Climat : Savoir pour se battre contre le réchauffement

mercredi 17 novembre 2021.
 

Le changement climatique est indubitablement dû à nos activités humaines. Il a déjà commencé et va bouleverser notre climat durant le reste de notre existence et ce pour des générations. Lutter contre le changement climatique ou même en atténuer les effets nécessite une diminution drastique et urgente de nos émissions de gaz à effet de serre. Telles sont les principales conclusions du dernier rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), organisme onusien qui a publié en août la première partie de son sixième rapport d’évaluation sur le changement climatique en vue de la prochaine COP26 qui s’ouvrira le 1er novembre.

Ce dernier rapport est une des plus solides et importantes synthèses de connaissance scientifique jamais publiée à ce jour. Il apporte des connaissances plus précises sur le réchauffement climatique par rapport à son prédécesseur, rendu public en 2013. Riche de sept années de recherche supplémentaires, il se base sur les derniers modèles, méthodes, analyses, et sur un corpus de publications scientifiques les plus récents. Il établit sans doute possible que les émissions de gaz à effet de serre dues aux activités humaines ont réchauffées la planète, les océans et les terres, en soumettant l’atmosphère, l’océan, la cryosphère (glaciers) et la biosphère à des changements rapides et de grande ampleur.

En 2020, les températures moyennes à la surface du globe étaient de 1,1°C supérieures à celles de la période 1850-1900. Cette moyenne n’est pas comparable aux températures de la vie de tous les jours : elle quantifie l’impact de nos émissions de gaz à effet de serre sur le stockage de surplus d’énergie dans l’atmosphère, les glaces et les océans. Celles-ci conduisent à un rythme de réchauffement sur les 50 dernières années sans précédent depuis au moins 2000 ans. Conséquences : le réchauffement climatique passé a un impact qui est déjà mesurable et observable sur la fonte des glaces, la hausse du niveau des mers, le réchauffement et l’acidification des océans, l’augmentation globale de la fréquence des événements météorologiques et climatiques extrêmes. Le quotidien de millions de gens est drastiquement modifié par l’augmentation de la fréquence des chaleurs extrêmes, les feux de forêt, les fortes précipitations, les inondations, les sécheresses ou les ouragans.

À la croisée des chemins climatiques

À quoi s’attendre dans l’avenir ? À un climat qui sera plus chaud qu’il ne l’est maintenant, et qui se réchauffera tant que la neutralité carbone ne sera pas atteinte. C’est-à-dire le moment où les émissions mondiales de gaz à effet de serre seront descendues au même niveau que ce que les puits de carbone (forêts, océans…) peuvent absorber. Au vu de la durée de vie des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, cela signifie que le climat que nous avons connu par le passé est définitivement perdu à l’échelle de notre existence. Si l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère continue, à l’échelle d’une vie humaine nos sociétés seront inadaptées aux nouvelles conditions climatiques que nous aurons nous-mêmes créées. Pour anticiper ces futurs possibles, les rédacteurs de ce nouveau rapport ont mis au point cinq scénarios, basés sur des hypothèses diverses en termes de population, de développement économique, technologique et de politiques environnementales.

Résultats : quel que soit le scénario suivi, la température à la surface du globe continue d’augmenter au moins jusqu’au milieu du siècle, avec un réchauffement planétaire qui dépasse les 2°C au cours du XXIe siècle (les 1,5°C figurant dans l’accord de Paris de 2015 étant ponctuellement dépassés bien avant 2040) à moins que des réductions importantes d’émissions de CO2 et d’autres gaz à effet de serre n’interviennent dans les prochaines décennies. Ce qui implique de ne plus avoir recours à la combustion d’énergies fossiles tout en arrivant à la neutralité carbone peu après 2050. Dans le scénario le plus ambitieux (SSP1-1.9), la hausse de température se stabilise entre 1,0 et 1,8°C de réchauffement à la fin du siècle. Dans le pire des scénarios (SSP5-8.5), elle atteindrait entre 3,3 et 5,7°C. Chaque dixième de degrés de réchauffement global aurait alors des conséquences majeures : un pic de chaleur qui se produisait une fois tous les 50 ans il y a un siècle devient déjà 5 fois plus fréquent en 2020 à +1°C, 14 fois plus fréquent à +2°C, et… annuel à +4°C. Des changements brusques sont également possibles si nous dépassons les +1,5°C, comme la disparition de la forêt amazonienne. Le secrétaire-général de l’ONU Antonio Guterres a fait savoir le 17 septembre que les engagements pris par les Etats « montre que le monde est sur un chemin catastrophique vers +2,7 °C de réchauffement ». Un seul pays, la Gambie, aurait pris des engagements en conformité avec l’objectif de limiter le réchauffement à +1,5° C !

Quelles conséquences pour la France ?

Ce premier rapport servira de base aux négociations internationales de la COP 26, qui se tiendra en novembre 2021 à Glasgow (Ecosse). Il sera suivi de deux autres : le deuxième portera sur les impacts, l’adaptation et la vulnérabilité des sociétés humaines et des écosystèmes au changement climatique, et le dernier abordera les solutions globales à mettre en œuvre pour atténuer le changement climatique et ses effets.

Comme tous les pays du monde, la France devrait diminuer drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre pour qu’il soit possible d’atteindre la neutralité carbone planétaire aux alentours de 2050. Les politiques menées jusqu’à maintenant sur le plan climatique sont trop pusillanimes pour espérer atteindre cet objectif. La France n’a baissé ses émissions de gaz à effet de serre émises sur son territoire que de -0,5% par an les cinq années qui ont précédées la pandémie, bien loin des -5% par an qu’il faudrait atteindre pour être sur la bonne trajectoire climatique. Et ce, sans même prendre en compte ses émissions importées résultant de la consommation de biens produits hors de France, qui stagnent depuis plus de cinq ans. Atteindre de telles baisses d’émissions nécessite de planifier l’atténuation des émissions de chaque secteur d’activité : les transports, l’agriculture, le bâtiment, l’industrie et les administrations publiques. Le tout en conservant un système électrique bas carbone, capable d’assurer l’électrification - et donc la décarbonation - d’une part croissante de nos activités. Le laboratoire d’idées l’Intérêt Général publiera à ce sujet plusieurs notes dans les prochains mois en proposant une analyse comparative inédite des scénarios prospectifs de transition électrique. Il s’agira aussi de planifier l’adaptation face aux crises climatiques qui surviennent et vont survenir avec de plus en plus d’intensité.

Antoine Trouche


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