Législatives 2022 : EELV évoque « un accord en vue » avec La France insoumise , les négociations avec le PS suspendues puis reprises

lundi 2 mai 2022.
 

La gauche plurielle des années Jospin est-elle sur le point de ressusciter sous la bannière de La France insoumise (LFI) ? Dans une lettre de quatre pages communiquée vendredi 29 avril, le Parti socialiste (PS) a annoncé qu’il souscrivait aux propositions de LFI en vue d’un accord pour les élections législatives, avant finalement de suspendre les négociations à la mi-journée.

Alors que le parti fondé par Jean-Luc Mélenchon a « mis douze marqueurs en discussion en vue de parvenir à un accord », le PS précise sa position sur chacune d’entre elles. Le parti dirigé par Olivier Faure se dit notamment d’accord pour l’augmentation du smic à 1 400 euros net, le départ à la retraite à 60 ans, l’abrogation de la réforme de l’assurance-chômage, le rétablissement de l’impôt sur la fortune et le passage à une VIe République.

Un changement de position majeur sur l’Europe pour le PS

Sur le sujet de l’Europe, LFI avait annoncé que la désobéissance aux « règles européennes incompatibles avec [ses] propositions » devrait faire partie de l’accord. Dans son communiqué, le PS adopte ce positionnement, tout en avertissant : « La mise en œuvre du programme que nous construisons conduira nécessairement à des tensions, à constater des contradictions et à ne pas respecter certaines règles. »

Cet infléchissement majeur du PS avait été critiqué par François Hollande, jeudi, au micro de Franceinfo. « Si les programmes sont faits pour être appliqués, (…) ça voudrait dire que le prochain gouvernement serait amené à (…) désobéir aux traités européens ? », s’était-il interrogé. L’ancien chef de l’Etat avait alors dit souhaiter « que cet accord soit revu ou repoussé, de manière que le Parti socialiste puisse, avec ses partenaires écologistes et communistes, envisager une autre union ».

Les discussions avaient repris dans la matinée au siège de LFI après la diffusion de ce communiqué. A sa sortie, à la mi-journée, le négociateur du PS Pierre Jouvet a déclaré : « A ce stade, nous avons encore un certain nombre de désaccords. Nous allons encore en parler dans la journée ». Cependant, peu après, la délégation a gelé les discussions, intimant à LFI de « rompre avec toute logique hégémonique et [d’]accepter la pluralité ».

« Notre volonté de parvenir à un accord historique de toute la gauche et des écologistes reste intacte, a ensuite confié Pierre Jouvet au Monde. Mais, à ce stade, il y a des désaccords. Pour réussir le rassemblement de tous, il faut savoir entraîner l’ensemble des forces politiques et créer les conditions de l’addition. Pour gagner, il faut agréger les apports et les forces réelles de chacun. Sinon ça ne peut pas fonctionner. » Pierre Jouvet restait à la fois optimiste et prudent : « Chacun doit prendre en considération la nature historique de ce qui peut se produire ou la déception immense que ça peut engendrer. Il faut que chacun prenne ses responsabilités. »

Les divisions éclatent au sein du PS

Le PS prévient, en tout cas, qu’un accord entre les partis de gauche « n’a pas vocation à faire disparaître l’identité et l’histoire politiques des uns et des autres ». Et de conclure : « C’est pourquoi nous proposons également que le débat sur ce programme partagé soit accompagné d’une discussion sur un mode de fonctionnement permettant de concilier efficacité et pluralisme, solidarité et diversité. »

Ce communiqué provoque déjà des remous au sein du parti socialiste. L’opposition interne à Olivier Faure, premier secrétaire du PS, s’est aussi montrée hostile à l’accord électoral en cours de discussion. Debout les socialistes, le nom du courant minoritaire, met en garde : « Olivier Faure doit respecter les statuts du PS, prévient Patrick Mennucci au Monde. Avant de signer quoi que ce soit avec un parti tiers, il doit soumettre la conclusion d’un accord national avec LFI à la convention nationale du PS, composée de toutes les fédérations, selon l’article 5.1.1. des statuts. » Dans le cas contraire, les tribunaux administratifs pourraient être saisis.

De son côté, Anne Hidalgo, la maire de Paris, envisage de s’allier avec les communistes et les écologistes, en présentant dans la capitale des candidats communs face à LFI. Farouche opposante à la ligne de La France insoumise et de Jean-Luc Mélenchon, la présidente socialiste du conseil régional d’Occitanie, Carole Delga, a cité Pierre Mendès France, vendredi matin sur Twitter pour critiquer l’annonce du PS en vue d’un accord avec LFI pour les législatives. « La morale en politique interdit que stratégie et convictions divergent, fût-ce pour des motifs d’opportunité transitoire. C’est ce que j’appelle la vérité », a-t-elle cité.

Dans une tribune, huit maires socialistes de grandes villes, dont Johanna Rolland à Nantes et Nathalie Appéré à Rennes, ont fait part de leur soutien au rassemblement, mais en réaffirmant leur« attachement profond à l’idée et à la construction européennes ».

En déplacement dans les Hautes-Pyrénées, Emmanuel Macron a ironisé sur ce rapprochement entre LFI et PS :« La question pour ou contre l’Europe ce n’est pas rien. La carpe ce n’est pas le lapin ».

Europe Ecologie-Les Verts proche d’un accord avec La France insoumise

De son côté, le parti écologiste, lui aussi déçu par son score au premier tour de l’élection présidentielle (4,63 %), a annoncé, vendredi matin, être proche d’un accord avec les « insoumis », avant une nouvelle entrevue prévue dans l’après-midi. « L’accord est en vue », a annoncé, sur France 2, Julien Bayou, le secrétaire général du parti, qui a « bon espoir que ces négociations aboutissent dans les heures qui viennent ».

Après une pause, sa délégation est revenue en fin d’après-midi. M. Bayou a évoqué des avancées sur l’Europe. « C’était très constructif », a-t-il dit, jugeant « important de pouvoir réorienter l’Europe, mais certainement pas en sortir ». Sur la répartition des circonscriptions, « on commence à travailler sur comment mettre la meilleure personne au meilleur endroit ».

« La fumée n’est pas encore sortie de la cheminée mais visiblement c’est sur le point d’aboutir », a déclaré l’économiste Sandrine Rousseau sur Franceinfo, vendredi soir.

M. Bayou a dit souhaiter, si l’accord est conclu d’ici là, que LFI et Europe Ecologie-Les Verts (EELV) défilent « sous la même bannière – “Union populaire et écologiste” , par exemple –, lors des manifestations du 1er-Mai. Ce serait un signal pour lancer le troisième tour de la présidentielle ».

Alors que des désaccords semblaient apparaître ces derniers jours, notamment sur la question de la désobéissance européenne, chère à LFI, M. Bayou estime que « la plate-forme commune doit porter sur l’essentiel : les salaires, les pensions, le climat, l’autonomie de la jeunesse… La politique étrangère relève plutôt du président de la République ». Alors qu’EELV souhaite avant tout « avoir un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale », M. Bayou ambitionne même d’« arracher une majorité alternative » à Emmanuel Macron.

Service politique


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message