EADS : L’ére des pourris Délit d’initiés et vols en série du grand patronat ? (réaction de Jean Luc Mélenchon, Force Ouvrière, L’Humanité, G Filoche)

dimanche 16 mars 2014.
 

Jean Luc Mélenchon : L’ère des pourris

EADS, davantage qu’un scandale, un signal. Telle est aujourd’hui la mentalité des dominants. Je suis sûr qu’ils ne voient même pas où est le problème. Ils ont défendu leur fric (pardon « la valeur »), et alors ?

Les mots industrie nationale, performance technique des salariés, devoir à l’égard de la collectivité, tout cela ce sont des mots pour les gogos. Ca ne se traduit pas en anglais. Eux parlent et pensent en anglais. Je veux dire dans la langue des affaires. Vous avez vu cent fois leurs faces de pierre dans le numéro des larmes grandiloquentes sur le « retard de notre pays », les privilèges des corporatismes, leurs exigences de « souplesse pour nos entreprises » et aussi leur fameux « il faut d’abord produire les richesses avant de les répartir ».

En fait ce sont juste des voyous. Patrons incapables, parasites de l’Etat qui tueraient père et mère pour un cours de bourse ou un paquet de stock option, bradeurs de l’industrie du pays.

Juste des voyous. Tels sont les dominants à l’âge du capital financier de notre temps. Et le ministre qui leur dit « oui, allez y les gars, ramassez vos billes, je vous y autorise : après nous le déluge ! »

C’était gratuit comme conseil et autorisation ? Et le fonctionnaire qui dit « vendons les parts de l’Etat pour bénéficier du bon cours de bourse », comment a-t-il pu dégénérer jusqu’au point d’avoir perdu tout sens de l’Etat et occuper une si haute fonction ?

Et qui va nous dire à présent pourquoi c’est Lagardère à qui l’Etat avait confié sa représentation dans le conseil d’administration de l’entreprise si on le savait à ce point attaché à ses seuls intérêts. Et s’il a trahi son mandat, quel compte l’Etat va-t-il lui demander ?

Ca finira mal. Ces choses là, on les sent. Si les élites en sont là, alors oui tout est possible et légitime en matière d’égoïsme, pour tout le monde. Le monde du travail est si patient ! Mais cette patience là aussi finira par avoir son terme. Je l’espère tant. C’est la seule façon d’arrêter cette affreuse comédie néo libérale qui pille le pays, ruine ses acquis, trahit ses intérêts.

Hier avait lieu au Sénat le « débat » après communication du ministre, sur la fin des régimes spéciaux de retraite. Le ministre parle, le rapporteur parle, le président de la commission parle, le premier orateur de droite parle. Tous de droite. Tous d’accord et s’en réjouissant bruyamment. Au bout d’une heure et demie de ce « débat » parle le premier orateur de gauche. Une heure et demie ! Et voila le meilleur, si j’ose dire. Pendant trois quarts d’heure, tandis que défilent à la tribune les orateurs, combien y a- t- il de sénateurs de droite en séance ? Combien ? Aucun. Tous simplement pas un, aucun, zéro. Voila le pays de monsieur Sarkozy.

Force Ouvrière : DÉLITS D’INITIÉS À TOUS LES ÉTAGES ?

Dirigeants et d’actionnaires de la maison-mère d’Airbus sont soupçonnés d’avoir cédé en masse leurs titres avant que l’action du groupe ne dévisse en bourse. L’Etat semble avoir au minimum laissé faire. De quoi scandaliser les salariés de l’avionneur.

Le Premier ministre a fini par réagir l’affaire de présomption de délit d’initiés à EADS. « Les faits qui sont reprochés à certains dirigeants d’EADS sont très graves », a déclaré hier François Fillon, pour qui il faut attendre « les conclusions de la justice avant de commenter la culpabilité de tel ou tel autre » dans cette affaire « privée ». Pour lui, « il va de soi que l’Etat ne s’est prêté en aucune façon à une manœuvre supposée, dont l’enquête prouvera ou non l’existence, sur la liquidation d’actions par des porteurs privés ». C’est peu dire que le gouvernement semble embarrassé par une affaire, ou plutôt un scandale, qui pourrait éclabousser l’Etat, un actionnaire de référence de la maison mère d’Airbus (15%).

Selon une « note d’étape » transmise en septembre au parquet de Paris par l’Autorité des marchés financiers (AMF), dont les grande lignes ont été révélées mercredi par Le Figaro, direction et actionnaires du groupe EADS se sont rendus coupables de « délits d’initiés massifs ». En droit des affaires, le délit se caractérise par l’utilisation d’une information précise encore confidentielle, relative aux perspectives ou à la situation d’une société cotée, susceptible d’influer sur le cours et recueillie par un dirigeant, un banquier, un actionnaire, un fonctionnaire, etc. Dans le cas d’EADS, les « initiés » présumés sont soupçonnés d’avoir vendu des actions, alors au plus haut, avant que les difficultés d’Airbus, avec l’A380, ne soient rendues publiques et n’entraînent une chute des cours de 26% en une seule séance sur le marché (mi-juin 2006).

