15 mai 1969 : « Jeudi sanglant » à Berkeley

dimanche 17 juillet 2022.
 

Les Etats-Unis des années 1960 sont en bouleversements : changements culturels importants, consommation de masse mais également émergence d’une contre-culture hippie. C’est une décennie de contestation, à travers notamment des manifestations contre la guerre du Vietnam ou pour les droits civiques. Les universités sont le lieu de contestation et de manifestation par excellence, à l’image des manifestations de l’université de Columbia en 1968. La ville de Berkeley est l’un des centres de ses changements. En 1964, la ville accueille une grande manifestation antiguerre. Cependant, le motif de la manifestation du 15 mai 1969 à Berkeley ne vient pas de la guerre au Vietnam, mais d’un conflit autour d’un parc.

Le « People’s Park » (Parc du peuple) appartient à l’université et était destiné à accueillir des logements étudiants et des terrains de sport. Pour des raisons financières le chantier est abandonné. En avril 1969, résidents, commerçants, voisins, étudiants se réunissent pour discuter du futur du site. La zone est transformée en parc grâce à un travail collectif, des dons financiers et matériels (arbres, arbustes).

L’université décide cependant de clôturer le parc et entamer les travaux. Le gouverneur de Californie, Ronald Reagan s’oppose particulièrement à ce parc qu’il considère comme une provocation. Le 15 mai, quelque 3000 personnes sont réunies pour discuter du conflit israélo-palestinien quand la police intervient. La foule grossit au fur et à mesure de la journée. L’intervention de la police déclenche des affrontements. En plus des grenades lacrymogènes et des matraques, la police use de chevrotines pour disperser la foule pendant que Ronald Reagan déclare l’état d’urgence dans la ville et achemine 2700 gardes nationaux en renfort. En plus des blessures occasionnées, un étudiant est tué : James Rector.

Suite à cette répression, une cérémonie commémorative est organisée. Des enseignants montrent leur solidarité en refusant d’enseigner. La situation reste tendue pendant plusieurs jours, au point que la Garde nationale pulvérise du gaz lacrymogène au-dessus du campus le 20 mai lequel touche les écoles primaires aux alentours. Le 30 mai une manifestation pacifique de protestation réunit 30 000 personnes. Un an après les faits, le futur président Reagan continue de défendre sa politique de répression.

Le parc existe toujours même s’il a subi plusieurs aménagements parfois conflictuels. Bien que propriété de l’université de Californie, il demeure un parc ouvert à toutes et tous.

Paul Brice


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