A propos du gouvernement Macron-Borne

samedi 4 juin 2022.
 

13 hommes et 14 femmes, la parité est res­pec­tée. Voilà la pre­mière indi­ca­tion donnée sur le perron de l’Élysée, comme « capi­tale ». De quoi s’ins­crire dans l’air du temps et satis­faire cer­tai­nes « fémi­nis­tes »… Mais la com­po­si­tion de ce gou­ver­ne­ment illus­tre, malgré la volonté clien­té­liste d’Emmanuel Macron, que le sexe importe peu. Seules la poli­ti­que et l’orien­ta­tion comp­tent.

Le choix d’Élisabeth Borne comme Premier minis­tre avait déjà annoncé la cou­leur. Du déman­tè­le­ment de la SNCF aux lois tra­vail en pas­sant par l’assu­rance chô­mage, ou encore pôle emploi, ou la pri­va­ti­sa­tion d’entre­pri­ses publi­ques, elle avait fait ses preu­ves.

Avec elle, aux postes clés, la conti­nuité en pire est affi­chée.

Alexis Kohler, le « pré­si­dent bis », demeure bien sûr secré­taire géné­ral de l’Élysée.

Gérald Darmanin demeure au minis­tère de l’Intérieur et donc garde les leviers de la répres­sion.

Bruno Le Maire reste à l’économie, finan­ces et numé­ri­que. Et

Eric Dupond-Moretti conserve les clés de la jus­tice.

Pour les ques­tions euro­péen­nes, Emmanuel Macron, par­ti­san de cette absur­dité de « sou­ve­rai­neté euro­péenne », compte bien garder la main, par delà l’ancienne chi­ra­quienne Catherine Colonna, qui se retrouve au Quai d’Orsay, et le nou­veau minis­tre délé­gué chargé de l’Europe, Clément Beaune.

Mais il faut tenter de donner le change. Car le rance ne peut géné­rer une cui­sine nou­velle aux saveurs allé­chan­tes. Donc cer­tains chan­gent d’adresse. Et il y a les nou­veaux… Peu importe leur nom, nul ne les connaît et c’est là leur atout. L’inté­rêt majeur qu’ils repré­sen­tent pour l’Élysée consiste à lais­ser penser à un renou­vel­le­ment grâce à l’ano­ny­mat qu’ils incar­nent…

Enfin, Pap Ndiaye, spé­cia­liste de l’his­toire amé­ri­caine – en par­ti­cu­lier de la popu­la­tion noire aux États-Unis – et qui diri­geait jusqu’alors le Musée de l’Histoire de l’Immigration, pren­dra la suite de Jean-Michel Blanquer à l’éducation natio­nale.

Il pré­sente un triple avan­tage aux yeux de Macron.

D’abord incar­ner une diver­sité qui se veut « moderne », par delà les valeurs natio­na­les, pro­ches du wokisme amé­ri­cain qui a débar­qué des États-Unis dans l’Hexagone. Ce sont des théo­ries que ne renie pas le nou­veau minis­tre de l’Éducation natio­nale, tout en se récla­mant d’ailleurs d’un « uni­ver­sa­lisme » qui lui permet de jouer à sa façon le en même temps d’Emmanuel Macron.

Ensuite, faire un pied de nez à Jean Luc Mélenchon et à la FI en venant les concur­ren­cer direc­te­ment. Les insou­mis ont d’ailleurs salué par l’inter­mé­diaire de leur chef cette nomi­na­tion qui vise une clien­tèle convoi­tée, d’autant que Pap Ndiaye s’est placé sur leur ter­rain, consi­dé­rant que le « le terme d’islamo gau­chisme ne dési­gne aucune réa­lité ». Danièle Obono, Éric Coquerel et Clémentine Autain, jusqu’à Jean Luc Mélenchon lui-même, ne pou­vaient en espé­rer tant.

Enfin cris­tal­li­ser le débat pour mieux per­met­tre à la va-vite de mettre en place la poli­ti­que annon­cée par Macron afin de para­che­ver les cinq années écoulées. La pro­vo­ca­tion qui consiste à nommer une néo­li­bé­rale affi­chée à Matignon et un com­mu­nau­ta­riste, à ses heures, à l’éducation natio­nale, doit déblayer le ter­rain à toutes les mesu­res macro­nien­nes res­tées en sus­pens, en tête des­quel­les se trouve la « réforme » des retrai­tes.

Ce gou­ver­ne­ment annoncé à la veille des élections légis­la­ti­ves illus­tre la fai­blesse du pou­voir. Emmanuel Macron semble avoir raclé les fonds de tiroirs. Il ne man­quait que Valls à l’appel. Si la force du pou­voir réside dans la fai­blesse de ce qui pré­tend incar­ner l’oppo­si­tion, sa fra­gi­lité rend bien aléa­toi­res ses capa­ci­tés à jouer son rôle dans la lutte des clas­ses, à mettre en œuvre les mesu­res atten­dues par le capi­tal finan­cier, dans la crise qui s’annonce, et pour les­quel­les Macron a rem­pilé.

Jacques Cotta


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