Les sept clés du renouveau de la gauche (Gauche Avenir : Lienemann Marie Noelle, Candar Gilles, Cabanes Claude, Corbière Alexis, Gayssot Jean-Claude, Laignel André, Levaï Ivan, Marlière Philippe, Moglia Michael, Quilès Paul, Wurtz Francis...)

dimanche 16 septembre 2007.
 

Jeudi 13 septembre, les premiers signataires de l’appel de Gauche Avenir ont présenté lors d’une rencontre de presse les sept clés du renouveau de la gauche. Ce texte, qui s’inspire des premières contributions des signataires de l’appel, s’engage résolument en faveur d’une charte pour l’unité de la gauche.

Face à une droite dure et déterminée, et après trois défaites consécutives aux présidentielles, la gauche n’est pas au mieux de sa forme. Fort logiquement, les appels au sursaut fleurissent. Même les plus fervents adeptes de l’immobilisme se sentent obligés de plaider en faveur de la nécessaire « rénovation ».

Celle-ci ne doit en aucun cas se traduire par la liquidation pure et simple de nos valeurs et de nos principes. De même, il ne saurait être question de renoncer à la stratégie d’unité de la gauche, qui a toujours été la condition de la transformation sociale. Droitisation, renoncement, alliances au centre : nous n’accompagnerons pas cette mutation. Au contraire, il est temps de renouer aujourd’hui avec la bataille idéologique et culturelle. La gauche ne peut rester passive face à une droite décomplexée qui a réussi à imposer son vocabulaire et à légitimer ses problématiques. Face à cette offensive conservatrice, la gauche doit réaffirmer la modernité de ses valeurs et se réarmer idéologiquement. Cela suppose de renouer avec le débat et la réflexion intellectuelle. Telle est l’ambition de Gauche Avenir.

Au delà de cette entreprise idéologique, nous voulons réaffirmer un cap stratégique : celui de l’unité.

- L’unité est une nécessité historique pour reconstruire une gauche forte après les échecs répétés des présidentielles et pour donner au camp progressiste une réelle capacité à combattre les reculs sociaux, les dérives néolibérales et à faire naître une véritable alternative politique.

- L’unité est une question majeure pour la gauche et singulièrement pour ceux qui refusent les tentations d’alliance au centre ou l’affadissement de son projet de transformation sociale.

1)- L’unité de la gauche, pour une gauche offensive et décomplexée

L’exigence d’unité va de pair avec l’affirmation forte et sans complexe de l’identité contemporaine de la gauche. Cette identité ne doit pas être réduite à quelques généralités ou formules creuses. Elle suppose une vision critique du modèle capitaliste financier transnational dominant, la promotion d’une société laïque, émancipatrice pour chaque homme et chaque femme, le combat pour la liberté, l’égalité et la fraternité sur tous les champs de la vie sociale, l’affirmation d’un internationalisme solidaire et respectueux de la planète, alternatif à la mondialisation néo-libérale.

2)- Contre l’alliance au centre

Nous ne pouvons pas rester impassibles et impuissants face aux prises de positions répétées de responsables du PS en faveur d’accords avec le Modem. Hier, ce fut la confusion entre les deux tours des présidentielles, aujourd’hui c’est l’appel de certains pour les municipales. L’unité de la gauche est la seule alternative à ces dérives. Elle seule redonnera du sens au clivage gauche-droite et peut créer une nouvelle dynamique qui dépassera, le moment venu, les partis existants. Elle doit mobiliser la jeunesse mais aussi les hommes et les femmes de gauche engagés dans des clubs, associations, syndicats, qui ne se sentent pas utiles et reconnus dans les partis existants.

3)- Concilier gestion et contestation

L’ambition de la gauche doit être aussi d’assumer le pouvoir, de transformer la société par l’action gouvernementale, en veillant à solliciter le concours des citoyens. Les exigences de la gestion ne doivent en rien empêcher une perspective culturelle et politique plus vaste et plus radicale, car le combat de la gauche ne se limite pas à la gestion des affaires publiques !Son ambition doit être de retrouver le sens de ce que Jaurès appelait « l’évolution révolutionnaire »

4)- L’unité, condition de la victoire électorale et du changement social

La gauche n’est jamais arrivée au pouvoir que rassemblée. Ce fut le cas, avec le Front populaire en 1936, avec l’Union de la gauche en 1981 ou même avec la Gauche plurielle en 1997. A contrario, les divisions ont toujours été fatales à la gauche et les ouvertures au centre se sont soldées par des désastres électoraux et des renoncements inacceptables. L’unité ne peut se décréter au dernier moment, uniquement dans un accord électoral et moins encore compter sur l’automatique désistement au second tour, qui en est la version minimale.