Près de 1.200 hauts-cadres, dirigeants et actionnaires privé du groupe aéronautique européen ont cédé ainsi plus de 10 millions de titres EADS afin d’empocher près de 90 millions d’euros de plus-values. « Dans un souci de rapidité, l’autorité de marché a décidé de se concentrer sur les seuls hauts dirigeants d’EADS et d’Airbus et les actionnaires du premier, soit 21 personnes », toutes membres des différents comités exécutifs du groupe, indique le Figaro. Au sommet de la pyramide, on trouve Arnaud Lagardère et Manfred Bischoff patrons des groupes Lagardère et DaimlerChrysler, premiers actionnaires d’EADS. Ils se sont séparés chacun de 7,5% du capital le 4 avril 2006 en choisissant la « vente à terme, c’est-à-dire réalisée en 2007 (...) mais sur la base des cours de 2006 », rappelle Le Figaro. Viennent ensuite Noël Forgeard, alors co-président d’EADS, (4,1 millions de plus-value encaissés entre novembre 2005 et mars 2006, via la cession d’un paquet de stock-options) et Tom Enders, l’autre co-président exécutif allemand d’EADS (environ 712.000 euros de plus-value sur des stock-options cédées en novembre 2005).

Et l’Etat dans tout ça ? Il a forcément eu vent des difficultés d’Airbus, à l’origine de ces agissements potentiellement frauduleux. Un compte rendu d’une réunion le 2 décembre 2005 entre les dirigeants d’EADS et l’Agence des participations de l’Etat (un service de Bercy) est là-dessus sans ambiguité. Selon ce document, saisi depuis par l’AMF, « EADS allait traverser une zone de turbulences et qu’en conséquence, il était opportun pour l’Etat de profiter de la valorisation du titre de l’époque qui n’intégrait que les nouvelles positives de l’exercice écoulé et de proposer au ministre (Thierry Breton) une cession partielle de la participation de l’Etat ». En clair, l’Etat avait tout intérêt à retirer au plus vite ses billes d’EADS.

Certes, l’Etat n’a pas vendu de titres pour réaliser une plus-value mais, soupçonne sans le dire le gendarme de la Bourse, il a laissé faire, voire cautionné les opérations de l’état-major d’EADS. Il a laissé faire parce qu’il était au courant que le groupe allait avoir des problèmes et que les détenteurs d’actions pouvaient en profiter pour faire une culbute financière. Il a peut-être même cautionné certaines opérations puisque la Caisse des dépôts, institution publique, s’est engagée le 10 avril 2006 à acquérir au prix fort 2,25% du capital d’EADS parmi les 7,5% mis en vente par le groupe Lagardère. « L’Etat n’avait ni à autoriser ni à empêcher la vente d’actions d’autres actionnaires, qui étaient totalement libres de leur stratégie (...) L’Etat a eu un comportement irréprochable », a affirmé, sans convaincre, le ministre de l’Economie de l’époque Thierry Breton alors qu’il aurait donné son feu vert à la vente des titres de Lagardère.

De quoi écœurer les salariés d’Airbus et les syndicats. « Des erreurs de stratégie industrielle, des délits d’initiés, un gouvernement à l’époque au courant du dossier, ça fait beaucoup ! », s’est indigné hier Jean-Claude Mailly (FO) pour qui « ce sont les salariés d’Airbus et des sous-traitants », sous le coup d’un plan de suppression de 10.000 emplois, qui trinquent dans cette affaire ». Quand la malhonnêteté s’ajoute à l’incompétence, ce n’est plus une affaire « privée », c’est un scandale majeur.

L’Humanite : EADS : Du délit d’initiés à l’affaire d’État ?

Un document de l’Autorité des marchés financiers mettrait en cause Lagardère et les anciens dirigeants du groupe aéronautique. Ils auraient cédé des actions en masse de façon étrange ». L’État est soupçonné d’avoir couvert ces opérations boursières juteuses.

L’Autorité des marchés financiers (AMF) a confirmé mercredi avoir transmis au parquet de Paris une note d’étape sur de possibles délits d’initiés au sein du groupe EADS, confirmant les révélations publiées hier par le Figaro. Le gendarme de la Bourse n’a pas, par contre, levé le voile sur le contenu de ce document. Selon le quotidien, propriété du groupe Dassault, il serait « accablant pour les groupes Lagardère, DaimlerChrysler (...) et pour les principaux dirigeants » du groupe aéronautique européen et de sa filiale Airbus.

1 200 personnes impliquées

Ces protagonistes seraient au coeur d’une gigantesque affaire de délit d’initiés portant sur « près de 90 millions d’euros de plus-values » et impliquant « près de 1 200 » personnes. Cependant, l’AMF aurait décidé de concentrer ses investigations sur les seuls dirigeants d’EADS et Airbus et sur les actionnaires du - premier. Une vingtaine de personnes seraient ainsi concernées.

