2700 milliards d’euros de dette publique française. Et après ?

vendredi 26 février 2021.
 

La dette publique est de nouveau en haut de l’actualité. 2700 milliards d’euros, 116% du PIB annuel pour ce qui concerne la France. La crise sanitaire et les confinements ont fait s’effondrer les recettes quand les mesures d’accompagnement faisaient augmenter les dépenses avec aucune remise en cause des habitudes coûteuses des libéraux : subventions sans contrepartie ni entrée au capital des entreprises aidées, poursuite du ruineux crédit d’impôt recherche malgré le fiasco Sanofi, pas de contribution des ultras-riches et profiteurs de crise.

Certains, comme Bruno Le Maire, utilisent la dette pour justifier le retour des mauvais coups sociaux comme la réforme des retraites. Il a le mérite de la franchise. Il dit tout haut ce que le gouvernement prépare tout bas. Car en contrepartie de l’illusoire « plan de relance européen », qui soit dit en passant coûtera plus cher à la France qu’il ne lui apportera, les États doivent s’engager à des « réformes structurelles ». La logique austéritaire des plans « d’aides » est ainsi étendue à toute l’UE. C’est pour ça que Mario Draghi, ex président de la BCE au moment de la crise grecque, prend la tête du gouvernement italien.

Sa successeuse à la tête de la BCE ne dit pas autre chose. Christine Lagarde canonne que toute annulation de la dette serait « illégale », contraire aux traités européens et que les peuples doivent se préparer à rembourser, à payer une crise dont ils ne sont pas responsables une fois encore. Se croit-elle encore au FMI ?

Mais le consensus se fissure. Là où les insoumis et une poignée d’économistes hétérodoxes étaient bien seuls, beaucoup appellent désormais à l’annulation de la dette publique. C’est qu’elle a tellement explosé qu’imposer son remboursement condamnerait à une nouvelle austérité lourde de désastres sociaux et politiques. Surtout quand un quart de cette dette publique est détenue par la BCE et qu’une décision politique permettrait de transformer la dette détenue par la BCE en dette perpétuelle sans intérêts.

Car pendant que les libéraux reprennent leur refrain contre « la dette publique », ce sont d’autres dettes qui font les défis de demain : les dettes privées des entreprises zombies aidées pendant la crise mais qui ne pourront rembourser, des ménages qui ont vu leur revenu s’effondrer, des étudiants. Au lieu d’affronter cette réalité, LREM pousse au crime en proposant pour chaque jeune … un prêt de 10 000 euros !

Et puis, il y a évidemment la dette écologique qui s’aggrave. Si les confinements de 2020 ont permis de réduire les émissions de gaz à effet de serre, aucun réel effort n’est prévu. Déjà, le changement climatique est irréversible. La dette est déjà là. Celle-là ne pourra pas s’annuler. Elle peut en revanche être contenue. Cela ne se fera pas avec l’amputation scélérate des mesures de la convention citoyenne sur le climat, mais par la planification et des investissements colossaux. Une raison de plus pour annuler la dette Covid et se concentrer sur le vital rebond écologique et social.

Matthias Tavel


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