Les priorités écologiques de la NUPES

mardi 21 juin 2022.
 

par Christian Bélinguier

L’écologie constitue le deuxième chapitre du programme de la NUPES, après le « progrès social ». Si la gauche unie l’emporte aux législatives, l’heure sera donc à la hausse des salaires, mais aussi à la planification écologique. Comme l’ont affirmé à leur manière les Gilets jaunes et les participants des marches pour le climat, fin du monde et fin du mois ne s’opposent pas ; elles se conjoignent.

Le 5 mai dernier, la France avait consommé l’ensemble des ressources que la Terre peut lui fournir en un an. Ce « jour du dépassement » n’est jamais arrivé aussi tôt. Dans le même temps, on apprenait que la sixième limite planétaire venait d’être franchie, quelques mois seulement après la précédente dépassée en janvier. C’est celle de « l’eau verte », 60 % de l’eau douce disponible sur Terre qui est stockée dans le sol et dans la biomasse (faune et flore). Or cette eau, à distinguer de celle des lacs, rivières et nappes souterraines, est essentielle à la dynamique du géosystème. Plus elle se résorbe, plus les terres deviennent arides.

Des constats au dépôt de bilan

On apprenait également par le dernier rapport du GIEC que les émissions globales de gaz à effet de serre (GES) doivent atteindre leur pic avant 2025 pour que nous puissions nous conformer à une trajectoire pouvant limiter le réchauffement climatique à + 1,5° C. L’ONU, de son côté, a annoncé le 9 mai quelle estimait à 50 % le risque que le réchauffement climatique dépasse temporairement le seuil des 1,5° dans les cinq prochaines années.

Ces jours-ci, on parle de sécheresse précoce, de difficultés avec les nappes phréatiques, d’impact de la chaleur sur la production d’énergie, notamment avec les problèmes de refroidissement des réacteurs nucléaires qui vont se poser, imposant un ralentissement voire un arrêt de certaines centrales.

Pendant ce temps, le bilan d’Emmanuel Macron et de nos gouvernants actuels sur ces questions est déplorable. « La transition écologique n’est pas amorcée en France », a dit tout récemment le président de l’Autorité environnementale. Le collège d’experts indépendants estime que la plupart des projets d’aménagement et programmes publics examinés en 2021 ne prennent pas en compte l’impact sur le climat ou la biodiversité.

Les législatives, un enjeu majeur pour des changements urgents

C’est dans ce contexte que se déroule l’échéance électorale législative.

Les réponses politiques à l’urgence écologique doivent y occuper une place centrale, fortement articulées avec les réponses aux urgences sociales. Car oui, l’écologie est aujourd’hui une composante cruciale de tout programme de transformation de société qui se veut en prise avec les réalités et les besoins.

Les partenaires impliqués dans la NUPES ont adopté un certain nombre de principes tels que l’inscription dans la Constitution du concept de « République écologique » et de la règle verte qui veut que l’on ne prélève pas sur la nature plus de ressources renouvelables qu’elle ne peut reconstituer, la planification écologique citoyenne, la baisse de 65 % des émissions de GES d’ici 2030, la rénovation thermique massive des logements, la sortie progressive du nucléaire avec reconversion des travailleurs concernés, l’ISF climatique, la gratuité des quantités d’eau et d’électricité indispensables à une vie digne, ou encore un vélo neuf pour tous les jeunes !

Ces principes devront pour partie être traduits en mesures concrètes, planifiées et à mettre en œuvre de manière prioritaire pour certaines. C’est le cas pour la question centrale de l’eau.

L’eau et l’agriculture, deux priorités articulées

En France, d’après le ministère de l’Écologie, 80 % de l’eau douce accessible sont utilisés à des fins agricoles. Aujourd’hui, la sécheresse touche déjà 15 départements. Et déjà les demandes d’aides pour faire face au changement climatique se multiplient… sans que l’on remette en cause le modèle agricole actuel sur-consommateur d’eau. Quelle cohérence ?

Il est urgent de restructurer notre agriculture, vers un modèle agro-écologique plus économe, de mieux adapter les productions aux territoires, de limiter la taille des élevages, de modifier également notre alimentation pour limiter notre consommation de viande et aller vers la qualité. Il faut accompagner les agriculteurs dans cette transition, aider des jeunes à s’installer, pour une agriculture beaucoup moins polluante et plus résiliente face au changement climatique, notamment en réorientant les aides de la PAC. Il faut également accompagner les consommateurs à travers les mesures liées au pouvoir d’achat.

La gratuité des premiers mètres cubes d’eau, essentiels à la vie, et la taxation au-delà doivent également s’appliquer rapidement.

L’énergie et les GES au cœur des préoccupations

Un autre domaine, celui de l’énergie, a pris une nouvelle dimension avec la guerre en Ukraine. Sil était déjà indispensable de sortir de notre dépendance aux énergies fossiles, cela s’impose à plus court terme. Il faut donc aborder le problème sous toutes ses dimensions, celle du mix énergétique bien sûr, en développant de manière accélérée les renouvelables, du solaire à l’éolien en mer, en passant par la géothermie, les marées… et toutes les solutions que la recherche nous ouvre.

Mais aussi et surtout celle de la sobriété énergétique. Nous ne pourrons pas produire toujours plus d’énergie, ni assez dans l’immédiat avec les sources d’énergie renouvelables, même en nous appuyant sur le nucléaire dans les premiers temps. Notre modèle de développement productiviste fondé sur la croissance de la consommation à tout prix est directement en cause.

Il faut affronter la question des besoins essentiels à définir démocratiquement et, en même temps, celle de la justice climatique. La gratuité des premiers kwh et la taxation au-delà doit s’appliquer. Il faut également lancer sans tarder le grand chantier de la rénovation thermique des bâtiments, qui doit en même temps favoriser la diminution de consommation d’énergie, et participer de l’adaptation de nos villes au réchauffement. La conception même de nos villes doit être refondée, en repensant radicalement les rapports entre urbanisation et place de la nature. C’est aussi un enjeu de santé publique majeur.

Il faut enfin mieux adapter le réseau de transports publics et de mobilités durables à la diversité de nos territoires, mieux articuler les modes de transports entre eux pour que les populations des périphéries et des zones rurales ne se trouvent pas sans solution autre que la voiture thermique, restaurer des lignes ferroviaires, développer le ferroutage, localiser des petites unités industrielles… et mettre en place rapidement l’ISF climatique !

Au total, il s’agit bien de la nécessité dune ambition politique inédite, appuyée sur une mobilisation collective sans précédent autour de ces enjeux, pour une justice climatique, parce qu’il y va tout simplement de la possibilité de vivre ensemble dans de bonnes conditions sur notre planète. La NUPES doit être l’instrument pour cela !


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