5)- L’unité, pour mobiliser tout le peuple de gauche

Même si, sur le terrain électoral, le PS se porte mieux que les autres, il faut reconnaître que tous les partis de gauche et du monde écologiste vont mal. Bon nombre de militants et de citoyens sont désorientés. Au delà des partis, il y a la gauche syndicale, des associations ou des clubs qui ont souvent incarné une forme de militantisme dans les phases de crises et de refondation.

La gauche n’est pas seulement représentée par ses partis. C’est particulièrement net aujourd’hui lorsqu’on regarde leur nombre d’adhérents et surtout de militants, qui a considérablement diminué depuis 30 ans. Il y a donc des forces inemployées, des hommes et des femmes de gauche, qui ne voient pas l’intérêt de militer dans les partis ou se défient d’eux.

6)- Une dynamique à créer

Ce n’est pas parce que l’unité est difficile à réaliser qu’il faut y renoncer. Cela nécessitera, à l’évidence, de nombreuses étapes.

Toute l’histoire du mouvement socialiste et communiste montre qu’il a fallu que les militant(e)s de cette cause mènent bien des combats et un travail de conviction pour surmonter les tendances à la dispersion et aux querelles internes.

Gauche Avenir, dès son origine, a fait ce choix. Toutes les contributions, tous les échanges, toutes les réunions ont déjà montré une forte aspiration unitaire.

-> Actualiser les valeurs de gauche

Gauche Avenir, sans prétendre se transformer en un nouveau parti, veut être un acteur déterminant de cette dynamique, notamment en poursuivant son travail de fond. Donner un contenu clair à nos valeurs, jeter les bases d’un projet rassembleur et offensif : telle est l’ambition de Gauche Avenir.

Le partage des richesses doit être remis au cœur du projet de la gauche. Il faut réaffirmer que les politiques publiques doivent viser à améliorer la situation du salariat et non à tenter d’amadouer un capitalisme prédateur et destructeur de l’environnement ; que la socialisation des services publics essentiels est la condition sine qua non pour repenser des services modernes, efficaces et véritablement accessibles à tous. Plus que jamais, la démocratie et la république doivent s’imposer dans la sphère économique et sociale. Quant à l’écologie, elle devient une nouvelle frontière, qui impose une vision à long terme et « soutenable » du développement.

Dans les années 70, c’est la rédaction d’un programme commun qui a permis l’union, car à l’évidence il était impossible à l’époque de surmonter les divergences idéologiques.

Aujourd’hui, l’expérience gouvernementale et la réalité mondiale et culturelle nous imposent au contraire de redéfinir un cadre idéologique et, en tout cas, un corpus de valeurs et un projet politique et culturel. Comme tout est fait pour disqualifier l’idée d’alternative politique (pseudo-droitisation de la société française, acceptation sans nuance du capitalisme sous prétexte de modernisme, pseudo-dépassement du clivage droite-gauche, disparition supposée des classes sociales...), il s’agit bel et bien de redonner à celle-ci de la vigueur et de la crédibilité.

-> Une Charte de l’unité de la gauche.

La réflexion doit être commune et associer largement tous ceux qui souhaitent cette unité. Bien sûr, nous agissons dans nos partis, nos associations et nos syndicats respectifs dans cette direction. Mais nous pensons qu’il faut aller plus loin et préparer une Charte de l’unité de la gauche.

Il ne s’agit pas d’abandonner nos engagements, lorsque nous en avons, mais bien, comme ce fut souvent le cas dans l’histoire de la gauche et des républicains, de constituer un espace de rénovation et d’initiative susceptible ensuite de déclencher un mouvement général.

7)-Une « construction collective ».

« Fabrique » de la Charte pour l’unité de la gauche, Gauche Avenir veut être un lieu de convergence de tous les combats progressistes contemporains.

La situation actuelle exige de profonds changements et l’émergence d’un monde meilleur. Il est temps de surmonter les divisions sclérosantes d’aujourd’hui et de trouver dans les profondeurs de la gauche française les raisons d’espérer et les forces de l’action.

Cette « construction collective » est une tâche exaltante et réalisable.


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