L’ONU demande des « mesures immédiates » contre le « racisme systémique »

jeudi 8 juillet 2021.
 

Quelques jours après la condamnation aux États-Unis du policier qui a tué George Floyd, la haut-commissaire des Nations Unies aux Droits de L’Homme, Michelle Bachelet souhaite la mise en place de mesures contre le racisme systémique.

« Les États doivent prendre des mesures immédiates » contre le « racisme systémique » dont sont victimes les Noirs, a t elle en effet réclamé ce lundi 28 juin 2021. « Seules les approches qui s’attaquent à la fois aux lacunes endémiques des forces de l’ordre et au racisme systémique – et à ses origines – rendront justice à la mémoire de George Floyd et de tant d’autres dont la vie a été perdue ou irrémédiablement affectée », a déclaré Michelle Bachelet, lors de la publication d’un rapport du Haut-commissariat demandé par le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, faisant référence à l’Afro-Américain devenu le symbole des victimes des violences policières et raciales aux États-Unis après son meurtre le 25 mai 2020. « Il existe aujourd’hui une possibilité d’importance capitale de marquer un tournant pour l’égalité et la justice raciales », relève encore ce rapport.

190 cas de décès d’Africains ou de personnes d’ascendance africaine au contact avec les forces de l’ordre ont été examinés : » Dans nombre des cas examinés, (…) les victimes ne représentaient pas une menace imminente de mort ou de blessure grave telle que le niveau de force employé était justifié« , soulève le rapport qui appelle à « des mesures solides » pour mettre fin à l’impunité policière.

Derek Chauvin, le policier qui a écrasé le cou de George Floyd sous son genou pendant de longues minutes d’agonie, a été condamné à 22 ans et demi de prison, une peine relativement lourde et rare aux États-Unis qui reflète l’impact planétaire du drame. Le meurtre d’Adama Traoré apparaît aussi dans ce rapport. Le meurtre de George Floyd et « les manifestations de masse » qui l’ont suivi partout dans le monde constituent en effet un moment « décisif dans la lutte contre le racisme » dont il faut se saisir, souligne d’ailleurs le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme.

En effet, Cette mobilisation a permis « une prise de conscience longtemps retardée du racisme et a placé au centre des débats le caractère systémique du racisme », souligne Michelle Bachelet dans son communiqué.

Les conséquences du racisme systémique se rapprochent dangereusement d’une certaine forme de ségrégation : le rapport met en effet en évidence la marginalisation économique et politique des populations d’origine africaine. Elles n’ont pas le même accès que les autres à l’éducation ou à des soins de santé de qualité, et se retrouvent sous-représentées dans la société (cinématographie, poste à responsabilité,…).

Le rapport relève également que le racisme conditionne « les interactions des personnes africaines avec les représentants de la loi et le système de justice pénale« .

Pour y remédier, le rapport appelle les États à « adopter des mesures mobilisant l’ensemble des pouvoirs publics » dans des plans dotés de « ressources suffisantes« . Ce rapport préconise la mise en place des fameuses statistiques ethniques, seules à même de permettre de « mieux comprendre l’ampleur du racisme systémique (…) et contrôler l’efficacité des mesures stratégiques » prises. Le rapport évoque notamment la mise en place de « mécanismes de contrôle indépendants« , un contrôle du recours à la force par les policiers ou encore des « programmes d’indemnisation des victimes« .

La lutte contre le racisme passe par un véritable travail de mémoire, souligne enfin le rapport. Il est ainsi « grand temps de regarder en face les séquelles de l’esclavagisme, de la traite transatlantique des Africains et du colonialisme, et de viser à une justice réparatrice« , insiste-t-il, pointant « l’absence de reconnaissance officielle de la responsabilité » des États, institutions et individus ayant participé à ces phénomènes ou en tirant encore profit.

D’ailleurs, en 2020 le Parlement européen a envoyé un signal fort après la mort de George Floyd. La résolution portée par Younous Omarjee, eurodeputé de La France insoumise (LFI), a été adoptée à la majorité. Cette résolution prévoit que les États membres reconnaissent cette histoire, qu’elle soit incorporée dans les manuels scolaires. Le 02 décembre sera la journée de commémoration de l’abolition de l’esclavage au niveau européen. Désormais, l’esclavage et la traite sont reconnus crimes contre l’humanité.


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