Mali : une frappe française a tué 19 civils

vendredi 2 avril 2021.
 

Ils étaient réunis pour un mariage... et ont trouvé la mort lors d’une frappe française. Contrairement à ce qu’avait soutenu la France au lendemain de cette frappe meurtrière le 3 janvier, 2021 des civils ont bel et bien péri. Les autorités avaient expliqué que cette frappe n’avait touché que des jihadistes. Le 30 mars 2021, l’AFP a obtenu un document qui révèle les dessous de cette macabre attaque : 19 personnes sont mortes immédiatement après l’explosion tandis que trois autres ont trouvé la mort pendant leur évacuation. Si le ministère des Armées remet en cause les révélations de l’ONU, les témoignages et reportages qui les étayent affluent depuis le 30 mars 2021.

Trois personnes tuées faisaient bel et bien partie d’un groupe islamiste relié à Al-Qaïda. La Minusma, à savoir la Division des droits de l’Homme de la Mission de l’ONU au Mali recommande maintenant aux autorités tant maliennes que françaises de mener une enquête en toute transparence pour faire toute la lumière sur cet événement tragique. Pour seule réponse, le ministère des Armées a émis des réserves concernant ces révélations.

« Les conclusions de l’enquête de la MINUSMA réduisent totalement à néant les arguments et la ligne de défense des autorités françaises et maliennes. […] Les enquêteurs de l’ONU ont réalisé plus de 400 entretiens-témoignages […] et analysé « au moins 150 publications, communiqués officiels, articles de presse, ainsi que des photographies et des vidéos concernant la frappe de Bounti. » C’est au terme de cette enquête minutieuse que la MINUSMA s’est sentie « en mesure de confirmer la tenue d’une célébration de mariage qui a rassemblé sur le lieu de la frappe une centaine de civils parmi lesquels se trouvaient [certes] cinq personnes armées, membres présumés de la Katiba Serma. Au moins 22 personnes, dont trois des membres présumés de cette Katiba Serma, ont été tuées. » […] Et comme pour lever tout doute, pointe encore Malikilé, et ôter tout argument à ceux qui éprouveraient le besoin de remettre son travail en cause, la MINUSMA enfonce le clou : « L’équipe n’a constaté sur le lieu de l’incident aucun élément matériel qui aurait pu attester la présence d’armes ou de motos ». »

En tout cas, ce rapport est « accablant », pointe Aujourd’hui à Ouagadougou et Paris se retrouve dans « l’embarras » : « sans présager à 100 % de la véracité des conclusions de l’enquête (onusienne), les carottes semblent déjà cuites, estime Aujourd’hui, et il faudra envisager un « mea culpa » et d’éventuelles réparations pour les victimes dans les prochaines semaines. À cet effet, la Convention de Genève est claire : il faut des sanctions à l’endroit des auteurs de cette opération de sécurisation qui aurait viré à l’échec. Ainsi, l’armée française, qui n’a pas bonne presse auprès d’une certaine opinion africaine, est de nouveau épinglée. Cette enquête de la MINUSMA apporte de l’eau au moulin des contempteurs de la présence militaire française en Afrique et au Sahel qui n’hésiteront pas à s’en saisir pour justifier leur « combat » et remonter sur leurs grands chevaux et crier à tue-tête « à bas l’impérialisme ! » »


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