2022, un enjeu plus grand que nous (par Stéphane Peu, député PCF)

lundi 10 mai 2021.
 

Militant communiste depuis plus de quarante ans, Stéphane Peu a toujours concilié une parole libre, parfois jugée hétérodoxe, et sa fidélité d’engagement au Parti communiste français. C’est dans cet état d’esprit qu’il donne aujourd’hui son appréciation sur le choix stratégique qu’il va falloir faire collectivement pour les élections présidentielle et législatives de 2022.

Ne nous trompons pas d’enjeu. Je veux dire ma très grande inquiétude sur la situation politique du pays qui confirme chaque jour un peu plus, la possibilité d’un double scénario catastrophe.

Les cinq années de pouvoir macronien, ultralibéral, monarchique et atlantiste ont endommagé, plus que n’importe lequel des gouvernements précédents, notre modèle social et démocratique, issu d’un siècle de luttes, de conquêtes populaires et d’avancées de la gauche. Ce serait une erreur de sous-estimer les conséquences d’un second mandat accordé à Emmanuel Macron qui achèverait de mettre en œuvre la feuille de route que le dirigeant du Medef, Denis Kessler, avait ainsi résumée : «  Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance  ».

Ce scénario, lourd de tant de souffrances pour notre peuple, ouvrirait une ère de très grande incertitude politique. Sur un tel champ de ruines, les fleurs vénéneuses de l’extrême-droite trouveraient un terreau d’autant plus fertile qu’Emmanuel Macron tente déjà par tous les moyens de promouvoir son duel/duo avec Marine Le Pen : loi sur le « séparatisme », lois sécuritaires, lois liberticides... le pouvoir met tout en œuvre pour que le vocabulaire et les thèmes de l’extrême-droite infusent dans le débat public.

Avec Antonio Gramsci, je n’oublie pas que les victoires morales et culturelles précèdent les victoires politiques. C’est pourquoi il n’est désormais plus exclu qu’Emmanuel Macron soit dès 2022, le marchepied d’un pouvoir autoritaire, brutal et raciste.

Dans ces conditions, la responsabilité des communistes est d’être fidèles à leur histoire, en ouvrant sans délai une issue positive face à cette double menace, ultralibérale et néofasciste.

C’est maintenant qu’il faut apporter de l’oxygène à nos services publics si durement éprouvés : l’hôpital, l’école, la justice, la police, les collectivités… C’est aujourd’hui qu’il faut redonner confiance à nos quartiers populaires inlassablement stigmatisés. C’est tout de suite qu’il faut arrêter le sabordage organisé de notre outil industriel, de nos technologies, de nos savoir-faire, et donner à notre peuple les moyens d’avoir son destin entre ses mains : la maîtrise de la filière énergétique, l’aérospatial, l’industrie navale, les télécommunications, le numérique et le traitement de la donnée, le médicament, les biotechnologies... La question est posée : l’accélération des crises économiques, sociales, écologiques et sanitaires, toujours plus massives et enchaînées, nous laissera-t-elle beaucoup d’autres occasions, d’engager l’indispensable bifurcation vers la justice sociale et la transition écologique ?

Il me semble impérieux et possible de mobiliser nos forces et nos intelligences pour construire un contrat de mandature, pour les cinq prochaines années qui engage cette rupture nécessaire.

L’histoire nous enseigne que les peuples ne sont prêts à se tourner vers un pouvoir autoritaire que lorsqu’ils ne distinguent plus d’issue politique à leurs aspirations. Au contraire, loin de la multiplication des candidatures, proposer un large rassemblement sur des choix clairs enverrait un message d’espoir. À un an de l’échéance présidentielle, il est encore possible d’envoyer ce message et d’ouvrir une brèche dans le mur de la résignation.

Fidèle à ce que le parti communiste français a su un siècle durant, concrétiser d’espoirs, du Front populaire de 1936 au Front de gauche, en passant par le programme du conseil national de la résistance, reconnaissons-nous la force d’imposer l’unité, une candidature commune et un projet de rupture, s’appuyant sur une majorité parlementaire respectueuse de la diversité de la gauche et de l’écologie.

Je crois notre peuple prêt à écrire cette nouvelle page du récit émancipateur qui caractérise aussi son histoire. Dans un contexte de grande instabilité, le pire n’est pas toujours le plus probable. En fédérant ainsi les forces politiques et citoyennes, nous pourrions compter, non sur la simple addition des voix aujourd’hui éparpillées de la gauche, mais profiter de l’élan d’une houle plus profonde, celle d’une dynamique populaire, apte à créer la surprise en 2022, à remporter la victoire.

C’est vers cet objectif que tous les efforts des communistes doivent être tendus dans les prochaines semaines et les prochains mois. C’est pourquoi je voterai pour l’option 2, dite « alternative » lors du vote des 7, 8 et 9 mai prochains.

Stéphane Peu, militant PCF et député de la Seine-Saint-Denis

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