Selon l’AMF, les difficultés rencontrées par Airbus ont été évoquées en conseil d’administration d’EADS dès le mois de juin 2005, soit un an avant que l’alerte sur la situation d’EADS et d’Airbus soit donnée, le 13 juin 2006. Dans la foulée de cette réunion, le conseil d’administration a procédé au lancement d’un plan de réduction des coûts du constructeur. Ces informations renforcent les soupçons de délits d’initiés déjà nourris par « le caractère concomitant et massif » des ventes d’actions effectuées par les principaux dirigeants ou actionnaires entre le 9 et le 29 novembre 2005 et entre les 8 et 24 mars 2006. L’AMF, qui note que 14 des 21 membres du comité exécutif d’EADS et Airbus n’avaient jamais vendu d’actions avant novembre 2005, voit là une preuve de « l’absence de confiance dans la poursuite de la progression du cours ». Selon le Figaro, la note d’étape de l’AMF relèverait également « la façon étrange » dont les groupes Lagardère et DaimlerChrysler ont cédé chacun 7,5 % du capital d’EADS le 4 avril 2006. Par le biais d’une procédure dite de « vente à terme », la cession de leurs actions sur la base des cours de 2006 n’aurait été réalisée qu’en 2007 pour bénéficier des mesures fiscales plus favorables.

Le document transmis à la justice révélerait également qu’EADS aurait demandé en octobre 2005 à Airbus de répartir les surcoûts générés par les retards dans la fabrication de l’A380 sur les exercices des années 2005, 2006 et 2007. Cette petite manoeuvre ayant l’avantage de rendre les comptes plus présentables.

Plus grave encore, le délit économique semble en passe de devenir une affaire d’État. En effet, la note d’étape de l’Autorité des marchés financiers mettrait en cause implicitement le rôle du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin dans cette affaire. Si, comme l’affirme le ministre de l’Économie et des Finances de l’époque, Thierry Breton, - l’É- tat actionnaire n’a pas vendu d’actions, comme l’y invitait une note de l’Agence des participations de l’État datant du 2 décembre 2005, et donc ne s’est pas rendu directement coupable de délit d’initié, son rôle dans la cession de 7,5 % du capital d’EADS par le groupe Lagardère suscite plus de questions.

Lagardère dément et ira en justice

Le groupe Lagardère, dont les parts au sein du groupe aéronautique européen sont portées par la même société que celles de l’État, pouvait-il se séparer de ses titres sans en informer le gouvernement et Thierry Breton, et sans le feu vert de ce dernier ? Interrogée hier sur ce point par le député socialiste des Landes, Henri Emmanuelli, lors de la séance des questions au gouvernement, l’actuelle occupante de Bercy, Christine Lagarde, n’a pas daigné répondre. Quant au groupe Lagardère, il a dénoncé « des accusations infondées » et a annoncé qu’il allait intenter une action en justice pour obtenir « réparation » après la diffusion par le Figaro de la note d’étape de l’AMF.

Pierre-Henri Lab

4) Délit d’initiés et vols en série du grand patronat ? (par Gérard Filoche)

Voilà qu’il n’y aurait plus seulement Jean-Noël Forgeard mais tous les complices du coulage d’EADS seraient sur la sellette, selon l’AMF, 28 actionnaires dont Arnaud Lagardère, seraient responsables de connivence pour avoir vendu leurs actions en anticipant ainsi le 14 juin 2006 jour où EADS a vu ses actions en chute libre...

Ces gens qui osent ainsi mettre des dizaines de milliers de salariés sur la paille... donnent des leçons de morale à tout le monde...

Ainsi M. Gauthier-Sauvagnac, dirigeant de l’UIMM et du Medef, qui, sur toutes les tribunes, depuis des années, prône la fin du Smic, la fin des 35 h, la fin du Code du travail, la fin de la protection sociale collective, l’obligation de travailler plus, est accusé d’avoir pris 6 à 7 millions d’euro depuis l’an 2000 dans la caisse de sa propre organisation patronale...

Et c’est à gens-là que Sarkozy justifie de faire 15 milliards de cadeaux fiscaux sous prétexte qu’ils seraient capables de relancer l’économie ?

Ces gens-là sont indignes, indignes : quand on pense à la façon dont la justice aujourd’hui applique des peines planchers à des jeunes délinquants de banlieue, et quand on mesure que ces ‘initiés” et voleurs membres du CAC 40 ne sont même pas mis immédiatement en détention préventive, ne serait-ce que pour les empêcher de se concerter encore et de détruire les preuves qui les accusent..

Pendant ce temps-là, le pouvoir actuel ose s’en prendre aux légitimes régimes de retraite pour des métiers difficiles et pénibles... Et la Cour des comptes a récemment dénoncé le fait que les parachutes dorés et stocks option fasse perdre 3 milliard d’euro à la Sécurité sociale sans qu’aucune suite ne soit donnée à une telle révélation par l’activiste de l’Elysée...


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