Extrême droite américaine : dans le Michigan, un complot “de mauvais augure”

samedi 17 octobre 2020.
 

Le FBI et les autorités du Michigan ont annoncé jeudi 8 octobre l’arrestation de 13 hommes qui projetaient notamment d’enlever la gouverneure démocrate. La presse américaine s’inquiète de la menace croissante que représente le suprémacisme blanc dans la perspective de la présidentielle.

Ils se préparaient à “déclencher une guerre civile”, a affirmé Dana Nessel, procureure générale du Michigan. Treize membres de milices armées, qui projetaient de prendre d’assaut le Capitole de l’État, de kidnapper la gouverneure démocrate Gretchen Whitmer et de la faire juger pour “pouvoir incontrôlé”, ont été inculpés dans le Michigan par les autorités fédérales et par la justice de l’État, a-t-on appris jeudi 8 octobre.

Au moins six de ces hommes avaient “élaboré un plan détaillé pour enlever Whitmer”, rapporte le New York Times. D’après le FBI, ce petit groupe s’est réuni à plusieurs reprises au cours de l’été pour s’entraîner au maniement des armes à feu, aux techniques de combat et à la fabrication d’explosifs. Les miliciens se sont également retrouvés plusieurs fois pour discuter de la mission dans le sous-sol d’un magasin qui n’était accessible que par une trappe sous un tapis, et ils ont espionné la maison de vacances de Gretchen Whitmer en août et septembre, cherchant même sous un pont d’autoroute des endroits où ils pourraient faire exploser une bombe pour distraire les autorités.

L’affaire montre à quel point “les groupes armés d’extrême droite ont la volonté de s’en prendre au gouvernement et à ceux qui, selon eux, menacent leurs libertés”, souligne le Los Angeles Times. Pour le quotidien californien, elle confirme aussi les craintes des autorités américaines et des groupes de défense des droits civiques, qui redoutent de plus en plus la préparation d’actions violentes avant la présidentielle de novembre.

Quelques jours plus tôt, le ministère de la Sécurité intérieure avait publié un rapport avertissant que le suprémacisme blanc est désormais considéré comme “la menace la plus constante et la plus sérieuse” aux États-Unis.

Légitimés par l’attitude de Trump

La gouverneure Gretchen Whitmer a accusé Donald Trump d’avoir “encouragé” les groupes antigouvernementaux, rapporte le quotidien californien. Selon elle, depuis sa prise de fonction à la Maison-Blanche, Trump a “refusé de condamner les groupes d’extrême droite ou l’a fait en termes vagues” :

“Quand nos dirigeants parlent, leurs paroles comptent. Lorsque nos dirigeants rencontrent des terroristes domestiques, les encouragent ou fraternisent avec eux, ils légitiment leurs actions, ils en sont complices.” Les enquêteurs n’ont pas précisé si les miliciens arrêtés “ont été inspirés par Trump”, observe le Los Angeles Times. Mais ce dernier avait critiqué à plusieurs reprises la gouverneure pour les mesures de restriction qu’elle avait imposées aux entreprises et aux lieux de culte au printemps dernier, invitant notamment les manifestants anticonfinement, qui avaient fait irruption dans le capitole de l’État, à “libérer le Michigan”.

Pour le Washington Post, la vague d’arrestations dans cet État du Midwest devrait une fois de plus inviter le président américain “à se montrer plus prudent dans son langage” et elle est “de très mauvais augure pour cet automne” :

“Cela laisse entrevoir la possibilité de nouvelles violences de la part de l’extrême droite si Trump venait à perdre les élections, à les déclarer truquées et à mobiliser ses partisans d’une manière ou d’une autre.”

Nicolas Coisplet


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