne rebondissaient pas à court terme, elle pourrait être forcée de vendre sa propriété.

Redhead a déclaré que 40% des locataires de son immeuble de + de 50 unités avaient abandonné le paiement du loyer en juin.

Le Covid19 fait ce que les Gilets jaunes ont fait, forçant à ouvrir un espace pour un dialogue politique honnête, enfin.

La façon la plus simple de l’expliquer est de l’exprimer en termes culturels occidentaux : ce que les Gilets jaunes de France demandent, c’est une révolution culturelle française afin d’étendre la portée de la démocratie dans les classes inférieures, ce que la démocratie libérale occidentale aristocratique n’a jamais réalisé, ni même visé. Le parallèle avec la Chine des années 60 et l’Iran des années 80 ne pourrait pas être plus clair si l’Occident n’était pas si déterminé à déformer ces deux époques, ainsi qu’à déformer les Gilets jaunes aussi.

Les Gilets jaunes ne vont pas faire la révolution – telle est la puissance des forces aristocratiques modernes qui se dressent contre eux. De même, malgré toutes les armes à feu en mains privées, les États-Unis sont encore moins mûrs pour une révolution moderne en raison des 40 années d’ignorance politique forcée et d’apathie politique que j’ai décrites.

Cependant, tout comme les Gilets jaunes ont forcé l’ouverture d’un nouvel espace pour un débat politique honnête en France, les conséquences du Grand Confinement créeront un espace pour un débat politique honnête aux États-Unis.

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