À quelques jours de son mariage avec la petite-fille de Jean-Marie Le Pen, l’eurodéputé italien Vincenzo Sofo a participé au festival du parti CasaPound, qui porte son héritage fasciste en étendard.
Le futur mari de Marion Maréchal – les noces sont prévues le 11 septembre – a ces derniers temps un emploi du temps bien chargé. Vincenzo Sofo, inconnu en France, est une figure de l’extrême droite italienne.
Samedi 4 septembre, l’eurodéputé italien, qui a rejoint le parti nationaliste Fratelli d’Italia (Frères d’Italie) après avoir quitté la Ligue au lendemain du ralliement du mouvement au gouvernement de Mario Draghi, était l’invité du mouvement d’ultra-droite CasaPound, qui tenait son festival annuel à Grosseto, en Toscane.
Revendiquant haut et fort son héritage mussolinien, CasaPound, « la maison de Pound », a été créée en 2003 en référence au poète américain Ezra Pound, sympathisant du régime mussolinien. Petit groupuscule radical à l’origine, CasaPound n’a cessé de croître, s’incrustant peu à peu dans un paysage politique italien où le passé fasciste a fait l’objet d’une grande entreprise de « normalisation » depuis vingt ans. C’est aujourd’hui un parti légal qui se présente aux élections.
L’histoire sulfureuse de CasaPound est émaillée des faits d’armes de ses militants impliqués dans de nombreuses agressions de migrants ou de militants de gauche.
En 2011, à Florence, un militant de CasaPound avait tué par balle deux vendeurs ambulants sénégalais avant de se donner la mort.
À Bari, une enquête a été ouverte contre une trentaine de militants de CasaPound pour « recréation du parti fasciste dissous » après les violentes agressions de militants antifascistes en 2018. Les liens de certains dirigeants avec le clan mafieux Spada, dans leur fief d’Ostie (banlieue de Rome), sont aussi régulièrement pointés par la presse italienne.
Au programme du rendez-vous de rentrée de ceux qui se définissent comme les « fascistes du troisième millénaire », quatre jours de débats, de spectacles et de concerts avec un slogan sans ambiguïté : « Retour au pouvoir ».
Aux côtés de Vincenzo Sofo étaient également invités l’historien Marco Gervasoni, épinglé pour ses propos antisémites, et la journaliste Francesca Totolo, qui a récemment provoqué le scandale en moquant les prétendus ongles vernis d’une migrante camerounaise sauvée en mer, une fake news rapidement démontée par la presse. Les deux sont mis en examen pour injures et menaces à l’égard du président de la République italienne.
Côté musique, le groupe identitaire Zetazeroalpha était chargé de mettre l’ambiance. La formation s’est fait notamment connaître pour les bagarres déclenchées en marge de ses concerts et pour avoir introduit un dérivé du pogo où les spectateurs se frappent les uns les autres avec leur ceinturon.
Longtemps proche de Matteo Salvini, Vincenzo Sofo est souvent présenté comme un intellectuel du parti. Il aurait pesé sur la réorientation de la Ligue, qui a tourné le dos à son régionalisme et s’est alliée à d’autres formations de droite pour sortir du corner où elle végétait.
Gravitant depuis toujours à la droite de la droite, le trentenaire a donc quitté la Ligue en février dernier, désormais trop centriste à son goût, pour rejoindre la formation d’extrême droite Fratelli d’Italia, en passe de devenir le principal parti d’opposition en Italie.
Comme sa compagne, il œuvre depuis des années à une « union des droites », allant des formations les plus radicales à la droite classique.
Lui aussi adepte de la bataille culturelle, il a notamment lancé le site politique Il talebano pour mettre à l’agenda les questions identitaires.
Marion Maréchal, qui a rencontré Vincenzo Sofo en 2016 en marge d’un meeting politique, s’est montrée très intéressée ces dernières années par la manière dont Matteo Salvini avait accédé au pouvoir. Pendant la campagne des élections européennes, l’ancienne députée FN du Vaucluse n’avait pas ménagé sa peine pour dire tout le bien qu’elle pensait de son compagnon à la presse italienne, comme le racontait ici Le Parisien. « Ce qui nous unit, outre un sentiment amoureux, c’est vraiment une vision politique. C’est une vision de la société et de l’Europe », déclarait de son côté Vincenzo Sofo au journal conservateur Libero.
Contactée, Marion Maréchal n’a pas donné suite.
7 septembre 2021 Par Lucie Delaporte
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